Le PIB a progressé de 2,5 % en 2017, soit la plus forte croissance annuelle depuis 2011. Certains indicateurs suggèrent déjà une perte de vitesse en début 2018, qui confirme notre scénario de ralentissement. La croissance devrait en effet s’établir à 2 % en 2018 et 1,9 % en 2019.
La croissance des exportations restera dynamique, portée par la bonne tenue du commerce internationale, mais l’investissement devrait s’affaiblir en 2018-2019. Les incertitudes liées à une montée du protectionnisme, problématique pour les très nombreuses industries orientées vers l’exportation, se sont déjà reflétés dans les enquêtes d’opinion auprès des entrepreneurs, qui montrent une dégradation de la confiance au S1-18. Malgré le bon dynamisme des salaires, la consommation devrait ralentir du fait de la hausse des prix énergétiques, qui pénalise le pouvoir d’achat, ainsi que d’une légère remontée du taux d’épargne des ménages. La vigueur du marché du travail, caractérisée par la croissance de l’emploi et des rémunérations (secteur public et secteur des métaux), n’a jusqu’à présent généré qu’une inflation très modérée. Or, les enquêtes dans le secteur de l’industrie indiquent des difficultés de recrutement, et donc des contraintes du côté de l’offre qui pourraient se traduire à terme par une hausse de l’inflation. La hausse du prix du pétrole pèse déjà sur les prix à la consommation, qui devraient progresser de 2 % en 2018 et de 1,7 % en 2019 (contre une moyenne de 0,8 % en 2015-2017).
L’orientation de la politique budgétaire restera légèrement expansionniste avec une hausse des investissements publics dans le logement social et les infrastructures. L’accord du gouvernement de coalition prévoit également des allégements fiscaux (suppression progressive de l’impôt de solidarité payé par les Allemands de l’Ouest après la réunification) et des dépenses additionnelles consacrées à la famille. Le gouvernement maintiendra néanmoins un excédent budgétaire.
Les rendements obligataires continueront à croître de façon très modérée (le taux moyen des Bunds 10 ans a été de 0,5 % au S1-18 contre 0,4 % en 2017) de sorte que les conditions monétaires restent très favorables. Les principaux risques pesant sur notre scénario sont ceux d’une politique commerciale américaine plus protectionniste ou d’une sortie désordonnée du Royaume-Uni de l’UE. À plus long terme, le faible dynamisme démographique de l’Allemagne, avec la population en âge de travailler en déclin, limiterait de plus en plus la croissance potentielle.