Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse jeudi et Wall Street était également orientée dans le rouge après le vif rebond de la veille des marchés d’actions, les inquiétudes sur l’inflation en Europe et aux Etats-Unis et l’absence d’avancées dans la crise russo-ukrainienne ayant ravivé l’aversion au risque.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 2,83% à 6.207,2 points. Le Footsie britannique a abandonné 1,54% et le Dax allemand 2,93%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 3,16%, le FTSEurofirst 300 de 1,86% et le Stoxx 600 de 1,8%.
La Banque centrale européenne (BCE) a relevé jeudi sa prévision d’inflation pour cette année dans la zone euro à 5,1% et a abaissé celle de la croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2022 à 3,7% pour prendre en compte l’impact de la guerre en Ukraine sur l’activité économique et sur les prix.
Elle a parallèlement annoncé une accélération de la réduction de ses achats d’obligations face à l’envolée persistante de l’inflation, alimentée par la hausse des prix des matières premières et par les tensions sur le marché du travail, et indiqué que la première hausse de taux dépendrait de l’évolution de la conjoncture.
Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 0,8% en février et de 7,9% sur un an, le niveau le plus élevé depuis janvier 1982, tandis que l’inflation dite de base (« core CPI »), c’est-à-dire hors énergie et produits alimentaires, progressé de 0,5% sur un mois et de 6,4% en rythme annuel, le taux le plus important depuis août 1982, montrent les statistiques officielles.
Même si les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis sont globalement conformes aux attentes, les économistes s’attendent à une nouvelle accélération des prix au deuxième trimestre au regard de la flambée des prix des matières premières alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) doit se réunir les 15 et 16 mars. Les traders prévoient à 95% un relèvement de 25 points de base des taux de la Fed ce mois.
Sur le front de la guerre en Ukraine, alors que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent à Versailles pour réfléchir aux moyens de réduire leur dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes et renforcer leur soutien à Kiev, aucune avancée diplomatique au conflit ne semble poindre.
VALEURS EN EUROPE
Sur le Stoxx 600 paneuropéen, tous les principaux secteurs ont terminé dans le rouge, les plus fortes baisses étant à l’actif de la consommation cyclique (-3%), des services aux collectivités (« utilities ») (-2%) et des hautes technologies (-2,73%).
Les compartiments de l’automobile (-4,76%) et des banques (-2,76%), qui ont bénéficié mercredi d’achats à bon compte, ont également chuté lourdement, à l’image de Renault (-4,03%), Stellantis (-6,95%) et Volskwagen (-4,35%) ou encore de Société générale (-5,68%) et Unicredit (-7,47%).
Côté hausse, Vivendi a gagné 1,46% à la faveur d’un bénéfice d’exploitation ajusté annuel plus que doublé, tandis que les résultats d’Eurazeo (+5,50%) ont également été bien accueillis.
Ailleurs en Europe, Carlsberg a reflué de 5,49%, le brasseur danois ayant renoncé à ses prévisions et averti sur la Russie, tandis que le groupe de mode allemand Hugo Boss a abandonné 7,12%, l’annonce d’une suspension de ses activités en Russie ayant pris le pas sur ses solides perspectives pour cette année.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones reculait de 1,36%, le Standard & Poor’s 500 de 1,55% et le Nasdaq de 2,23%.
Neuf des onze principaux secteurs du S&P-500 étaient dans le rouge, les nouvelles technologies (-3,11%) accusant le plus important repli après l’accélération de la hausse des prix à la consommation en février qui renforce le scénario d’un relèvement des taux aux Etats-Unis la semaine prochaine.
« Le résultat est que l’inflation est élevée et que cela va s’accentuer (…) Peut-être ne verrons aucun soulagement avant la fin de l’année », commente Peter Cardillo, économiste en chef chez Spartan Capital Securities.
Les poids lourds du numérique, particulièrement sensibles à l’évolution des taux d’intérêt, reculent à l’image d’Apple (3,67%), Microsoft (-2,57%), Meta Platforms (-3,52%) et Tesla (-4,32%).
Le géant du commerce en ligne Amazon gagne cependant 4,60% à la faveur d’une division par 20 du nominal de ses actions.
La perspective d’une hausse du coût du crédit ne profite pas aux banques (-1,93%). Goldman Sachs Group, en repli de 2,29%, est devenue la première grande banque de Wall Street a annoncé son retrait de Russie.
Côté hausse, les groupes pétroliers comme Schlumberger (+1,29%) et Halliburton (+5,48%) bénéficient de la remontée des cours du pétrole.
CHANGES
Sur le marché des changes, le dollar, qui avait chuté mercredi de 1,17%, s’apprécie jeudi de 0,47% face à un panier de devises internationales, soutenu par les chiffres de l’inflation américaine.
L’euro recule de 0,61% à 1,1007 dollar après avoir dans un premier temps bénéficié de l’annonce d’une normalisation de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Certains cambistes estiment que les propos de la présidente de la BCE, Christine Lagarde, selon laquelle la première hausse de taux de l’institution dépendrait de l’évolution de la conjoncture, n’ont rien de surprenant.
TAUX
Sur le marché obligataire, les rendements sont soutenus par les dernières données sur l’inflation.
Celui des Treasuries à 10 ans prend 5,4 points de base à 2,002% après avoir touché en séance 2,013%, son niveau le plus élevé depuis le 25 février. Il se dirige ainsi vers une quatrième séance consécutive de hausse.
En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans a fini en hausse de huit points à 0,2730%, et celui à cinq ans a gagné 14,2 points à -0,004%, après être passé en séance en territoire positif pour la première fois depuis le 28 février.
Le rendement de l’OAT française à dix ans a avancé de 10,1 points à 0,746%.
Les marchés monétaires en zone euro tablent sur une hausse de 45 points de base des taux de la BCE d’ici décembre contre une augmentation de 35 points avant le communiqué de politique monétaire de l’institution.
PÉTROLE
Les cours du pétrole rebondissent jeudi mais sont volatils au lendemain de leur forte baisse, en raison des incertitudes sur l’offre, les Emirats arabes unis s’étant finalement retractés après avoir indiqué que l’Opep et ses alliés pourraient augmenter leur production pour compenser celle de la Russie.
Le Brent gagne de 2,05% à 113,48 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,27%, à 109,90 dollars.