Le taux de croissance en Tunisie devrait atteindre 3% en 2022, 3,5% en 2023 et se replier à 3,3% en 2024, d’après le rapport « Perspectives économiques mondiales » (Juin 2022), publié mardi, par la Banque Mondiale (BM).
« Le pays est confronté à des conditions économiques difficiles, avec une grande incertitude politique, une faible mise en œuvre des réformes et d’importants déficits budgétaire et courant », a souligné la BM qui a poursuivi:
« En Egypte et en Tunisie, les subventions alimentaires et énergétiques contribueront à la détérioration des soldes budgétaires. »
Et de rappeler que la Tunisie figure parmi les pays les plus vulnérables aux problèmes de changement climatique et au conflit russo-ukrainien, étant donné la « forte dépendance aux importations alimentaires en provenance de Russie et d’Ukraine ».
Au niveau régional, la BM s’attend à une croissance moyenne de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) de 5,3 % en 2022, soit le rythme le plus rapide depuis une décennie, stimulée par la forte croissance des pays exportateurs de pétrole, et la régression généralisée des effets néfastes de la pandémie dans les pays largement vaccinés.
Toutefois, cette croissance « masque des situations très hétérogènes et une tendance à la baisse, avec un brusque ralentissement attendu en 2023 et 2024 dans toute la région » a précisé l’Institution.
A l’échelle mondiale, la croissance devrait chuter de 5,7% en 2021, 2,9 % en 2022, soit nettement moins que les 4,1% prévus en janvier dernier. Ce rythme de croissance devrait perdurer jusqu’en 2023-2024, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, qui perturbe fortement l’activité, l’investissement et le commerce à court terme, par le tassement des effets de rattrapage de la demande et par la levée progressive des mesures de soutien budgétaire et d’accompagnement monétaire ».
Il est à noter que l’édition de juin des « Perspectives économiques mondiales » fournit la première comparaison systématique des conditions économiques mondiales actuelles avec la stagflation des années 1970, en évaluant tout particulièrement la façon dont la stagflation pourrait affecter les économies de marché émergentes et en développement.
« Les économies en développement devront trouver un équilibre permettant à la fois d’assurer la viabilité budgétaire et d’atténuer les effets de la conjugaison des crises actuelles sur leurs populations les plus pauvres », a souligné Ayhan Kose, directeur du département Perspectives de la Banque mondiale, recommandant de communiquer clairement sur les décisions de politique monétaire, de s’appuyer sur des cadres de politique monétaire crédibles et protéger l’indépendance des banques centrales, ce qui permettra d’ancrer efficacement les anticipations d’inflation et de réduire l’ampleur du resserrement nécessaire pour obtenir les effets souhaités sur l’inflation et l’activité.