Les Bourses européennes ont fini en net recul mercredi et effacé la quasi-totalité de leurs gains de la veille, rattrapées par les craintes de voir l’inflation forcer les banques centrales à avancer le début du relèvement des taux d’intérêt.
À Paris, le CAC 40 a perdu 1,27% (83,16 points) à 6.493,12 points. A Londres, le FTSE 100 a reculé de 1,15% et à Francfort, le Dax a abandonné 1,46%.
L’indice EuroStoxx 50 a terminé en baisse de 1,3%, le FTSEurofirst 300 de 1,01% et le Stoxx 600 de 1,03%.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones cédant près de 1%, le Standard & Poor’s 500 0,8% et le Nasdaq Composite 0,3%.
La volatilité à Wall Street, qui avait reflué mardi, est repartie à la hausse après de nouveaux plus hauts des prix du pétrole comme de ceux du gaz en Europe, qui ont favorisé une remontée des rendements obligataires en début de journée.
Le contexte macroéconomique attise en effet les craintes de voir les banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine, contraintes d’entamer plus rapidement qu’anticipé le resserrement de leurs politiques monétaires.
La banque centrale de Nouvelle-Zélande a d’ailleurs relevé son taux directeur mercredi pour la première fois depuis sept ans. Ses homologues islandaise et polonaise ont elles aussi resserré leur politique en arguant de la nécessité de combattre l’inflation.
« Les marchés sont clairement dans une phase délicate, freinés par une accumulation d’éléments négatifs: situation du géant immobilier chinois Evergrande, tour de vis réglementaire en Chine, changement de communication des banques centrales, tassement de plusieurs indicateurs économiques après un premier semestre dynamique, tensions logistiques mondiales… et envolée des prix de l’énergie », résume Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France, en évoquant « des craintes sur les marges des entreprises dans certains secteurs et donc sur les résultats à venir ».
PÉTROLE
Si le marché pétrolier cédait aux prises de profit en réaction à l’annonce d’une augmentation des stocks aux Etats-Unis, il avait auparavant atteint de nouveaux plus hauts de plusieurs années, toujours porté par le refus de l’Opep et de ses alliés d’amplifier l’augmentation de leur production.
Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est ainsi monté à 79,78 dollars le baril, au plus haut depuis novembre 2014, et le Brent de mer du Nord à 83,47 dollars, un niveau sans précédent depuis octobre 2018.
Au moment de la clôture européenne, le Brent abandonnait 1,74% à 81,12 dollars et le WTI 1,77% à 77,53.
Les cours du gaz naturel sont eux aussi repartis à la baisse en Europe après des records absolus.
LES INDICATEURS DU JOUR
Aux Etats-Unis, le secteur privé a créé 568.000 emplois en septembre selon l’enquête mensuelle ADP, un chiffre nettement supérieur aux attentes (le consensus Reuters le donnait à 428.000).
En Europe, les commandes à l’industrie allemande accusent un repli plus marqué qu’attendu en août (-7,7%) et les ventes au détail dans l’ensemble de la zone euro ont augmenté moins qu’anticipé.
VALEURS
La dégradation du sentiment de marché n’a épargné aucun secteur en Europe, le repli atteignant ou dépassant 2,5% aussi bien pour ceux de la distribution (-2,79%), de l’automobile (-2,50%) que pour celui du transport et des loisirs (-2,59%).
La plus forte baisse de l’EuroStoxx 50 est pour Deutsche Telekom, qui a chuté de 5,37% après la vente par Goldman Sachs d’un bloc d’actions d’une valeur de 1,58 milliard d’euros.
A la hausse, Tesco a bondi de 5,95%, le marché saluant le relèvement de sa prévision de bénéfice annuel.
CHANGES
Les craintes inflationnistes et leurs implications pour la stratégie de la Fed profitent au dollar, qui s’apprécie de 0,43% face à un panier de devises de référence.
L’euro retombe à 1,154 dollar, au plus bas depuis juillet 2020.
TAUX
Les rendements de référence de la zone euro ont fini en légère baisse après avoir atteint de nouveaux plus hauts de quatre mois: celui du Bund allemand à dix ans est monté en matinée à -0,147% avant de revenir à -0,182%.
Le marché obligataire américain dicte une nouvelle fois la tendance: des achats à bon compte font reculer le rendement des Treasuries à dix ans à 1,5119% après un pic à 1,573% en tout début de journée, son plus haut niveau depuis la mi-juin.