Les Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi et Wall Street évoluait également dans le rouge à la mi-séance, les craintes d’une accélération du resserrement monétaire ayant pris le dessus sur les résultats des entreprises après les propos de plusieurs responsables des banques centrales en faveur d’une hausse des taux.
À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 1,99% à 6.581,42 points. Le Footsie britannique a reculé de 1,39% et le Dax allemand de 2,48%.
L’indice EuroStoxx 50 a abandonné 2,24%, le FTSEurofirst 300 1,74% et le Stoxx 600 1,79%.
Sur l’ensemble de la semaine, l’indice parisien a reflué de 0,12% et le Stoxx 600 paneuropéen de 1,42%.
Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, a déclaré jeudi qu’une hausse de 50 points de base de taux était « sur la table » lors de la réunion de politique monétaire des 3 et 4 mai de l’institution.
Vendredi, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a dit pour sa part qu’il y avait de fortes chances que l’institution relève ses taux d’intérêt cette année.
Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, s’était la veille montré favorable à un arrêt des achats d’obligations de l’institution dès le mois de juillet, prélude à une première hausse des taux.
Vendredi, les marchés monétaires en zone euro anticipaient une hausse de 80 points des taux de la BCE d’ici la fin de l’année.
« Au regard des déclarations restrictives (« hawkish ») de cette semaine, je pense que nous assistons à des prises de position pour une hausse des taux avant juillet », commente Piet Christiansen, analyste chez Danske Bank.
Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor à deux ans, le plus sensible aux anticipations d’évolution des taux directeurs, a touché vendredi un sommet à 2,789%, au plus haut depuis décembre 2018, tandis que celui à dix ans se traite à 2,898%.
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a fini sur un gain de 3,5 points à 0,958%.
Le taux de l’OAT française de même échéance a pris 2,8 points à 1,4171%.
VALEURS EN EUROPE
Outre les taux, la séance en Europe a également été animée par les résultats d’entreprises. Kering (-4,3%) a fini en queue du CAC 40 après des ventes jugées décevantes de sa marque Gucci au premier trimestre. Le géant du luxe a entraîné dans sa chute LVMH (-2,1%), Hermès (-1,7%) ou encore Richemont (-2,2%).
Le lunetier franco-italien EssilorLuxottica a pour sa part reflué de 2,6% après le ralentissement de ses ventes en Chine tandis que Renault a abandonné 1,3% après une baisse de 2,7% de son chiffre d’affaires sur le trimestre écoulé.
Sur le plan sectoriel, aucun des grands compartiments n’a échappé au repli, les plus fortes baisses étant à l’actif de la consommation cyclique (-1,8%), de la finance (-2,2%) ou encore des nouvelles technologies (-1,8%).
Le secteur bancaire (-2,1%) n’a pas profité de la remontée des taux car l’écart de rendement entre les obligations à long terme et celles à court terme se réduit, signe d’un risque de récession à moyen terme.
Société générale, Deutsche Bank et Unicredit ont perdu respectivement 1%, 2,9% et 2,2% et dans les « techs », sensibles à l’évolution du coût du crédit, Capgemini, ASML et SAP ont décroché de 1,5% à 2,1%. Le géant allemand des logiciels d’entreprise a en outre annoncé une perte de revenus de 300 millions d’euros liée à son retrait de Russie.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones reculait de 1,43%, le Standard & Poor’s 500 de 1,26% et le Nasdaq de 0,82%
Les géants du numérique comme Apple et Microsoft, Alphabet et Amazon refluaient de 0,4% à 2%.
Côté résultats d’entreprises, Gap plongeait de 18% après un abaissement de sa prévision de chiffre d’affaires pour les trois premiers mois de l’année et Verizon Communications de 5,6% en raison de ses perspectives également jugées décevantes.
Schlumberger (+3,1%) en revanche était recherché à la faveur d’un solide bénéfice trimestriel dans un contexte de flambée des cours pétroliers.
LES INDICATEURS DU JOUR
La croissance de l’activité du secteur privé de la zone euro s’est accélérée en avril grâce au dynamisme des services qui a atteint son plus haut niveau depuis huit mois à 57,7, les consommateurs semblant pour l’instant ignorer la hausse des prix, montrent les premiers résultats des enquêtes de S&P Global
Le secteur privé britannique a en revanche subi un net ralentissement ces dernières semaines avec un indice « flash » composite en repli à 57,6, son plus bas niveau depuis trois mois, l’inflation et le conflit en Ukraine pesant sur l’activité des services.
CHANGES
Le dollar, en hausse de 0,64% face à un panier de devises de référence, continue de bénéficier des dernières déclarations de Jerome Powell et a atteint en séance son plus haut niveau depuis mars 2020 à 101,6 points.
L’euro, de son côté, fléchit de 0,58% à 1,0774 dollar, pénalisé par les propos de Christine Lagarde, la présidente de la BCE, qui a dit jeudi que l’institution pourrait abaisser ses perspectives de croissance au regard de la guerre en Ukraine. Une source gouvernementale a en outre indiqué à Reuters que l’Allemagne allait ramener sa prévision de croissance pour cette année à 2,2% contre 3,6% précédemment.
PÉTROLE
Les cours pétroliers reculent en raison de craintes sur la demande mondiale, la Chine ayant prolongé le confinement à Shanghaï pour lutter contre la pandémie de COVID-19.
Le baril de Brent cède 1,66% à 106,52 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,58% à 102,11 dollars.