Citroën tente depuis quelques mois de retirer sa représentation en Tunisie au groupe Loukil. L’affaire, qui est désormais entre les mains de la justice, a pris une très grande ampleur, non seulement en Tunisie, mais aussi en France. C’est pour cela que la chaîne « France 24 » a saisi le passage du président-directeur général du groupe Loukil, M. Bassem Loukil, sur son plateau. M. Loukil a expliqué les tenants et les aboutissants du contentieux avec Citroën.
Bassem Loukil, président-directeur général du groupe Loukil, a expliqué dans une interview diffusée samedi 6 juin 2021 sur la chaîne «France 24», les tenants et les aboutissants du contentieux qui oppose la société Aures auto, qui fait partie du groupe, avec la société Stellantis, groupe automobile né de la fusion entre le français PSA-Citroën et l’italo-américain Fiat-Chrysler.
Il a indiqué que l’histoire entre les deux sociétés a commencé en 2006 lorsque le groupe Loukil a acquis la société distributrice de la marque Citroën, une société en faillite, dont les
dettes s’élevaient à 57 millions de dinars. « Nous avons restructuré la société, l’avons développée et augmenté ses ventes et son chiffre d’affaires de sorte que sa part du marché tunisien est passé de 1% à 11% en une dizaine d’années, son effectif est passé de 100 à quelque 448 employés au cours des quatorze dernières années », a ajouté M. Loukil.
Une performance unique
Selon lui, tous ses efforts et cette persévérance ont permis à la marque Citroën à prendre le numéro 1 des ventes en Tunisie pendant cinq années successives, une performance que la marque n’a réalisé dans aucun marché, y compris en France. Il a précisé que Aures Auto a disposé, ce faisant, du plus grand réseau de vente en Afrique. Il a souligné que des rapports de confiance mutuelle ont été instaurés entre les deux partenaires. C’est pourquoi, lui-même, ses collaborateurs et tout le réseau de distribution ont été surpris et étonnés lorsque la société Stellantis, née de la fusion PSA-Citroën et Fiat-Chrysler, leur a fait savoir, fin 2020, qu’elle a décidé de résilier le contrat la liant à Aures Auto sous prétexte qu’elle compte prendre le contrôle de tout son réseau de distribution partout dans le monde.
« C’est leur choix stratégique, mais cela ne peut se faire à notre détriment, ni au détriment de milliers de personnes vivant directement ou indirectement de la société qui compte, comme je l’ai dit, 448 employés, et encore moins au détriment de 38 entreprises moyennes qui sont des distributeurs exclusifs de Citroën qui ont fait des investissements et se sont endettés auprès des banques », a précisé M. Loukil. D’après lui, Stellantis doit ou bien nous accorder un délai allant jusqu’à l’expiration du contrat qui la lie à Aures Auto, c’est-à-dire à la fin 2022, date de fin de la concession accordée aussi par l’Etat tunisien, ou bien négocier pour que nous lui cédions la société et son réseau de distribution en prenant en considération les importants investissements réalisés, les efforts entrepris avec persévérance pendant quinze ans pour bâtir le plus dense réseau de distribution en Afrique.
M. Loukil a déploré que la société Aures Auto ait été privée de pouvoir procéder aux services après-vente et d’honorer les engagements inscrits dans les garanties légales liées aux ventes, car, a-t-il révélé, l’appui technique a été interrompu depuis le 1er janvier 2021, outre l’arrêt total de la vente des voitures de la marque Citroën. « Nous ne comprenons pas cette situation, nous sommes pour le dialogue et la négociation, mais nous avons devant nous un mur de silence que nous ne nous expliquons pas », a-t-il conclu.