Le Forum Économique Mondial (FEM), en collaboration avec l’IACE pour la Tunisie, a publié un rapport crucial sur l’avenir du travail, dressant un panorama des transformations attendues d’ici 2030. Cette étude, basée sur une enquête auprès de 1 000 entreprises représentant 11,3 millions d’employés dans 50 pays, analyse les tendances économiques, technologiques et sociales qui façonneront le monde du travail de demain. L’analyse s’articule autour de quatre axes principaux : les tendances commerciales, les tendances professionnelles, les compétences requises et les stratégies de main-d’œuvre.
Un Changement Structurel Majeur : Impacts Globaux et Spécifiques à la Tunisie
À l’échelle mondiale, le rapport prévoit une transformation profonde pour 22 % des emplois actuels d’ici 2030. Cette évolution se traduira par une augmentation nette de 78 millions d’emplois, résultant de la création de 170 millions de nouveaux postes et de la suppression de 92 millions d’autres. En Tunisie, une transformation similaire est anticipée, touchant environ 20 % des emplois. On observe une croissance notable dans les secteurs technologiques, notamment ceux liés à l’intelligence artificielle (IA) et au Big Data. Parallèlement, les emplois d’ouvriers et de comptables connaissent un déclin en raison de l’automatisation croissante des tâches.
Les Obstacles à la Transformation : Défis Mondiaux et Réalités Tunisiennes
Plusieurs obstacles majeurs entravent cette transformation. Au niveau mondial, les principaux freins identifiés sont le ralentissement de la croissance économique, l’inflation persistante et les pénuries d’approvisionnement. En Tunisie, la situation est marquée par un déficit de compétences significatif, identifié par 80 % des entreprises comme un obstacle majeur. Viennent ensuite l’augmentation du coût de la vie et une croissance économique jugée trop lente. Ces défis spécifiques à la Tunisie nécessitent des réponses adaptées pour assurer une transition harmonieuse vers le futur du travail.
L’Évolution des Compétences : Priorités d’Aujourd’hui et de Demain
Les entreprises anticipent une forte demande de compétences spécifiques d’ici 2030. En Tunisie, les compétences les plus recherchées seront l’IA et le Big Data, le leadership et l’influence sociale, la pensée créative, la cybersécurité et la gestion des talents. Au niveau mondial, on observe une priorité similaire accordée à l’IA et à la cybersécurité, auxquelles s’ajoutent la résilience et l’apprentissage continu. Certaines compétences, telles que l’empathie et le souci du détail, devraient rester stables, tandis que d’autres, comme les compétences liées à l’IA, connaîtront une croissance exponentielle de la demande.
Stratégies de Formation et Politiques Publiques : L’Action Concrète
Face à ces transformations, les entreprises mettent en place des stratégies d’adaptation. En Tunisie, 70 % des employeurs prévoient de financer des programmes de formation en interne pour leurs employés. De plus, 40 % envisagent des modèles de cofinancement public-privé pour optimiser les ressources. L’automatisation est également une voie privilégiée par de nombreuses entreprises pour améliorer leur compétitivité. Du côté des attentes des entreprises pour la période 2025-2030, on note une forte demande pour un financement public de la requalification (55 %), une flexibilité accrue des pratiques d’embauche et de licenciement (50 %), une réforme des lois sur le travail à distance (41 %) et une amélioration des systèmes éducatifs (41 %).
Le rapport du Forum Économique Mondial souligne l’importance cruciale des collaborations entre les gouvernements, les entreprises et les travailleurs pour naviguer avec succès les transformations du marché du travail. Pour la Tunisie, il est impératif de combler le déficit de compétences en adoptant des politiques proactives de formation et de transition professionnelle. Il est également essentiel de trouver un équilibre optimal entre l’automatisation et le développement humain, afin de garantir une croissance économique inclusive et durable.