La Banque Africaine de Développement (BAD) vient de mettre à jour ses perspectives de croissance pour le continent Africain à l’ère du Covid-19. Le « Supplément » de la BAD met en relief la détérioration des fondamentaux économiques dans le Continent Noir, lequel est mal préparé à affronter les effets néfastes de la pandémie. La BAD prévoit une contraction du PIB réel de 1,7% en 2020, soit une baisse de 5,6 points de pourcentage par rapport aux projections de janvier 2020 qui précédaient l’apparition de la COVID–19.
Les pertes cumulées du PIB pourraient se chiffrer entre 173,1 et 236,7 milliards d’USD entre 2020 et 2021. Une baisse de 3,4% de la croissance est prévue si la pandémie perdure au-delà du premier semestre de l’année fatidique.
La Tunisie qui a montré une forte résistance au choc sanitaire sombrera dans une profonde récession en 2020 en enregistrant une croissance négative de 3,4% à 4% selon les scénarii.
La crise du covid-19 entraînerait un ralentissement de la croissance de 5,5 à 6 ,6 points de pourcentage. « Cette perte de croissance contribuerait à une augmentation du déficit budgétaire d’au moins 2 points de pourcentage par rapport aux projections initiales, sous l’effet attendu d’une perte de recettes fiscales liée à la contraction de l’activité économique », souligne le rapport de la BAD.
La disette des finances publiques se traduira par l’accroissement des besoins de financement budgétaire de 30 à50% par rapport au budget initial 2020 estimé à 11,4 milliards de dinars, soit un besoin de financement allant de de 15 à 17 milliards de dinars.
Le déficit courant atteindrait 12% du PIB au minimum
Grosso modo, la BAD prévoit un creusement des déficits jumeaux et des indicateurs macroéconomiques au rouge pour l’économie tunisienne.
Selon le même document et « Malgré la baisse attendue de la facture pétrolière due à la chute des prix du pétrole, le déficit du compte courant devrait augmenter de 2,1 à 2,3 points de pourcentage par rapport aux prévisions sans COVID–19, en raison du ralentissement attendu du secteur du tourisme et de la diminution des transferts de fonds des migrants et des exportations.
Ainsi le déficit courant devra s’élargir pour atteindre les 12% du PIB selon le scénario de base et 12,2% selon le scénario pessimiste.
Le solde budgétaire passera de -3,7% prévu initialement à -5,8% voire -6% du PIB au pire.
Par ailleurs et malgré la contraction de l’inflation au cours des quatre mois de l’année, l’institution internationale table sur une envolée de l’inflation au seuil de 7,2% et qui pourrait grimper à 8% selon le scénario pessimiste.
« L’amélioration relative de la situation macroéconomique attendue en 2021 dépendra des conditions économiques en Europe et dans le monde », estime toutefois le rapport.
Toute chose étant égale par ailleurs, la facture socio-économique sera très salée.
La pandémie alourdira la charge de la dette souveraine des pays du Continent.Entre 28,2 et 49,2 millions d’Africains pourraient basculer dans l’extrême pauvreté et quelque 25 à 30 millions d’emplois seront perdus.