Les Bourses européennes ont terminé en baisse jeudi après trois séances de hausse consécutive depuis le début de l’année, tandis qu’à Wall Street la tendance était hésitante à mi-séance, les investisseurs restant perplexes au lendemain de la publication du compte rendu de la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui ouvre la voie à un durcissement monétaire plus tôt que prévu.
À Paris, le CAC 40 a perdu 1,72% à 7.249,66 points. Le Footsie britannique a reculé de 0,88% et le Dax allemand de 1,35%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 1,53%, le FTSEurofirst 300 de 1,3% et le Stoxx 600 de 1,25%.
Les responsables de la Fed ont estimé lors de leur réunion du mois dernier que le marché de l’emploi aux Etats-Unis était « très tendu » et que la banque centrale pourrait devoir non seulement relever les taux d’intérêt plus tôt que prévu, mais aussi réduire son bilan pour maîtriser une inflation élevée.
Ce ton offensif a surpris les marchés au point d’effrayer certains investisseurs, relève Carlos de Sousa, gérant chez Vontobel Asset Management.
Aux « minutes » de la Fed s’ajoutent plusieurs indicateurs mitigés publiés dans la journée, qui renforcent l’aversion au risque alors que les investisseurs surveilleront vendredi les données sur les créations d’emplois dans le secteur non agricole aux Etats-Unis en décembre et les statistiques sur l’inflation dans la zone euro en novembre.
VALEURS
En Europe, tous les secteurs du Stoxx 600 ont fini dans le rouge, à commencer par le compartiment technologique (-2,36%) qui a accusé le plus important repli, dans la perspective d’un resserrement monétaire outre-Atlantique.
L’indice bancaire en Europe, à l’inverse, s’est octroyé un gain de 1,12%, profitant des anticipations d’au moins trois hausses des taux cette année aux Etats-Unis.
A Paris, Capgemini a abandonné 4,37% et Dassault Systèmes 3,65%. Crédit agricole, BNP Paribas et Société générale ont pris de leur côté de 1,15%, 1,35% et 1,86%.
Société générale a en outre bénéficié de l’annonce du projet de rachat de LeasePlan pour 4,9 milliards d’euros par sa filiale ALD (+8,34%).
Dans la distribution, Carrefour, qui avait déjà gagné plus de 5% mercredi après un article de Bloomberg selon lequel Auchan réfléchit à une nouvelle offre sur le groupe dirigé par Alexandre Bompard, prend encore 6,28%.
A la baisse, Coface chute de 10,29% après la sortie de Natixis de son capital.
Dans l’automobile, Stellantis, qui a annoncé jeudi l’arrêt des moteurs thermiques sur les Citroën Berlingo et SpaceTourer, a abandonné près de 1%.
Airbus a fini pour sa part en repli de 1,46%, la compagnie aérienne Qatar Airways réclamant à l’avionneur une indemnité de 618 millions de dollars (546 millions d’euros) pour des problèmes sur ses A350, selon un document consulté par Reuters.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,28%, le Standard & Poor’s 500 grignote 0,1% et le Nasdaq avance de 0,4%
Les valeurs sensibles à l’évolution des taux comme les technologies, qui avaient particulièrement souffert mercredi au point que le Nasdaq avait perdu plus de 3%, sa plus importante baisse en une séance depuis février 2021, sont globalement stables.
Netflix abandonne cependant 1,77% après l’abaissement de l’objectif de cours du groupe par JP Morgan, l’intermédiaire tablant sur une baisse à moyen terme du nombre d’abonnés de la plate-forme.
Côté hausse, le compartiment financier (+0,73%) et bancaire (+1,40%) est recherché, dans l’anticipation d’au moins trois hausses de taux d’un quart de point cette année. Les valeurs de l’énergie (+1,89%) progressent également, à l’instar d’Occidental Petroleum qui gagne 1,7%, dans le sillage de la poursuite de la hausse des cours pétroliers.
LES INDICATEURS DU JOUR
Dans les indicateurs publiés en Europe, l’indice des prix à la consommation calculé aux normes européennes (IPCH) en Allemagne montre que l’inflation a ralenti sur un an en décembre (+5,7% après +6,0% en novembre) pour la première fois depuis le mois de juin, même si elle est toujours supérieure à l’objectif de 2% de la Banque centrale européenne.
Les commandes à l’industrie outre-Rhin ont parallèlement affiché en novembre un rebond plus fort que prévu malgré des goulots d’étranglement.
Côté services, la croissance de l’activité dans le secteur tertiaire en Grande-Bretagne a en revanche atteint en décembre son rythme le plus faible depuis dix mois, selon les résultats définitifs de l’enquête mensuelle d’IHS Markit auprès des directeurs d’achats.
Aux Etats-Unis, la croissance de l’activité du secteur des services a ralenti en décembre plus que prévu, probablement en raison de la résurgence de l’épidémie de COVID-19, montre l’enquête mensuelle de l’Institute for Supply Management (ISM) publiée jeudi.
Les inscriptions au chômage aux Etats-Unis la semaine dernière ont par ailleurs augmenté plus que prévu, à 207.000, selon le département du Travail.
CHANGES
Aux changes, le dollar est stable (0,04%) face à un panier de devises de référence, reprenant son souffle après un sommet de 14 mois alors que parallèlement le soutien obtenu à la suite de la publication du compte rendu de la réunion de la Fed s’amenuise. Le billet vert gagne cependant 0,3% contre le yen.
L’euro est pour sa part en léger repli, de 0,11%, à 1,1301 dollar.
Parmi les cryptomonnaies, le bitcoin, en baisse de 1,21% à moins de 43.000 dollars, souffre de l’aversion au risque.
TAUX
Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor à dix ans, s’apprécie de près de trois points de base à 1,7299%, à un pic de neuf mois, à la faveur des « minutes » de la Fed, qui ouvrent la voie à un relèvement plus rapide que prévu des taux d’intérêt cette année.
En Europe, les rendements sont également orientés à la hausse alors que les marchés monétaires de la zone euro intègrent désormais à 100% la probabilité d’une hausse de taux de la Banque centrale européenne en octobre, prenant en compte le changement de ton de la Fed.
Le rendement du Bund allemand à dix ans a fini sur un gain de 1,7 point à -0,068% et son équivalent français de même échéance à 0,256%, soit une hausse de 2,3 points.
PÉTROLE
Sur le marché pétrolier, la progression des cours du brut ne faiblit pas. L’or noir est entre autres tiré par la perspective d’une demande mondiale soutenue cette année, des problèmes d’approvisionnement en Libye et par les tensions au Kazakhstan.
Le baril de Brent prend 2,02% à 82,38 dollars et celui du brut léger américain 2,56% à 79,8 dollars.