La Banque Centrale de Tunisie (BCT) vient de publier une note sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives à moyen terme (août 2020). Le document précise qu’au vu des résultats de l’exercice de prévision du mois de juillet 2020, le processus désinflationniste devrait se poursuivre au cours de la période à venir : « L’inflation devrait connaître un net repli au cours du troisième trimestre de l’année 2020, après le rebond « conjoncturel» enregistré au cours du 2ème trimestre 2020, pour s’établir à 5,4%, en moyenne, après 6,1% au T2-2020 et 6,6% au T3- 2019 ».
Cette décélération, explique l’institut d’émission, serait favorisée, d’une part, par un effet de base favorable soutenu par l’estompement de l’effet de l’ajustement à la hausse du prix du tabac au cours des mois d’août et de septembre 2019 et, d’autre part, par la poursuite de l’ajustement à la baisse des prix à la pompe conjugué à l’absence de pression particulière sur les prix des produits alimentaires frais et à la baisse saisonnière des prix de l’habillement et des chaussures.
La BCT s’attend également à une poursuite du ralentissement graduel de la principale mesure de l’inflation sous-jacente au 3ème trimestre 2020, pour atteindre 5,8% en moyenne contre 5,9% un trimestre auparavant : « Le maintien des deux mesures de l’inflation sous-jacente à des niveaux encore élevés pourrait freiner une décélération rapide de l’inflation dans les mois à venir ».
Un creusement sensible du solde budgétaire à -3.847 MDT
Toujours selon le même document, les résultats d’exécution du budget de l’Etat, au titre du premier semestre de l’année 2020, indiquent un creusement sensible du solde budgétaire à -3.847 MDT contre -2.464 MDT un an auparavant. Cette détérioration, souligne la BCT, trouve son origine dans une baisse des ressources propres, de -11,9%, plus forte que celle des dépenses (hors service de la dette), de seulement -1,2% (contre +18,3% au cours de la première moitié de 2019).
Les recettes fiscales en baisse de -11,4% à fin juin 2020 contre une hausse notable de 18%
Au niveau des ressources de l’Etat, et comparativement au premier semestre 2019, la même source indique que les recettes fiscales se sont élevées à 12.760 MDT, à fin juin 2020, en baisse de -11,4% contre une hausse notable de 18%. Ceci traduit les retombées économiques de la crise sanitaire de la Covid-19 et les mesures prises pour l’endiguer (en particulier, le confinement général).
La régression des revenus fiscaux a touché les recettes d’impôt aussi bien direct (-9% contre une importante hausse de 40,4%), qu’indirect (-13,4% contre +3,9%).
Les recettes de la TVA reculent de -580 MDT, soit une baisse de -15,5%
« Au niveau des impôts directs, l’impôt sur les sociétés a chuté de -18.7% (ou -391 MDT) après avoir augmenté de + 40,3% une année auparavant. Quant aux impôts indirects, des baisses substantielles ont marqué toutes leurs composantes, et en particulier les recettes de la TVA (-15,5% ou -580 MDT) et des autres impôts indirects (-13% ou -268 MDT) », relève la BCT.
Vers une forte contraction des dépenses en capital de -20,3%
Quant aux dépenses de l’Etat, hors service de la dette, elles se sont établies, au terme du mois de juin 2020, à 16,1 milliards de dinars, en légère baisse de -1,2% par rapport aux réalisations d’un an auparavant : « Cette baisse cache, toutefois, une évolution mitigée des composantes. D’une part, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une hausse marquante (+11,5%, en G.A., ou +1.262 MDT), provenant essentiellement de l’augmentation de la masse salariale (+14%, en G.A., +1.162 MDT) et des interventions et transferts (+5,4%, en G.A., +113,2 MDT). D’autre part, on notera une forte contraction des dépenses en capital (-20,3%, en G.A., ou -589,4 MDT) ».
Faut-il noter que la baisse notable des dépenses en capital est susceptible d’entraver la relance au cours de la phase post-Covid, considérant l’effet d’entrainement de l’investissement public sur l’investissement privé et le partenariat public-privé (PPP), ce qui est de nature à impacter le rythme de l’activité et de l’emploi.
Les remboursements du service de la dette publique se sont élevés à 6.694 MDT à fin juin 2020
S’agissant du service de la dette publique, les remboursements se sont élevés, à fin juin 2020, à 6.694 MDT (contre 5.348 MDT un an auparavant), dont 3.918 MDT au titre de la dette extérieure (contre 3.379 MDT à fin juin 2019) et 2.776 MDT de la dette intérieure (contre 1.969 MDT un an auparavant).
Entre autres, la Banque Centrale a fait savoir qu’il y a eu un recours aux ressources d’emprunt intérieures, afin de pallier les besoins de financement du budget de l’Etat, qui s’est accentué durant le premier semestre de 2020 : « l’emprunt intérieur a augmenté sensiblement, passant de 2.248 MDT, au premier semestre 2019, à 3.250 MDT, à fin juin 2020. Egalement, l’emprunt extérieur a augmenté de 3.128 MDT à 3.939 MDT, durant ladite période ».
L’institut d’émission a fait ressortir qu’après une relative stabilisation en 2019, l’encours de la dette publique a de nouveau augmenté pour atteindre 89,4 milliards de dinars, à fin juin 2020, en hausse de 8,3%, par rapport à son niveau de fin décembre 2019. Cette évolution, indique la BCT, porte la marque d’une progression de 21% (ou +5.027 MDT) de la dette intérieure et de 3,1% (ou +1.837 MDT) de la dette extérieure.
Le dinar s’est apprécié de 2,9% face à l’euro sur un an
En ce qui concerne le taux de change et comparativement au mois de mai 2020, sur un an, le taux de change du dinar s’est apprécié en juin 2020 de 2,9% (G.A.) face à l’euro et de 2,4% face au dollar américain, et ce, après 5,8% et 3,1% respectivement, un mois auparavant.