Selon les dernières analyses, les chocs successifs induits par la pandémie COVID-19, la guerre en Ukraine et le ralentissement économique généralisé dans un contexte de durcissement des conditions financières mondiales constituent un sérieux revers pour la relance économique mondiale.
En Tunisie, et malgré une bonne saison touristique et des flux croissants et conséquents de notre diaspora, la situation est plus compliquée, avec l’ajout d’autres facteurs qui ont des conséquences négatives à savoir, la sécheresse aigüe et son impact sur la production agricole, les pressions inflationnistes, le déséquilibre budgétaire de l’Etat et le resserrement des financements étrangers.
Cette situation difficile a retardé la reprise de la chaine productive de notre économie, selon l’Institut National de la Statistique (INS), la croissance économique a enregistré un repli de 0,2% au cours du 3ème trimestre 2023 par rapport à la même période de 2022 (glissement annuel) contre une croissance de 1,8% et 0,6% durant le 1er et le 2ème trimestre de l’année 2023.
En revanche, les prévisions du Fonds Monétaire International (FMI), publiées en octobre 2023, ont maintenu la croissance économique mondiale inchangée à un niveau de 3% pour l’année 2023 contre 3,5% réalisée en 2022, tandis que les prévisions pour l’année 2024 ont été légèrement révisées à la baisse et ce, de l’ordre de 0,1 point de pourcentage comparativement aux prévisions du mois de juillet dernier, pour la ramener à 2,9%.
Pour les pays développés, l’activité économique devrait enregistrer un net ralentissement au cours des années 2023 et 2024, avec des croissances respectivement de 1,5% et 1,4%, et ce, sous l’effet principalement de la montée de l’inflation et de la réaction rigoureuse des institutions d’émissions pour imposer des politiques monétaires défensives.
Concernant notre principal partenaire, la Zone Euro, l’activité économique devrait ralentir davantage aux cours des années 2023 et 2024, avec des taux de croissances espérés de 0,7% et 1,2%, respectivement, contre 0,9% et 1,5% prévues initialement, et 3,3% réalisé en 2022. Cette contreperformance est la conséquence de la mauvaise tenue du secteur manufacturier.
Contrairement à la tendance générale de la zone Euro, les prévisions de croissance aux États-Unis ont été revues à la hausse, la consommation et l’investissement ayant fait preuve de résilience. A ce titre, le PIB clôturerait l’année 2023 avec 2,1% et l’année 2024 avec 1,5%.
Dans le même sillage, de nombreux pays émergents se sont également révélés résilients, à l’exception marquante de la Chine, confrontée toujours aux contraintes liées à la crise de l’immobilier et la baisse de la confiance.
A cet égard, selon le FMI, le taux de croissance moyen des pays émergents serait de 4% en 2023 et 2024.
Par ailleurs, la Chine devrait enregistrer un sursaut de l’activité économique de 5% en 2023 contre 3% réalisé en 2022.
Sur le volet national, les conséquences de la guerre en Ukraine ont secoué une reprise timide post-crise sanitaire. A cet égard, après une régression économique de 8,7% en 2020, et une reprise de croissance en 2021 et 2022, respectivement de 4,5% et 2,8%, la croissance au titre de l’année 2023 serait de 0,9% contre 1,8% prévu initialement selon le rapport établi par le Ministère des Finances à l’occasion de la loi de finances pour l’année 2024. Cette prestation est tributaire de plusieurs facteurs, la faiblesse de la pluviométrie pendant une période assez longue, ce qui a affaibli la productivité agricole et par conséquence un recours sans précédent à l’importation des produits agricoles, ensuite la persistance de la stagnation du rythme de la production extractive, ce qui a dépourvu l’Etat d’une recette additionnelle en devises, et enfin la diminution de la demande émanant de la Zone Euro affectant surtout les industries manufacturières.
A contrario, durant l’année 2023, l’économie Tunisienne, devrait bénéficier de la bonne performance des deux secteurs qui ont pu se distinguer ; le tourisme et les industries mécaniques et électriques.
Il est important de noter que les pressions inflationnistes affichent une tendance haussière jamais vue depuis les années 1990, cette tendance est alimentée principalement par la hausse des cours internationaux du pétrole et des produits agricoles importés par la Tunisie. En effet, au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, l’inflation moyenne du pays s’est établie à 9,7% contre 7,8% durant la même période de l’année 2022. Cette hausse est imputable, essentiellement, à l’accroissement du rythme d’évolution des prix des produits alimentaires et ceux des services.
Concernant les échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur, les exportations ont augmenté de 7,6% durant les onze premiers mois de l’année 2023, contre une hausse de 24% durant la même période de l’année 2022. Tandis que les importations ont enregistré une baisse de 3,7% contre une hausse de +33% durant la même période en 2022. Le résultat de cette bonne dynamique, un déficit commercial qui s’est allégé pour s’établir à un niveau de -16 543MD contre -23 296,5MD durant la même période de l’année 2022. Le taux de couverture a gagné 8,1 points par rapport à la même période de l’année 2022 pour s’établir à 77,2%.
Coté dette publique, selon le rapport publié par le Ministère des Finances à l’occasion de la préparation du Budget 2024, la dette extérieure Tunisienne représente 57,7% de la dette globale (dont 55,6% en Euro) qui a atteint à fin août 2023, 119 193MD.
Selon le même rapport, le niveau prévu de la dette globale de l’Etat atteindrait un montant de 139 976MD, ce qui représente 79,8% du PIB en 2024, contre un taux de 80,2% prévu en 2023. Comme conséquence à cette situation, la pression sur la finance publique continue sur une tendance haussière, à ce titre les charges en devises de la dette extérieure en 2024, s’élèveront à 12 314MD, avec un endettement supplémentaire étranger prévu pour 16 445MD durant l’année 2024.
Quant au Dinar Tunisien, au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, le taux de change a connu une dépréciation de 3,2%, en moyenne face à l’euro, et de 1,1% vis-à-vis du dollar américain.
Concernant l’activité Boursière durant l’année 2023, le bilan est acceptable dans l’ensemble, comparé à une situation économique globalement difficile.
La résistance pour la troisième année consécutive, de notre marché est liée principalement à la solidité financière de la majorité des sociétés cotées. A cet égard, le résultat global de l’exercice 2022 des 68 sociétés qui ont publié leurs états financiers, sur l’ensemble des 78 sociétés cotées, s’est amélioré de 10,4% par rapport à l’exercice 2021, pour atteindre un montant de 2 331MD contre 2 112MD. Les montants distribués en dividendes ont totalisé 1 249MD, au titre de l’exercice 2022, contre 1 141MD pour 2021.
Cette résistance a été confirmée mais à moindre intensité par les réalisations enregistrées durant le premier semestre 2023. A cet égard, le résultat semestriel global des 68 sociétés cotées qui ont publié leurs états financiers semestriels, affiche une progression, certes modeste, de 3,7% par rapport à la même période de l’année 2022, pour atteindre un montant de 1 343MD contre 1 295MD.
En fin, Les indicateurs d’activité des sociétés cotées, sur les 9 premiers mois de l’année 2023, font ressortir un revenu global en hausse de 5,8% par rapport à la même période de l’année 2022, pour atteindre 16,9 milliards de dinars contre 16 milliards de dinars.
Au terme de l’année 2023, l’activité boursière a clôturé sur une note positive. L’indice de référence de la Bourse de Tunis, Tunindex, a enchainé une nouvelle hausse de 7,90% pour la troisième année, après celles de 2022 (14,74%) et de 2021 (2,34%).
En fin, le montant global des émissions réalisées par les sociétés cotées et autorisées par le Conseil du Marché Financier a atteint 797MD pour 20 opérations. Ce nombre est réparti entre 13 emprunts obligataires qui ont porté au total sur 637MD et 7 augmentations de capital dont trois opérations en numéraire pour un montant levé de 121,7MD (y compris l’augmentation de capital d’Attijari Bank, réservée aux salariés).