Les pays en développement vont devoir stimuler leur croissance plus rapidement pour faire face à la hausse des coûts d’emprunts, a mis en garde la Banque mondiale.
Les marchés émergents ont emprunté un montant record sur les marchés en janvier, levant 47 milliards de dollars grâce, notamment, aux emprunts réalisés par des économies jugées moins risquées par les investisseurs, comme l’Arabie saoudite, le Mexique et la Roumanie.
Les émetteurs jugés plus risqués ont de leur côté commencé à emprunter à des taux plus élevés : le Kenya a récemment payé plus de 10% sur une nouvelle souche, le seuil au-delà duquel le coût de l’emprunt est jugé insupportable.
« Dans ce contexte, il faut croître beaucoup plus vite », a déclaré Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale, au cours d’un entretien avec Reuters à Londres mardi.
« Si j’avais une hypothèque avec un taux à 10%, je serais inquiet », a-t-il ajouté.
Ayhan Kose a reconnu qu’une croissance plus rapide, et qu’un taux de croissance réel supérieur au coût réel de l’emprunt, pourrait s’avérer difficile à réaliser.
Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié en janvier, la Banque mondiale avait prévenu que l’économie mondiale allait ralentir entre 2020 et 2024, et que le ralentissement de la croissance serait plus marqué dans les économies émergentes. Selon Ayhan Kose, cette situation remet en question de nombreux objectifs en matière d’éducation, de santé et de dépenses climatiques.
« Je pense qu’il sera difficile, voire impossible, d’atteindre ces objectifs », résume Ayhan Kose.
Une escalade du conflit au Moyen-Orient fait peser un autre risque sur la croissance, avec l’impact de politiques monétaires plus restrictives et le ralentissement du commerce mondial.
« Le commerce a été un moteur essentiel pour réduire la pauvreté et constitue pour les économies émergentes une source essentielle de revenus », a déclaré Ayhan Kose.
RESTRUCTURATION
Si la croissance reste faible, certaines économies émergentes pourraient devoir restructurer leur dette, a ajouté Ayhan Kose, en étalant les échéances ou en convenant de décotes avec les créanciers.
« Tôt ou tard, il faudra restructurer la dette et disposer d’un cadre opérationnel » pour le faire, a-t-il déclaré. « Cela ne s’est pas produit comme la communauté mondiale l’espérait ».
Les pays du G20 ont lancé un cadre commun destiné à encadrer et simplifier les processus de restructuration en 2020.
Mais le processus a connu des retards, et la Zambie est restée en défaut de paiement pendant plus de trois ans.
« Si la croissance reste faible et que les conditions de financement restent restrictives, il n’y aura pas de solution facile pour sortir de ce problème. Mais si la croissance augmente magiquement, ces