La Banque centrale de Tunisie (BCT) vient de publier une note sur les évolutions économiques et monétaires, propre au mois d’avril 2020.
Ladite note met en exergue moult changements ayant un impact majeur sur la macroéconomie, et ce, suite à la pandémie du Covid-19 et ses fâcheuses répercussions aussi bien sur le secteur de la santé que sur la totalité des secteurs stratégiques. La crise imprévisible du Covid-19 a été à l’issue de l’interruption déstabilisante d’une désinflation, pourtant soutenue et réussie depuis une année. Le taux d’inflation avait connu une baisse notable en février 2020, soit 5,8%, pour reprendre une courbe croissante et se fixer à 6,2%, suivant ainsi une trajectoire proche du taux annuel de 2019 et qui était de l’ordre de 7,1%.
L’inflation reprend de plus belles…
La reprise de l’inflation économique revient, indéniablement, à la hausse inattendue des prix des produits alimentaires frais et aux actions de sur-stockage qu’impose le confinement. Le consommateur a bel et bien observé l’augmentation ahurissante des prix desdits produits, comme les légumes dont les prix ont augmenté de 4,3% alors qu’ils ont baissé, avant la pandémie, de -1,7% ; les prix des volailles ont augmenté de 2,3% contre seulement 0,5% avant le Covid-19 ; les prix des poissons ont augmenté, quant à eux, de 8,9% contre seulement 5,4% en février. Les produits laitiers ont, également, connu un surcroît, passant de 9,5% à 11,5% ; ceux des conserves sont passés de 9,2% à 11%. Seuls les fruits et les viandes rouges ont enregistré de légères hausses des prix. D’un autre côté, d’autres produits à la consommation ont vu leurs prix chuter par comparaison aux chiffres enregistrés un mois auparavant. Parmi ces produits — voire ces secteurs —, la BCT
en cite l’huile d’olive, l’habillement et les chaussures, les matériaux de construction et d’entretien des logements, les voitures, les services d’entretien des véhicules… En revanche, les prestations bancaires, elles, ont marqué un véritable saut quantitatif, lequel revient essentiellement au rebond des frais des services, les faisant hisser ainsi de 2,1% à 6,2%.
Import/export : une chute faramineuse
La pandémie du Covid-19 a grandement impacté les échanges économiques extérieurs, portant ainsi un terrible coup aux flux import-export. La note publiée par la BCT montre une forte dégringolade au niveau des importations (-27%) et des exportations (-30%) ; une chute faramineuse qui vient contrecarrer toutes les démarches prises pour hisser l’import-export au niveau escompté. Un coup dur à assumer après des acquis honorables, traduits par des taux satisfaisants, enregistrés l’an dernier, soit +13% pour les importations et +16% pour les exportations… Néanmoins, et en dépit de ces indicateurs, le déficit commercial a enregistré une sensible baisse, soit 3,506 MDT durant le premier trimestre 2020 contre 3,973 MDT en 2019. Par contre, le défi cit relatif au secteur de l’énergie a monté d’un cran, enregistrant une hausse de 36,5% par rapport à 2019.
Tourisme : des recettes records pour le premier trimestre 2020
Le confinement général quasi mondialisé, vu qu’il a été adopté par la majorité écrasante des pays garantissant des flux touristiques, a fortement sinistré le secteur touristique, qui a connu, durant mars 2020, une chute libre au niveau des recettes, soit -30%, alors que celles enregistrées durant le premier trimestre 2020 s’avèrent être un véritable record durant toute une décennie et dont la valeur s’élève, tout de même, à 930,7 MDT.
Augmentation des crédits professionnels et à la consommation
S’agissant des évolutions monétaires et des crédits, elles ont été marquées par une accélération, laquelle revient, à l’affermissement des dépôts auprès des banques, des dépôts à terme, ainsi qu’à l’augmentation des crédits octroyés aussi bien aux profits des professionnels que ceux destinés à la consommation. Quant à la liquidité et aux taux d’intérêt, «Les besoins moyens des banques en liquidité ont régressé en mars 2020, à 10,122 MDT après 10,757 MDT le mois précédent et 16,349 MDT un an auparavant». Le TMM et le TMP ont également baissé en mars 2020 suite aux répercussions de la pandémie. Pour atténuer les conséquences de la pandémie sur l’économie nationale, le Conseil d’administration de la BCT a décidé de la réduction réfléchie du taux directeur de 100 points de base.