Les Bourses européennes ont terminé en hausse vendredi tandis que Wall Street piquait du nez à mi-séance après les chiffres mensuels de l’emploi aux Etats-Unis, qui confirment la bonne santé de l’économie américaine et pourraient donc inciter la Réserve fédérale à accélérer le resserrement de sa politique monétaire, ce qui favorise une nouvelle inversion de la courbe des rendements obligataires.
À Paris, le CAC 40 gagnait en clôture 0,37% (24,44 points) à 6.684,31 points près un pic à 6.708,56 dans l’après-midi; à Londres, le FTSE 100 a avancé de 0,3% et à Francfort, le Dax a pris 0,22%.
L’indice EuroStoxx 50 a fini sur une progression de 0,41%, le FTSEurofirst 300 de 0,53% et le Stoxx 600 de 0,54%.
À Wall Street, au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones cédait 0,15%, le Standard & Poor’s 500 0,2% et le Nasdaq Composite 0,22% alors que tous trois progressaient à l’ouverture.
L’économie américaine a créé 431.000 emplois non-agricoles en mars, un chiffre inférieur aux attentes, mais ceux des deux mois précédents ont été revus en hausse. Le taux de chômage est parallèlement revenu à 3,6%, au plus bas depuis février 2020, tandis que la hausse du salaire horaire moyen atteignait 5,6% sur un an.
Ces chiffres confirment à la fois le dynamisme du marché du travail et la persistance des tensions inflationnistes, ce qui pourrait amener la Fed à relever les taux plus rapidement dans les mois à venir.
« On anticipait un risque à la hausse sur les salaires et c’est exactement ce qui s’est passé », commente Charlie Ripley, stratège senior d’Allianz Investment Management. « Aucune des informations du rapport d’aujourd’hui ne facilite la tâche de la Fed et le risque d’un resserrement plus rapide par la Fed à court terme semble très concevable. »
Selon le baromètre FedWatch, la probabilité estimée d’une hausse de taux de 50 points de base à l’issue de la réunion de mai de la Fed atteint désormais 72,8%.
Aux interrogations sur l’attitude de la Réserve fédérale s’est ajoutée l’annonce d’une baisse inattendue de l’indice ISM d’activité du secteur manufacturier américain, qui freine la tendance à Wall Street.
LES INDICATEURS DU JOUR EN EUROPE
La première estimation de l’inflation dans la zone euro en mars a dépassé les attentes pour atteindre 7,5% sur un an, le chiffre le plus élevé enregistré depuis la création de la monnaie unique.
Les résultats définitifs des enquêtes de S&P Global auprès des directeurs d’achats du secteur manufacturier montrent par ailleurs un ralentissement de la croissance de l’activité lié entre autres au conflit en Ukraine.
Sur l’ensemble de la semaine, l’indice Stoxx 600 a gagné 1,06% et le CAC 40 1,99%.
TAUX
Les chiffres de l’emploi et leurs conséquences sur les anticipations en matière de politique monétaire favorisent une nouvelle poussée des rendements des bons du Trésor américain, ainsi qu’une nouvelle inversion du segment deux ans-dix ans de la courbe des taux: le deux ans prend plus de 15 points de base à 2,4321% et le dix ans près de six points à 2,3785%.
Ce mouvement n’a pas eu d’impact marqué sur le marché européen: le dix ans allemand, à 0,551% en fin de séance, a pris moins de deux points sur la journée; il est pratiquement inchangé sur l’ensemble de la semaine, marquée pourtant par un pic de plus de quatre ans à 0,741% mardi.
VALEURS EN EUROPE
Les plus fortes hausses sectorielles du jour en Europe sont pour le compartiment des matières premières, dont l’indice Stoxx a progressé de 2,23%, celui de la distribution (+1,95%) et celui du pétrole et du gaz (+1,29%).
Dans l’actualité des sociétés, Santander a pris 2,61% à Madrid après avoir confirmé ses objectifs de rentabilité pour cette année alors qu’à Paris, Sodexo chutait de 9,46% après avoir abaissé ses prévisions.
CHANGES
Les chiffres de l’emploi américain bénéficient au dollar, qui s’apprécie de 0,32% face à un panier de devises de référence.
Le billet vert profite aussi d’achats de précaution avant le week-end, que certains cambistes justifient par le regain d’incertitude sur le conflit en Ukraine, faute de concrétisation des espoirs de cessez-le-feu des derniers jours.
Les tensions géopolitiques nuisent ainsi à l’euro, l’empêchant de profiter du chiffre supérieur aux attentes de l’inflation en zone euro: à 1,1036, il cède 0,26% face au billet vert, après un pic à 1,1075 en début de journée.
PÉTROLE
Le marché pétrolier connaît une séance en dents de scie faute de précision sur le recours des grands pays consommateurs à leurs réserves stratégiques après la décision de l’administration Biden de puiser un million de barils par jour dans celles des Etats-Unis pour tenter de faire baisser les prix à la pompe.
Le Brent gagne 0,6% à 105,34 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) se contente d’une hausse de 0,17% à 100,45 dollars.
Le ministère japonais de l’Industrie a annoncé que les pays membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’étaient accordés pour recourir à leurs réserves, sans pour autant qu’on sache sur quels volumes porte cette décision, ni quel sera le calendrier de sa mise en œuvre.
Les cours du brut se dirigent vers leur pire performance hebdomadaire depuis deux ans, des chutes de 12,8% et 11,9% respectivement pour le Brent et le WTI.