Les Bourses européennes ont enregistré lundi une troisième séance consécutive de baisse et la tendance est également négative à mi-séance à Wall Street, la hausse de l’inflation, les craintes sanitaires et les tensions géopolitiques incitant les investisseurs à la prudence.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,44% à 7.115,77 points. Le Footsie britannique a perdu 0,53% et le Dax allemand 1,13%.
L’indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,54% et le FTSEurofirst 300 1,26%. Le Stoxx 600, en repli 1,48%, a enregistré sa pire séance en plus de six semaines.
« L’inflation occupe l’esprit des investisseurs en Europe (…) ce qui exerce une pression sur la BCE (Banque centrale européenne) afin qu’elle resserre sa politique monétaire », commente Susannah Streeter, analyste investissements et marchés chez Hargreaves Lansdown.
Les chiffres publiés vendredi par Eurostat ont montré une accélération inattendue en décembre de l’inflation dans la zone euro, qui a atteint un nouveau plus haut historique à 5% sur un an.
Samedi, Isabel Schnabel, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a estimé que la flambée des prix de l’énergie pourrait amener l’institution à cesser de « regarder » une inflation élevée et à commencer à agir.
Aux Etats-Unis, le rapport mensuel sur l’emploi américain, publié vendredi, a ravivé les craintes d’un resserrement accéléré de la politique monétaire américaine, le taux de chômage étant en baisse malgré des créations de postes inférieures aux attentes alors que parallèlement la hausse du salaire moyen a dépassé le consensus.
Pour nombre d’observateurs, l’emploi américain est freiné par la propagation du variant Omicron du coronavirus, les Etats-Unis ayant enregistré ces derniers jours en moyenne près d’un million de cas quotidiens de contamination au COVID-19.
Le Fonds monétaire international (FMI) a par ailleurs mis en garde les pays émergents contre le risque de turbulences financières avec la remontée annoncée des taux américains.
Aux craintes sur l’économie, s’ajoutent des incertitudes géopolitiques, à commencer par la situation en Ukraine et au Kazakhstan alors qu’a eu lieu ce lundi une réunion entre les Etats-Unis et la Russie à Genève dans un contexte de tensions inédites depuis la Guerre froide.
Signe de la nervosité sur les marchés, l’indice mesurant la volatilité sur le Stoxx 600, aussi appelé « indice de la peur », a fini en hausse de 9,31%, à 22,54 points, soit un pic depuis le 21 décembre. Son équivalent américain a pris 18% à 22,13 points.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, l’immobilier (-1,46%), un secteur sensible à l’évolution des taux d’intérêt, a fini en repli pour une cinquième séance consécutive, tandis qu’à l’inverse, le compartiment bancaire (+0,23%) a résisté à la tendance baissière, arrachant une sixième séance d’affilée de hausse.
L’immobilier a également pâti de la décision du gouvernement britannique d’obliger les propriétaires d’immeubles de grande hauteur à améliorer la sécurité incendie des bâtiments, ce qui représente une facture globale de quelque cinq milliards de livres (environ six milliards d’euros).
A Londres, Persimmon a abandonné 5,15% et Taylor Wimpey 3,4%.
A Paris, Atos a essuyé la plus forte baisse du Stoxx 600 avec une chute de 16,81%, le groupe de services informatiques ayant publié des résultats annuels préliminaires inférieurs aux objectifs présentés en juillet.. Le plongeon d’Atos a contribué à plomber le secteur des hautes technologies, qui a reculé de 3,58%, à un creux de près de trois mois.
Le groupe français de tests et de diagnostics Eurofins Scientific a reflué pour sa part de 4,66% après l’abaissement de la recommandation de Jefferies à « conserver » contre « acheter » sur la valeur, estimant que les tests de dépistage du COVID-19 ont désormais permis au titre d’atteindre l’objectif de cours fixé.
Sur le marché allemand, BMW a gagné 1,67%, signant la meilleure performance de l’EuroStoxx 50, à la faveur du relèvement de la recommandation de Goldman Sachs, passé à l’achat sur la valeur. Adidas a au contraire fini en repli de 1,29% dans le sillage de Nike, pénalisé par HSBC qui note des problèmes persistants sur les chaînes d’approvisionnement.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones abandonnait 1,41%, le Standard & Poor’s 500 1,61% et le Nasdaq 1,98%, les indices prolongeant leurs pertes de vendredi après le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis, qui a conforté le scénario d’une hausse prochaine des taux de la Réserve fédérale.
Les investisseurs attendent la publication mercredi des chiffres des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui devraient confirmer la persistance des tensions inflationnistes.
Aux valeurs, tous les compartiments du S&P-500 sont dans le rouge, les technologiques accusant l’une des plus fortes baisses.
Nike, en repli de 4,7%, souffre d’un abaissement de recommandation.
Au chapitre des fusions-acquisitions, Take-Two Interactive plonge de 14,1% après l’annonce du rachat de Zynga (+44,9%) sur la base d’une valorisation de près de 12,7 milliards de dollars (11,2 milliards d’euros).
CHANGES
Aux changes, l’indice dollar mesurant les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence remonte de 0,24%. Il profite des anticipations de hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale et des tensions géopolitiques actuelles.
L’euro, en repli de 0,33%, se traite à 1,1323 dollar.
TAUX
Sur le marché obligataire, les rendements des bons du Trésor américain sont orientés à la hausse, à un sommet de presque deux ans: à la clôture des Bourses en Europe, le rendement des Treasuries à dix ans gagne 2,3 points de base à 1,7922% après être monté à 1,805%, un pic depuis le 21 janvier 2020.
En Europe, les rendements qui ont évolué en territoire positif pendant une grande partie de la séance se sont retournés en clôture. Le Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a fini pratiquement stable à -0,036% et son équivalent français de même échéance presque inchangé à 0,286%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier, qui avait fortement progressé la semaine dernière sur fond d’anticipation d’une hausse de la demande mondiale de brut, recule après l’annonce du redémarrage de la production libyenne.
Le baril de Brent fléchit de 0,7% à 81,17 dollars, tandis que celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,35% à 78,56 dollars.