Crise du secteur des phosphates: Un plan d’action pour résorber le chômage

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Le droit au travail est une revendication centrale dans la majorité des mouvements de protestation dans le bassin minier, ces dernières années, et semble parfois mise en tension avec les questions de santé et d’environnement.

L’industrie du phosphate est en partie responsable de la crise de l’emploi. La réponse apportée par la Compagnie des Phosphates de Gafsa après 2011 censée conjuguer les impératifs de l’emploi et de l’environnement n’est pas satisfaisante. Les espoirs de recrutement à la CPG sont ainsi toujours aussi forts qu’en 2017.

Quant à la production et l’activité du transport, elles étaient, à maintes fois, quasi-bloquées et en chute libre à cause des protestations sociales. Cette situation a provoqué la baisse du niveau des stocks des usines du Groupe Chimique Tunisien (GCT) à son plus bas niveau. La CPG, en difficulté financière, était elle aussi incapable d’assurer l’approvisionnement du marché local en engrais, indispensable pour les saisons agricoles, de payer les salaires de ses employés et de tenir ses engagements envers ses clients.

La situation financière difficile de la CPG s’est aggravée progressivement, pour se retrouver ainsi dans l’incapacité de remplir ses obligations de base, telles que le paiement des cotisations sociales dues (34 millions de dinars) et le paiement des impôts (36 millions de dinars). Ses pertes sont estimées à 480 millions de dinars, fin 2019. Sachant que le volume de production de la société par an a régressé pour atteindre 3,6 millions de tonnes de phosphates, contre une production comprise entre 8,1 et 8,3 millions de tonnes en 2010. De même, le coût de production a fortement augmenté pour atteindre 197,6 dinars par tonne fin 2019, contre 48 dinars en 2010.

Le secteur des phosphates est incapable de remonter la pente et de reprendre son rythme habituel, essentiellement celui de 2010. L’absence de visibilité politique, les tensions politiques et sociales pèsent lourd sur l’avenir du secteur qui agonise au fil des jours.

Situation inédite

La situation du secteur est devenue dramatique sur tous les plans après 2011.

Si on considère la situation globale de la Compagnie des Phosphates de Gafsa et du Groupe Chimique Tunisien, entre 2010 et 2017, leurs chiffres d’affaires cumulés ont baissé de 2,741 à 1,753 milliard de dinars. Leurs effectifs employés ont plus que doublé (y inclus l’intégration de la sous-traitance et les emplois créés dans l’activité environnementale, augmentant la masse salariale de 82%. Le résultat net cumulé est ainsi passé de + 826 millions de dinars en 2010 à -139 millions de dinars en 2017.

La crise du secteur des phosphates a, en outre, créé une situation inédite liée aux emplois créés dans «l’environnement». En effet, « en plus de grever le budget de l’entreprise, ces emplois perturbent gravement le marché du travail dans les régions concernées en augmentant le salaire de réserve pour le reste des activités puisque les personnes concernées sont payées l’équivalent de deux SMIG par mois sans aucune prestation », affirme le Conseil d’analyses économiques (CAE) dans son plan de relance économique 2019-2020.

Initiatives

Le conseil propose ainsi plusieurs initiatives qui doivent être prises afin de redresser la barre dans les plus brefs délais. Il s’agit, en effet, de procéder à un assainissement social, mettre fin aux recrutements dans l’activité de l’environnement et mettre en place un plan d’action pour intégrer progressivement les emplois dans «l’environnement» existant. D’un autre côté, il est primordial de relancer un véritable plan de développement économique et social des régions concernées par des mesures destinées à instaurer un climat de confiance favorable à la relance des investissements privés, et par des actions publiques destinées à améliorer l’attractivité de ces régions (pôles de compétitivité, infrastructures, fonds d’investissements, actions de promotion…).

Le CAE propose également des mesures visant à garantir la sécurisation physique des installations, de manière à empêcher le blocage de la production et assurer la transmission d’information immédiate au gouvernement de tout incident pouvant engendrer un blocage de production, afin que des actions préventives soient mises en œuvre.

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