Afrique: les rendez-vous importants en 2019 des pétrogaziers
Selon le cabinet norvégien de consultation Rystad Energy, 2018 a été la meilleure année pour l’exploration du pétrole et du gaz depuis 2014, date du début de la faiblesse des cours mondiaux du pétrole. En termes de dépenses, les explorateurs ont injecté plus dans la recherche que sur les quatre années précédentes. Ceci, notamment grâce à une légère amélioration du prix du baril. En Afrique, cela a favorisé de nouvelles découvertes et permis d’envisager des perspectives positives pour l’avenir. Tour d’horizon des principaux évènements majeurs qui marqueront l’année 2019 dans le secteur.
Sénégal : prise de la décision finale d’investissement sur le projet pétrolier SNE
Les partenaires engagés dans le projet pétrolier devraient prendre leur décision finale d’investissement sur le projet SNE au second semestre de cette année. Ce qui marquera une étape majeure dans l’ambition du Sénégal de devenir un important producteur d’énergie sur le continent. Les activités de conception technique préliminaire (FEED) qui doivent permettre d’atteindre cette étape, ont démarré en décembre dernier.
Cairn Energy, l’opérateur britannique du projet et son partenaire australien Woodside ont récemment assuré au marché que cette date sera respectée, de façon à ce que la production puisse démarrer dès 2022 avec un plateau journalier de de 100 000 barils. La première phase de développement de SNE devrait s’opérer sur la base d’une réserve de 240 millions de barils de brut.
Pour ce qui est de l’exploitation du gaz naturel contenu dans le site, elle devrait se faire « ultérieurement ».
Tunisie : le très attendu projet gazier de Nawara entrera en production
Plusieurs fois reporté depuis 2016, le projet gazier à terre de Nawara, dans la région de Tataouine, au Sud-Est de la Tunisie, deviendra opérationnel cette année. Sur une base journalière, on s’attend à y récupérer un volume gazier de 30 000 barils équivalent pétrole.
Cela permettra non seulement d’augmenter la production tunisienne de gaz de 15%, mais aussi de relancer la production d’hydrocarbures nationale qui a chuté de plus de moitié durant les dix dernières années. Ce qui réduira de 30% les importations en provenance d’Algérie, le principal fournisseur du pays.
Ce projet qui aura coûté environ 1,5 milliard de dollars au total, verra aussi l’installation d’un gazoduc de 94 km, la construction d’une usine de traitement et la réalisation d’une unité de remplissage de bouteilles de gaz de pétrole liquéfié (GPL). Les perspectives sont telles que les responsables comptent s’appuyer sur l’exemple du projet pour attirer de nouveaux investissements afin de donner un second souffle à une industrie fortement affectée par le printemps arabe, le recul des réserves ainsi que des découvertes.
Niger : une nouvelle campagne de forages dans le bassin d’Agadem plus une production de 1000 b/j
Au Niger, 2018 s’est soldée par une très satisfaisante campagne de forages dans dans le bassin de l’Agadem, au sud-est du Niger, notamment dans le contrat de partage de production R3 / R4. Cette dernière a vu la découverte de cinq gisements d’huile.
Cette campagne encourageante pour l’opérateur britannique de la licence, Savannah Petroleum va déboucher en 2019 sur une nouvelle campagne. Celle-ci devrait démarrer dans la première moitié de l’année et couvrira initialement les zones R3 East et R3 Central, avant de se concentrer probablement sur la zone R1 Dinga 3D et, éventuellement, dans la zone R2 Dinga Ridge. Pour l’instant, la société n’a pas communiqué sur l’étendue de la campagne mais elle devrait être aussi large que la précédente.
Par ailleurs, Savannah Petroleum prévoit de commencer progressivement, suivant le modèle Early Production Scheme (EPS), la production des ressources découvertes l’année dernière. Au total, elle envisage de produire 1000 barils par jour d’huile avant la fin du premier trimestre. Une production qui passera à 5000 barils par jour, plus tard dans l’année et qui entre dans le cadre des efforts du gouvernement pour faire passer la production nationale de 20 000 à 110 000 barils par jour d’ici à 2021. La réalisation de ce projet ambitieux prendra progressivement corps grâce au lancement de ces deux étapes.
Tchad : un nouveau projet intégré de pétrole et de gaz entrera en production
En octobre dernier, la société pétrolière taïwanaise CPC Corporation a annoncé le démarrage d’un projet qui permettra d’extraire 9800 barils de pétrole et 35 000 mètres cubes de gaz naturel par jour. Techniquement ce volume est marginal par rapport à la production du pays, mais il s’agira de l’un des premiers projets lancés dans le pays ces dernières années.
D’un autre côté, ce projet sera, pour CPC, son plus grand projet de production en dehors du territoire taïwanais. En 2016, CPC a cédé la moitié de ses actifs d’exploration pétrolière au Tchad au conglomérat chinois CEFC Energy pour réduire la charge financière liée à la réalisation du projet.
Pour rappel, en 2004, Taipei et Ndjamena avaient signé un accord préliminaire de coopération dans l’exploration pétrolière. En effet, l’île d’Asie de l’Est cherchait alors à atteindre l’autosuffisance énergétique et comptait, pour y arriver, s’appuyer sur le pays d’Afrique centrale. Deux ans plus tard, en 2006, CPC avait signé des contrats d’opérations conjointes avec le Tchad pour garantir ses droits de prospection.
Guinée Equatoriale : cap sur l’exploration !
Le gouvernement de la Guinée Equatoriale devrait lancer, dans les prochains jours, un nouveau cycle d’octroi de licences pour l’exploration pétrolière et gazière. Selon des informations fournies en septembre dernier par le ministre du pétrole Gabriel Obiang Lima, les blocs concernés par ce cycle sont situés en onshore et en eaux ultra profondes. On ne sait cependant pas encore combien de blocs seront ouverts au marché dans le cadre de cette opération.
Ce cycle de licences pourra permettre aux explorateurs de mieux comprendre les enjeux énergétiques dans les eaux équato-guinéennes qui restent peu explorées. Ceci, malgré un potentiel impressionnant, à en croire les campagnes précédentes.
C’est surtout l’occasion offerte au gouvernement de s’allier à des explorateurs solides techniquement et financièrement, pour développer les éventuelles ressources découvertes. En effet, le revers de Malabo dans le cadre du projet Fortuna FLNG devrait être un motif pour demander plus de garanties aux compagnies qui voudront entrer dans ses eaux. Le bloc R qui contient la découverte gazière Fortuna vient de retourner dans le portefeuille de l’Etat après qu’Ophir ait échoué à financer la monétisation du gaz et à trouver un repreneur pour ses actifs sur place.
Angola : un programme de forages sur l’un des blocs les plus prolifiques du pays
En décembre dernier, le producteur italien Eni a fait savoir qu’il démarrera une campagne de forage de quatre nouveaux puits sur le bloc 15/06, l’un des plus prolifiques du pays. Aucune date n’a été annoncée pour le début des activités mais les analystes s’attendent à d’importantes découvertes d’hydrocarbures comme les récents succès sur place. Il faut savoir que, pour Eni, ces travaux entrent dans le cadre de son projet édicté depuis 2017 qui consiste à ajouter 50 000 barils par jour supplémentaires à sa production dans le pays.
Le dernier puits foré sur place en décembre dernier, Afoxé-1 NFW contient entre 170 et 200 millions de barils de pétrole léger.
En outre, le pays lancera un appel d’offres international pour ses champs marginaux en juin prochain lors de l’Africa Oil & Power. Ce sera le premier appel d’offres lancé sous le nouveau pouvoir qui travaille à opérer des réformes notamment au sein de Sonangol afin de rendre le marché plus dynamique.
Ghana : le boom programmé de la production de pétrole et de gaz
Cette année, le Ghana devrait changer de statut et devenir l’un des plus importants pôles de l’exploration pétro-gazière en Afrique avec un plan de forages de sept puits sur les champs TEN et Jubilee, de Tullow Oil. Cela permettra d’augmenter la production brute de pétrole du Ghana à environ 180 000 barils par jour.
Paul McDade, PDG de Tullow Oil, a déclaré : « Tullow est bien placée pour réaliser ses ambitions de croissance. En 2019, nous augmenterons la production de pétrole en Afrique de l’Ouest, ciblerons les décisions finales d’investissement en Afrique de l’Est. »
La société envisage surtout de se positionner sur les plus importants cycles de licence dans le Golfe de Guinée, une région particulièrement attirante pour l’industrie où on voit ces dernières années des géants comme Exxon Mobil ou Total dans les starting blocks pour acquérir des périmètres.
En 2019, l’Afrique devra confirmer qu’elle est la nouvelle destination la plus attirante de l’industrie. Les cours du marché devraient demeurer dans la fourchette des 60-70 dollars le baril, selon l’économiste français Philippe Chalmin. Cela est de bon augure pour l’arrivée de nouveaux investissements et donc pour la révélation du potentiel des nouveaux bassins sous-explorés du continent.