la Bourse de Tunis mise sur l’éducation et la législation
Les initiatives visant à stimuler l’expansion de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BMVT) et à encourager de nouvelles introductions commencent à porter leurs fruits, conformément aux objectifs de croissance annoncés en mars.
Fin 2016, la capitalisation boursière s’élevait à 19,3 milliards de dinars tunisiens (7,9 milliards d’euros), soit une hausse de 8,2 % en glissement annuel. En dépit de cette progression, la place boursière tunisienne continue d’être à la traîne derrière ses pairs. Elle ne participe au PIB du pays qu’à hauteur de 25 %, bien en deçà des 55 % affichés par la Bourse de Casablanca. Sa contribution à l’économie demeure également modeste à 9 %, contre une moyenne de 40 % pour les Bourses européennes.
Encourager les introductions en Bourse
Le marché boursier tunisien devra résolument gagner en dynamisme s’il souhaite atteindre les objectifs fixés par sa direction en mars. Lors de l’annonce, Bilel Sahnoun avait effectivement déclaré que la BMVT ambitionnait de tripler sa contribution à l’économie et de doubler le nombre de cotations en passant de 79 sociétés à la fin de l’année dernière à 200 d’ici à 2020.
Si les deux dernières années ont été relativement modérées, avec seulement trois nouvelles recrues, 2017 s’annonce sous de meilleurs auspices. Sept nouvelles sociétés devraient rejoindre la place boursière dans les mois à venir.
C’est déjà le cas de l’Atelier du Meuble Intérieurs, ainsi que de Sanimed, spécialiste d’articles de céramique et sanitaire qui portent ainsi le total à 81 sociétés. Les industriels Misfat et Mecatech devraient leur emboîter le pas prochainement.
Rallier le soutien des autorités
En vue d’augmenter le nombre de cotations sur son marché, la BVMT s’est également tournée vers les autorités pour les convaincre de privatiser partiellement certaines entreprises publiques.
Walid Saibi, directeur général de Tunisie Valeurs, en est convaincu : une telle évolution stimulerait la croissance de la place boursière et le volume de liquidités, ce qui permettrait donc d’attirer plus d’investisseurs étrangers.
« La Tunisie jouit déjà d’un solide appui politique international, mais le gouvernement pourrait capter plus d’investissements économiques durables en introduisant en Bourse des entreprises publiques, avait-il déclaré à OBG l’année dernière. Attirés par une offre et une demande fortes, les gestionnaires de fonds frontaliers commenceront à investir en Tunisie. »
La BVMT cible également les petites et moyennes entreprises par l’entremise d’Investia PME, programme visant à encourager les introductions en Bourse des PME en leur apportant notamment un appui tout au long du processus.
Une autre campagne cible, quant à elle, les entreprises familiales qui, selon B. Sahnoun, ignorent souvent les avantages d’une introduction en Bourse.
Tel qu’il l’a déclaré à OBG, s’il est important de sensibiliser les entreprises familiales, les mesures incitatives ont aussi toute leur place. « Le gouvernement devrait également offrir aux sociétés concernées davantage d’allègements fiscaux pendant les cinq premières années suivant une entrée en Bourse », avait-il expliqué.
Les actions menées par la BVMT font suite à une année particulièrement atone. Les valeurs échangées ont chuté à 2,8 milliards de dinars tunisiens (1,1 milliard d’euros), soit – 31 % en un an ; une tendance baissière qui s’est confirmée début 2017.
L’érosion actuelle des échanges est vue par les petits investisseurs avec circonspection, ces derniers représentant environ 40 % des investisseurs selon l’Association pour la défense des actionnaires minoritaires. À cela vient s’ajouter un climat des affaires morose.
Miser sur l’éducation et la législation
La BVMT a également lancé un jeu de simulation boursière virtuel appelé MyInvestia ainsi que l’Investia Academy, une plateforme d’apprentissage en ligne sur les places boursières et les échanges, l’objectif étant ici d’élargir le bassin d’acteurs sur le marché.
Les réformes techniques dont la mise en œuvre est prévue cette année devraient également aller dans ce sens. Actuellement examinées par le Conseil du Marché Financier (CMF), elles permettront de développer l’écart entre cours acheteur et cours vendeur, et de rallonger les horaires d’ouverture de la place.
De plus, la BVMT espère bénéficier d’une nouvelle loi sur les investissements qui devrait entrer en vigueur au deuxième trimestre. Associée à d’autres réformes, cette législation éliminera les obstacles qui auparavant ont empêché les investisseurs étrangers de se positionner sur des marchés clés. B. Sahnoun estime que la part de la capitalisation boursière détenue par les investisseurs étrangers, aujourd’hui de 24,45 %, devrait ainsi doubler.
Mourad Ben Chaabane, PDG de MAC, s’est également félicité de cette réforme législative. « Cette nouvelle loi sur les investissements devrait attirer de nouveaux investisseurs et davantage de financements en provenance de l’étranger, en améliorant le climat des affaires et en créant les conditions d’une nouvelle dynamique économique qui se répercutera inévitablement sur l’ensemble de l’économie, et par extension sur la Bourse », avait-il indiqué à OBG l’année dernière.