Arab Financial Consultants (Groupe ATB) a dressé le bilan de l’économie tunisienne durant l’année 2020, qui s’est caractérisé par plusieurs points faibles à prendre en considération. La situation s’est aggravée par les effets du Covid-19.
La recrudescence de l’épidémie du coronavirus maintient la situation économique du pays dans l’incertitude. Le choc économique provoqué par cette crise sera long à effacer. L’économie tunisienne montrait déjà des signes de fragilité avant que la pandémie du Covid-19 survienne. En effet, la croissance du PIB était de 1% en 2019. En raison des mesures sanitaires drastiques, qui se sont traduites notamment par plusieurs semaines de confinement, la chute du PIB tunisien en 2020 sera historique. Selon les prévisions de la Banque mondiale, le recul du PIB serait de 9,1% au titre de l’année 2020 (-7,3% selon le projet du budget de l’Etat 2021). La perte de confiance des acteurs économiques et la situation fragile des finances publiques ne présagent pas de bonnes augures et pourraient intensifier les faiblesses de l’économie tunisienne : croissance faible, inflation élevée et niveau d’endettement public au plus haut. La reprise va donc probablement être lente et difficile. La vaccination rapide contre la Covid-19 devrait réduire les incertitudes entourant les perspectives économiques.
Baisse du pouvoir d’achat
La prudence s’impose en matière de prévisions. Il faudra, peut-être, plus de temps que prévu pour atteindre l’immunité collective et certaines conséquences économiques de la pandémie ne se manifesteront que sur la durée. Les exportations et l’investissement des entreprises restent freinés par l’incertitude ambiante, tandis que la consommation des ménages demeure plombée par la baisse du pouvoir d’achat. En tout état de cause, nous ne retrouverons pas fin 2021 le PIB de 2019. Une économie durement touchée : contraction du PIB de 6% au troisième trimestre 2020 par rapport au troisième trimestre 2019.
Toutefois, le PIB rebondit au troisième trimestre (+19,8%) par rapport au trimestre précédent, ramenant ainsi la récession des neuf premiers mois à 10%. En glissement annuel et par rapport à la même période de 2019, les neuf premiers mois de 2020 ont été impactés principalement par l’effondrement des services d’hôtellerie et de restauration (-42,7%) et des transports (-29,6%), la contreperformance des industries textiles, habillement et cuir (-19,2%) et l’écroulement du secteur du bâtiment (-18,4%). En revanche, le secteur des industries agroalimentaires et le secteur de l’agriculture et de la pêche ont enregistré des performances respectives de +5,4% et de +4,7%.
Relancer l’investissement
Le dinar tunisien a connu une appréciation de 4,3% vis-à-vis du dollar américain qui a atteint 2,722 DT en décembre 2020 contre 2,839 DT en décembre 2019. En revanche, le dinar a enregistré une dépréciation de 4,6% face à l’euro, qui valait 3,306 DT en décembre 2020, contre 3,155 DT en décembre 2019. En décembre 2020, le taux d’inflation s’établit à 4,9% contre 6,1% en décembre 2019 et 7,5% en décembre 2018.
La baisse constatée en décembre 2020 par rapport à la même période de 2019 résulte principalement de la décélération observée au niveau des prix des produits alimentaires et boissons non en décembre 2019), du prix des transports (0,6% contre 2,2%), des prix des articles d’habillement et des chaussures (6,9% contre 7,3%), des prix des meubles, article de 100 points de base le 17 mars 2020 et de 50 points de base le 30 septembre 2020, ramenant ainsi le taux d’intérêt directeur à 6,25%. Cette réduction a pour objectif de contribuer à la mise en place des conditions favorables pour relancer l’investissement et rétablir le rythme de l’activité économique tout en préservant la stabilité financière.
Conséquemment à la baisse du TD, le TMM du mois de décembre 2020 s’est établi à 6,12% contre 6,13% le mois précédent et 7,81% en décembre 2019. Le Trésor a collecté durant toute l’année 2020 un total 3 258 millions de dinars en BTA contre 1014,4 millions de dinars pour l’année 2019. Les taux d’intérêts affichent une nette baisse de 44 points de base pour le BTA 10 ans à 9,53% et de 90 points de base pour le BTA 5 ans à 8,92%.
Les émissions privées d’emprunts obligataires en 2020 ont totalisé un montant de 990,3 MDT contre 575 MDT en 2019. Le montant se répartit entre 60,7% pour les banques, 23% pour les sociétés de leasing et 14,3% pour les sociétés de micro-finance. 64% du montant de ces emprunts ont été émis sans recours à l’appel public à l’épargne.