Afrique : Le rebond de la croissance reste insuffisant, le PIB réel par habitant ne retrouverait son niveau de fin 2019 qu’en 2024

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Une nouvelle vague de Covid19 (commencée mi-mai et a priori sur le déclin depuis fin août) frappe durement l’Afrique, avec un nombre de contaminations et de décès supérieur à ceux des 1ère et 2ème vagues. À l’instar des précédentes, cette vague semble pour l’instant concentrée sur quelques pays en Afrique Australe et en Afrique du Nord. Les autres pays (i.e. la majorité des pays d’Afrique sub-saharienne) semblent, comme depuis le début de la pandémie, plus épargnés. Le problème de la vaccination reste entier. La disponibilité des vaccins s’améliore peu à peu, avec aujourd’hui plus de 750 millions de doses disponibles – à rapporter à une population régionale de 1,3 milliard d’habitants – chiffres toutefois significativement inférieurs à ceux des autres régions. Mais l’utilisation de ces vaccins reste difficile, principalement en raison i) de taux d’urbanisation plus faibles et d’infrastructures logistiques moins développées, et ii) de réticences persistantes au sein des populations locales. Moins de 10 % de la population Africaine a ainsi reçu une 1ère dose de vaccin, et le Maroc demeure le seul pays à avoir vacciné plus de 50% de sa population. Au rythme actuel – qui sera difficile à accélérer au cours des prochains trimestres – il est probable que la plupart des pays ne pourront pas atteindre l’immunité collective avant fin 2022.

Outre de potentielles répercussions sanitaires mondiales (une région moins vaccinée étant plus favorable à l’apparition d’un éventuel nouveau variant), ce retard dans les campagnes de vaccination pèse également sur des perspectives économiques régionales déjà relativement faibles / fragiles. Plusieurs indicateurs récents illustrent déjà une matérialisation au moins partielle de ce risque : un ralentissement de la croissance au T2-21 en Tunisie et en Afrique du Sud (pays les plus touchés par la 3ème vague, ainsi que par d’importants mouvements sociaux en partie liés) ; des PMIs décevants dans des économies pourtant plus épargnées – quant à la pandémie – et habituellement plus solides car plus diversifiées (Égypte, Ghana, Kenya) ; une expansion du crédit au secteur privé atone (parfois négative en termes réels) dans la plupart des pays (hormis quelques exceptions notables comme la Côte d’Ivoire). Au total, la croissance régionale moyenne devrait s’établir à 3,3 % en 2021 (si l’on exclut la croissance « technique » de la Libye, attendue à +131 % cette année) puis environ 4 % en 2022/23/24. Ce rebond reste largement insuffisant : si l’on prend en compte une croissance démographique régionale de ca. 2,5 %, le PIB réel par habitant de l’Afrique ne retrouverait ainsi son niveau de fin 2019 qu’en 2024. Cette moyenne régionale continue en outre de masquer d’importantes disparités, avec près de 15 pays dont la croissance pour 2021 est attendue sous les 2,5 %.

Dans ce contexte, l’évolution à venir des finances publiques sera à surveiller. Les États auront à trouver un équilibre entre i) la nécessité d’engager des programmes de consolidation budgétaire à même de réduire rapidement des ratios d’endettement devenus insoutenables (avec plus d’une vingtaine de pays de la région en situation de surendettement ou présentant un risque élevé de surendettement), et ii) leur volonté de soutenir la demande publique, l’un des principaux moteurs de la croissance pré-Covid19 et dont une réduction trop brusque alimenterait des tensions sociales et un « risque politique » déjà croissant dans la région (Algérie, Tunisie, Sahel, Guinée, Éthiopie, Afrique Centrale, Afrique du Sud). La plupart des pays peuvent pour l’instant compter sur de larges financements en devises, comme l’illustrent un soutien financier record de la part du FMI ou la confirmation de l’appétit croissant des investisseurs internationaux pour les émissions souveraines Africaines (y compris les nouvelles « obligations vertes » émises par le Bénin en juillet ou le Ghana en août). Cette 2nde source reste toutefois globalement onéreuse, et aide rarement à améliorer la soutenabilité de la dette.

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