Dettes: La Tunisie doit instaurer un nouveau pacte social

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Une étude menée par Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) et de Erlassjahr.de (Jubilee Germany) a appelé la Tunisie à instaurer un nouveau pacte social qui doit impérativement commencer par un allègement global de sa dette et un véritable dialogue national sur les réformes économiques qui ne sont pas prescrites par le Fonds Monétaire International (FMI) ou d’autres créanciers.

Présentée jeudi, à Tunis, cette étude intitulée « La crise des dettes tunisiennes dans le contexte de la pandémie de COVID-19 : les remboursements de dette avant les droits humains ?», a souligné que le droits humains du peuple tunisien doivent être prioritaires sur les revendications des créanciers, estimant que la Tunisie devrait exiger un moratoire immédiat du service de la dette sur tous les paiements, suivi d’un processus de restructuration globale des dettes.

Cette étude a appelé la société civile à jouer pleinement son rôle de partenaire dans les négociations avec le FMI afin de faire prévaloir les droits des tunisiens et d’éviter de prendre des décisions qui pourraient porter atteinte à leurs vies.

Selon la même source, les retombées économiques de la pandémie COVID-19 ont fait grimper les dettes publiques à 87 % du produit intérieur brut (PIB) du pays , en 2020, alors qu’elles étaient de l’ordre de 72% en 2019.

D’après la même source, le FMI a élaboré un plan de réformes pour la Tunisie qui prévoit un allègement de la masse salariale, une réforme de la subvention énergétique et une rationalisation des dépenses sociales. Ce plan devrait faire baisser le déficit budgétaire de 8,2% en 2020, à 0,1% en 2023. Ces chiffres interviennent alors que les autorités tunisiennes ont déjà affirmé qu’elles ont relancé les négociations avec le FMI dans l’espoir de parvenir à un accord avant la fin du premier trimestre de 2022. En cas d’application de l’ensemble des réformes et des conditions de financement et malgré les sacrifices consentis par la Tunisie au plan interne, il ne sera pas possible de parvenir à réduire une grande partie de la dette du pays, affirment les auteurs de l’étude.

Et d’ajouter que le plan de réforme du FMI ne comporte aucune recommandation visant à alléger la dette de la Tunisie ou des signes de changement de positions des créanciers. Il n’a même pas recommandé aux autorités tunisiennes d’adopter la voie de la restructuration des dettes, rappelle encore la même source.

L’étude a qualifié les initiatives prises par les créanciers en période de covid-19 en vue d’alléger la dette du pays « d’ inefficaces » et « non exhaustives », sachant que 27% de la dette de la Tunisie sont contractés auprès du FMI et d’autres créanciers officiels.

La Tunisie n’a pas été inscrite à l’initiative de suspension du service de la dette( Issd-Debt Service Suspension Initiative) prise par le Comité du développement (Banque mondiale & FMI) et les ministres des Finances du G20 afin d’aider les pays les plus pauvres à faire face aux impacts économiques désastreux de la pandémie de Covid-19, révèle encore l’étude.

Plusieurs experts ayant participé à la conférence ont souligné la nécessité de lancer un ensemble de réformes efficaces en obtenant des financements extérieurs auprès du FMI .

L’universitaire, Souad Triki a souligné que le déficit croissant du budget de l’État et la dette élevée de la Tunisie ne doivent pas cacher plusieurs petits détails qui doivent être réformés. Elle a mis l’accent sur la nécessité d’inciter l’investissement public. Dans le même contexte, elle a suggéré la création de ce qu’on appelle une « bourse du travail », qui supervisera le redéploiement des travailleurs dans le secteur public, ce qui permettra à l’administration tunisienne d’être plus efficace en plus d’accroître la compétitivité du pays.

Certain chercheurs ont évoqué la nécessité de parvenir à une harmonie au niveau national, notamment en ce qui concerne la restructuration de la dette.

L’économiste Hamza Meddeb, a estimé que l’économie a subi un coup dur à cause de la pandémie de Covid-19 ce qui a aggravé le chômage et la pauvreté, estimant toutefois que des réformes réelles, qui ne sont pas encore concrétisées malgré leur lancement depuis des années, peuvent aider à rééquilibrer l’économie.

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