La Banque Centrale de Tunisie (BCT) a publié hier son rapport annuel 2019. L’institut d’émission souligne que l’année 2020, supposée être l’année de la relance de l’économie nationale, a enregistré une inflexion négative des indicateurs conjoncturels, particulièrement à partir du mois de mars, en relation avec les retombées du COVID-19, laissant présager une chute brutale de la croissance économique et, partant, une révision des équilibres économiques et financiers globaux. Le contexte actuel exige une politique économique prudente. En effet, la pandémie a causé une paralysie, sans précédent, de l’économie touchant aussi bien l’offre que la demande, particulièrement celle provenant de la Zone Euro.
Dans ce contexte de fortes incertitudes, et malgré les marges de manœuvre monétaires et budgétaires limitées, la BCT a décidé d’agir de manière proactive en mettant en œuvre une panoplie de mesures exceptionnelles de nature à appuyer l’action du Gouvernement afin de limiter les répercussions de l’épidémie sur l’activité économique et soutenir les entreprises ainsi que les catégories sociales les plus affectées. Ces mesures, conjuguées à l’explosion des dépenses sanitaires, ne manqueront pas de peser lourdement sur les équilibres globaux et se traduiront par une hausse importante des besoins de financement et une aggravation de l’endettement et du déficit budgétaire.
Les recettes non fiscales en légère hausse de 0,8% en 2019
Totalisant un montant avoisinant 3.465,9 MDT, les recettes non fiscales ont connu en 2019 une hausse de 0,8% par rapport à l’année précédente provenant, essentiellement, de l’accroissement des revenus des participations qui ont poursuivi leur tendance haussière soit, 69,1% en rapport avec la budgétisation des bénéfices de la Banque centrale de Tunisie et l’accroissement des recettes de privatisations, dons et revenus confisqués et ce, en dépit de la baisse de la redevance du gazoduc transcontinental suite à la contraction de la quantité de gaz algérien transitant via le territoire national vers l’Italie.
Vers un accroissement plus prononcé des recettes non fiscales (+21,6%)
L’institut d’émission souligne que pour l’année 2020, les prévisions tablent sur un accroissement plus prononcé des recettes non fiscales (21,6% contre 0,8%) sous l’effet, notamment, de la reprise escomptée des recettes des redevances sur le Gazoduc liée à la prorogation de l’accord sur le gazoduc algérien transitant par la Tunisie pour une durée supplémentaire de 10 ans à partir du 1er Octobre 2019 ainsi qu’une augmentation de 30% des revenus des participations qui serait due à l’amélioration de la performance de certaines entreprises publiques. « Une tendance qui serait partiellement contrecarrée par un repli des revenus provenant des privatisations, dons et des revenus confisqués », ajoute la BCT.
Les dépenses de fonctionnement poursuivent leur courbe ascendante
En 2019, les dépenses totales de l’Etat ont enregistré un accroissement de 11,9% contre 10,1% une année auparavant pour s’établir à 42.254,3 MDT. La BCT explique cette évolution principalement, par la poursuite de la hausse des dépenses de fonctionnement surtout celles ayant trait aux rubriques des salaires et de la compensation, outre la progression des dépenses liées aux intérêts de la dette.
Les IDEs poursuivent leur baisse
D’un autre côté, touchés par les incertitudes entourant les politiques économiques et commerciales, ainsi que par recrudescence des risques géopolitiques, la BCT précise que les investissements directs étrangers (IDE) ont poursuivi, en 2019, leur baisse bien qu’à un rythme moins prononcé qu’une année auparavant (-1% contre -5,6%), revenant à 1.394 milliards de dollars.
Le renforcement des réformes structurelles s’impose
In fine, le gouverneur de la BCT, a fait savoir lors de son mot d’ouverture dans le rapport, que les perspectives de l’année 2020 restent difficiles et aléatoires partout à travers le monde, dépendant de la durée de la crise, de la réussite des mesures de soutien pendant la période de confinement mais aussi de la rapidité de la reprise et du risque d’un rebondissement d’une nouvelle vague de pandémie. Dans ce contexte, ajoute-t-il, il devient impératif aux autorités d’adopter un plan de relance qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale, globale et cohérente conciliant l’urgence du court terme et les aspirations du moyen et long terme.
Et de poursuivre : « Ce plan devrait se focaliser sur un retour rapide et sain de l’activité économique, qui était en hibernation pendant 3 mois, notamment les secteurs les plus touchés par la COVID-19. Il doit passer d’abord et avant tout, par un retour de l’activité du phosphate et des hydrocarbures qui causent des manques à gagner importants ainsi que la correction des vulnérabilités structurelles de l’économie tunisienne à travers le renforcement des réformes structurelles. Lesquelles réformes devraient permettre de changer le modèle de développement économique et social et de repositionner la Tunisie au sein de son environnement régional et international profondément touché par la pandémie».