Le contexte économique dans lequel la Bourse a évolué en 2017 s’est certes matérialisé in fine par une reprise de la croissance du PIB qui a doublé comparativement à 2016, mais il s’est aussi caractérisé par une inflation tenace qui s’est accélérée en 2017 et qui menace de maintenir sa pression en 2018. 2017 a été une année difficile pour les finances publiques avec une forte croissance (22%) des dépenses totales, plombées par les dépenses de fonctionnement, principalement en charges salariales. Au niveau des ressources, l’amélioration même remarquable de la collecte des impôts s’est accompagnée par une croissance de près de 50% des ressources d’emprunt. Ce qui accentue la dette publique qui a atteint 70% du PIB.
La croissance a été principalement tirée par l’accroissement de la valeur ajoutée des industries agroalimentaires, mécanique et électriques, même si les industries non manufacturières l’ont plutôt freinée en raison des troubles sociaux qui ont perturbé la production du pétrole et du gaz naturel. Quant au déficit courant, il a atteint 10% en 2017. Son ampleur a mis de la pression sur le marché de changes et a pesé sur le taux de change du Dinar ainsi que sur la liquidité bancaire. Contre vents et marées, mais portée par les prémices d’une reprise durable, l’activité boursière a clôturé l’année 2017 sur une note positive, et permis à la Bourse de Tunis d’enregistrer une bonne progression du Tunindex qui a atteint 14,45% en 2017 après avoir progressé de 8,86% en 2016.
Cette performance est naturellement liée aux anticipations positives sur les résultats des entreprises cotées qui ont amélioré leurs résultats semestriels de 12% et publié des indicateurs trimestriels qui le confirment. En 2017, le montant global des émissions effectuées par les sociétés cotées (actions + obligations) et autorisées par le Conseil du Marché Financier a atteint 946MD pour 45 opérations. Ce montant est réparti entre 17 emprunts obligataires qui ont porté au total sur 701MD, et 8 augmentations de capital pour 245MD. Parallèlement, la Cote de la Bourse a accueilli deux nouvelles entreprises, Sanimed sur le marché alternatif et les Ateliers Intérieurs du Meuble, portant le nombre d’entreprises cotées à 81.
1. L’indice Tunindex
L’indice Tunindex a enregistré en 2017 une hausse de 14,45% après une progression de 8,86% en 2016, pour clôturer à 6 281,83 points. Après une tendance haussière amorcée en janvier et culminée à son plus haut historique le 4 septembre à 6 382,25 points, le Tunindex termine le mois en repli de 2,6% pour se redresser durant les deux derniers mois de l’année. Au total, la balance des variations des cours fait ressortir 42 valeurs en hausses contre 39 baisses. En 2017, le taux de change du dinar s’est déprécié de 21% vis-à-vis de l’euro et de 6% vis-à-vis du dollar américain. En conséquence, estimé en Euro, le Tunindex a enregistré un recul de 5,41%. En revanche, estimé en dollar, il gagne 7,73%.
2. L’indice Tunindex20
Le Tunindex20, indicateur de mesure du rendement des vingt plus grandes capitalisations boursières les plus liquides sur le marché, a imité la tendance – mais de manière plus marquée – de l’indice Tunindex, avec une performance annuelle plus importante de 21,55% pour finir l’année à 2 822,58 points. Cette bonne prestation est attribuée à la progression d’une quinzaine de valeurs et aux fortes hausses des titres Magasin General (60,79%), One Tech Holding (60,00%), Poulina Group Holding (53,78%), BIAT (40,39%), Attijari Bank (40,20%) et SAH (38,86%).
3. Les indices sectoriels
Le bilan annuel des indices sectoriels publiés par la Bourse est positif, excepté pour l’indice du Secteur des Services aux Consommateurs qui a reculé de 3,91% par rapport à 2016.
Le repli de l’indice sectoriel « Service aux consommateurs » est attribué à la baisse de l’indice du sous-secteur « Distribution » de 2,83%.
En tête de liste des indices sectoriels en hausse, l’indice des Biens de Consommation s’attribue la meilleure performance avec une progression de 19,15% boosté notamment par l’indice des sous-secteurs « Automobile et Equipementiers » et l’Agro-alimentaire et boissons avec des gains respectifs de 33,72% et 20,02%. En deuxième position, l’indice des Sociétés Financières marque également une forte montée de 17,01%, alimentée par les fortes progressions de certaines valeurs bancaires (Attijari Bank, BIAT, BNA, BH et UIB).
4. Les nouvelles introductions
La cote de la Bourse s’est enrichie de deux sociétés : Sanimed et Ateliers du Meubles Intérieurs. Sanimed s’est introduite le 1 er mars 2017 au Marché Alternatif de la Cote à la suite à une augmentation de capital au moyen d’une Offre à Prix Ferme de 376 000 actions, d’un Placement Global de 1 880 000 actions et d’un Placement Privé de 1 504 000 actions, soit un total de 3 760 000 actions émises au prix unitaire de 4,560 dinars, représentant 30,32% du capital social après augmentation. La demande exprimée pour l’Offre à Prix Ferme a atteint 1,3 fois et l’opération a attiré 187 nouveaux actionnaires dont 16 investisseurs via le Placement Global et 2 investisseurs institutionnels via le Placement Privé.
Cette nouvelle introduction a porté le nombre d’entreprises sur le marché alternatif à 13. Quant à la société « Ateliers du Meuble Intérieurs », elle a réalisé sa première cotation sur le marché Principal le 23 mars 2017. Cette introduction a été réalisée au moyen de la cession de 304 205 actions anciennes par Offre publique à Prix Ferme (OPF), de 964 017 actions sous forme de Placement Global et 252 801 actions réservées à un Placement Privé ; soit un total de 1 268 222 actions, soit 36,1% du capital, au prix unitaire de 5,200 dinars. La demande exprimée pour l’OPF a représenté 1,6 fois l’offre de titres et attiré 688 investisseurs. Le Placement Global a attiré 9 investisseurs tandis que la Placement Privé a attiré 3 investisseurs institutionnels. Soit 701 nouveaux actionnaires au total. A l’issu de cette opération, le nombre total d’entreprises cotées au marché principal est passé à 68.
5. Evolution de la capitalisation boursière du marché
A la clôture de l’année 2017, la capitalisation boursière du marché a gagné 2 552 MD et enregistré une hausse de 13,22% pour s’établir à 21 852 MD contre 19 300 MD à la fin de l’année 2016 Cette forte progression est attribuée à l’accroissement de la valorisation des poids lourds de la Cote suite aux hausses des cours, principalement, et aux émissions d’actions nouvelles : Poulina Group Holding (+562MD), BIAT (+534MD), Attijari Bank (+356 MD), SFBT (+340 MD), One Tech Holding (+254 MD) et SAH (253 MD).
6. Evolution du volume des échanges
Le volume échangé sur la cote de la Bourse a atteint 2 408 MD contre 1 741 MD en 2016, soit une hausse de 38,3%. Le volume quotidien des échanges a ainsi augmenté en 2017 au niveau de 9,6 MD contre 6,9 MD en 2016. Les dix valeurs les plus actives sur la Cote ont accaparé un volume de 1 678 MD, représentant 69,7% du volume traité sur les titres de capital : Délice Holding (815MD), SFBT (178 MD), BIAT (175 MD), Carthage Cement (110 MD), Amen Bank (79 MD), SAH (79 MD), Euro-cycles (66 MD), Poulina Group Holding (64 MD), Sotipapier (58 MD) et Telnet (54 MD).
Par ailleurs, sur le marché Hors Cote, les capitaux échangés ont baissé de 19,2% à 64 MD contre 79 MD en 2016. Les opérations d’enregistrement et les déclarations ont porté sur un montant de 1 008 MD contre 909 MD pour l’année 2016, en progression également de 10,9%. Ainsi le volume global des échanges a enregistré en 2017 une hausse de 27,5% par rapport à l’année précédente pour atteindre 3 480 MD contre 2 729 MD.
7. La participation étrangère
En 2017, les acquisitions de titres cotés par les étrangers ont totalisé un montant de 192 MD contre des cessions de l’ordre de 346 MD, ce qui fait ressortir un flux net négatif de 154 MD. La capitalisation boursière détenue par les étrangers à fin décembre 2017 s’est accrue de 4 719 MD en 2016 à 5 094 MD, représentant 23,31%. Cette baisse est principalement due, d’une part, à la sortie de la Société Financière Internationale (bras financier de la Banque Mondiale) du capital d’Amen Bank par la cession de 9,998% du capital de la banque, et d’autre part, de la vente la banque italienne « Intesa » des 6% qu’elle détenait dans le capital de la Banque Internationale Arabe de Tunisie.