Les pays ont imposé, à des degrés variables de rigueur, des politiques de distanciation sociale comprenant des confinements et des restrictions de voyage pour endiguer la courbe épidémiologique.
La mesure des coûts économiques du Covid-19 demeure un exercice incertain étant donné les nombreuses variables inconnues telles que la durée des politiques de distanciation sociale et la façon dont les consommateurs et les entreprises s’adapteront à l’environnement post-pandémie. Nos prévisions s’appuient à la fois sur l’expertise sectorielle, sur l’analyse macro-comptable, et sur des hypothèses par rapport aux réponses politiques.
La mise à jour intérimaire de nos prévisions en avril a présenté une fourchette de prévisions avec un scénario de base et un scénario prolongé. Compte tenu de l’incertitude toujours grande, tant en ce qui concerne les évolutions à court terme de la crise sanitaire, les comportements des consommateurs que la réponse de politique économique des gouvernements, nous avons opté pour le maintien de cette fourchette, en proposant une revue déclinée par pays dans ce scénario économique de juin.
Le scénario de base suppose une réduction rapide des interventions non pharmaceutiques (INP), telles que des limites sur les voyages et les rassemblements sociaux, et une réponse politique plus robuste, qui est essentielle pour la forme de la reprise en 2021. Le scénario prolongé suppose un la levée lente des INP avec des poches potentielles de resserrement, des comportements de consommation prudents, ainsi qu’une réponse politique plus faible.
Il convient de souligner que les risques pesant sur nos perspectives restent orientés à la baisse, d’autant plus que ni le scénario de base ni le scénario prolongé n’écartent la possibilité d’une seconde vague épidémiologique. De plus, d’autres risques à la baisse résultent de la possibilité d’une forte correction sur les marchés financiers et de divers risques politiques.
Phase i de la réponse de politique économique : la sauvegarde de l’offre
Les gouvernements ont mis en place des mesures de gestion de crise pour compenser l’impact économique, en fournissant un soutien de revenus aux entreprises et aux ménages, des garanties de crédit et un assouplissement monétaire pour assurer la liquidité et promouvoir le crédit bon marché. Ces efforts ont atténué l’impact économique de la pandémie et notamment préservé une grande partie de l’offre. Cependant, avec l’effondrement de la demande, l’économie mondiale est néanmoins entrée en récession, la plupart des pays connaissant une forte contraction du PIB en 2020. Nous prévoyons que le PIB mondial atteindra -2,3% à -7,8% en 2020, dans nos deux scénarios alternatifs avec des contractions dans la plupart des économies avancées et émergentes.
Phase ii doit faire de même pour la demande…
La forme de la reprise en 2021 et au-delà dépend beaucoup de la manière dont les gouvernements et les sociétés du monde entier réagiront à ce qui sera alors, espérons-le, un monde post-Covid-19. Les gouvernements doivent maintenant faire davantage pour stimuler la demande globale et dissiper l’incertitude, sinon le PIB de la plupart des économies avancées ne retrouvera pas avant de nombreuses années les niveaux d’avant la crise. Le Plan de Relance européen et le soutien budgétaire supplémentaire apporté aux États-Unis seront décisifs pour améliorer les perspectives. En outre, il est important de garantir des injections de capitaux dans les entreprises des secteurs ravagés par la crise.
Le soutien à la demande doit cibler à la fois à la consommation et l’investissement ; idéalement, l’accent mis sur l’investissement contribuera également à atténuer certains des problèmes à long terme, tels que les transitions vertes et numérique
… tandis que la phase iii doit se concentrer sur les questions structurelles
Les défis à moyen terme sont sans aucun doute complexes. Les marchés ont bien réagi à l’utilisation de l’espace politique disponible, en particulier dans les pays où l’expansion du bilan de la banque centrale ne constitue pas une menace immédiate pour la stabilité monétaire. Toutefois, certaines faiblesses structurelles dans les économies risquent de s’aggraver avec la pandémie. Déjà avant la crise actuelle, les niveaux d’endettement dans la plupart des grandes économies étaient élevés et, comme une grande partie des pertes actuelles se transforme en dettes futures, cela suggère un nouvel affaiblissement de la croissance potentielle, des taux d’intérêt plus bas, qui pourrait se traduire par une « répression » financière accrue. Dans les marchés émergents, où l’espace politique pour faire face aux effets économiques de la pandémie est bien plus limité, la crise sanitaire et les retombées du ralentissement mondial pourraient précipiter des récessions de plus en plus longues.
Le monde post-pandémique devrait voir s’accroître les rivalités géopolitiques, notamment entre les États-Unis et la Chine, alors que les plans de relance semblent cibler les mêmes secteurs (technologies numériques et vertes). Dans de nombreux pays, la croissance déprimée pourrait alimenter les tensions sociales et constituer un terreau fertile pour les politiques populistes. Il existe également un risque que la coordination et la coopération mondiales s’estompent, alors qu’elles sont indispensables pour parvenir à la décarbonisation et lutter contre le réchauffement climatique, mais l’espoir demeure que la pandémie puisse être le catalyseur d’une percée dans la réflexion environnementale.