Face à l’augmentation de la faim dans le monde, la Banque mondiale vient en aide aux personnes vulnérables aujourd’hui et demain. L’augmentation de la faim et de l’insécurité alimentaire fait les gros titres dans le monde entier.
Les conflits, les chocs économiques et les phénomènes météorologiques extrêmes sont responsables de l’augmentation de la faim dans le monde depuis 2014. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 688 millions de personnes ont souffert de la faim en 2019, contre 624 millions en 2014. En perturbant les chaînes d’approvisionnement, la pandémie du covid-19 a aggravé l’insécurité alimentaire. Conjuguée à la dépréciation des monnaies et à d’autres facteurs, cette situation a fait grimper les prix des aliments de base comme le blé et le maïs. Les cours mondiaux des produits agricoles de base sont aujourd’hui 40% plus élevés qu’en janvier 2020. Parallèlement, la pandémie a détruit des moyens de subsistance et des emplois et fait chuter les revenus, privant un nombre croissant de personnes de la possibilité de nourrir leur famille. En conséquence, le nombre de personnes confrontées à une « insécurité alimentaire aiguë » (qui désigne une situation dans laquelle la vie ou les moyens d’existence d’une personne sont en péril imminent parce que celle-ci n’est pas en mesure de s’alimenter de manière adéquate) est sur le point de doubler pour atteindre 272 millions d’individus, selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies.
La Banque mondiale collabore avec des pays du monde entier pour s’assurer que les systèmes alimentaires continuent de fonctionner malgré les difficultés engendrées par la pandémie du covid-19, et pour améliorer la sécurité alimentaire des plus vulnérables, aujourd’hui et demain. « La lutte contre l’insécurité alimentaire passe par des interventions visant à garantir que la population dispose d’une alimentation suffisante et nutritive à court comme à long terme », explique Martien van Nieuwkoop, directeur mondial du pôle Agriculture et alimentation à la Banque mondiale. « Les filets de protection sociale et les programmes de soutien aux moyens de subsistance améliorent la sécurité alimentaire des personnes vulnérables et les aident à surmonter les effets dévastateurs de la pandémie du covid-19 et à se relever. Il faut également transformer le système alimentaire de sorte qu’il contribue à la santé des populations, ainsi qu’à la santé de la planète et des économies pour les décennies à venir. » Selon un rapport de Fews Net datant de novembre 2020, en Afghanistan, ce sont 6,8 millions de personnes qui risquent de souffrir d’insécurité alimentaire aiguë pendant la période creuse qui court normalement de mars à juillet. Du fait des conflits, de la sécheresse, du chômage élevé et d’une croissance économique atone, les familles afghanes à faible revenu peinent à se nourrir, tant dans les zones urbaines que rurales.
Un travailleur journalier
La pandémie a entraîné des confinements, la fermeture de frontières et perturbé les activités génératrices de revenus, aggravant le problème de la faim dans le pays. Au début de la pandémie, Abdul Hadi, un travailleur journalier habitant le village de Mandozai, dans le district de Mihtarlam, a eu du mal à nourrir ses huit enfants. « En ce moment, il est impossible de trouver un emploi à cause de la pandémie du coronavirus », explique-t-il. « Il nous est arrivé plusieurs soirs de partir nous coucher le ventre vide». La Banque mondiale aide le gouvernement afghan à déployer le programme Dastarkhwan-e Meli — littéralement « la table à manger » —, qui lutte contre la faim et le chômage au sein des communautés les plus vulnérables du pays. En mai 2021, près de 750.000 ménages avaient reçu des colis contenant 2 à 3 semaines de denrées essentielles : huile alimentaire, riz, haricots et farine. Dans le même temps, le projet d’urgence pour l’agriculture et l’approvisionnement alimentaire (Eats) stimule la production locale en apportant une aide aux agriculteurs touchés par la pandémie. Afin d’accroître la production de blé et de réduire la dépendance vis-à-vis des importations, le projet finance la distribution de lots de semences de blé certifiées à un tarif subventionné. A ce jour, 13.471 tonnes de semences ont ainsi été distribuées à 269.000 agriculteurs dans 34 provinces à travers le pays. Une plus grande disponibilité de semences certifiées pourrait transformer le système alimentaire afghan, où les semences de qualité sont difficiles à trouver. Cette démarche est essentielle pour augmenter la productivité agricole et améliorer la sécurité alimentaire des ménages vulnérables.
Selon le Programme alimentaire mondial, les travailleurs agricoles kirghizes, dont les revenus diminuent pendant la saison creuse, sont particulièrement exposés à l’insécurité alimentaire. Grâce à un financement du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (Gafsp), la Banque soutient les agriculteurs sur le long terme en leur fournissant des techniques d’irrigation améliorées qui permettent d’économiser l’eau et d’accroître la productivité sur plus de 10.000 hectares de terres agricoles. A ce jour, plus de 5.000 agriculteurs en ont bénéficié. « L’eau est précieuse pour nous et nous savons en apprécier la moindre goutte. Chaque goutte d’eau améliore la qualité de vie de nos familles », témoigne Rabykan Syunova, un agriculteur de la région de Djalal-Abad. Le projet distribuera également des semences de légumes et des engrais à environ 5 380 agriculteurs afin que la récolte soit bonne en 2021. Les agriculteurs gagneront ainsi suffisamment d’argent pour acheter des produits de première nécessité et subvenir aux besoins de leur famille. C’est particulièrement important aujourd’hui, car près de 40.000 personnes, dont de nombreux travailleurs migrants, ont perdu leur emploi à cause de la pandémie du covid-19. Enfin, des programmes communautaires d’éducation nutritionnelle aident les habitants à acquérir des connaissances pratiques pour améliorer leur alimentation et celle de leur famille. A ce jour, plus de 2.000 personnes ont reçu des semences potagères et appris à faire pousser des aliments nutritifs dans leur jardin.