La plus forte baisse des exportations dans l’histoire économique récente de la Tunisie a été enregistrée au cours du mois d’avril 2020 à cause, essentiellement, de la Covid-19 et du confinement général décrété par les autorités publiques à l’instar de presque tous les pays du monde
La crise sanitaire qui a frappé tous les pays du monde a eu des impacts désastreux sur les exportations tunisiennes tous produits confondus. Outre la récession de la demande au niveau international, la fermeture des frontières a donné le coup de grâce à une économie vulnérable et ne supportant pas des chocs d’une aussi brutale gravité. Les entreprises exportatrices se sont trouvées dans une situation embarrassante constatant une absence de revenu et un déséquilibre financier.
C’est pour cela, d’ailleurs, que les autorités publiques, dans un souci d’alléger le fardeau des entreprises totalement exportatrices, ont autorisé à titre exceptionnelde vendre une partie de leurs produits sur le marché local. L’essentiel est de sauver ces entreprises et leur permettre de continuer leur activité en maintenant les postes d’emploi. Les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur aux prix courants durant le mois d’avril 2020 montrent des exportations en nette baisse de 48,9% en glissement annuel (-29,5% en mars).
Stagnation des affaires commerciales
Selon les chiffres officiels de l’Institut national de la statistique (INS), ces indicateurs illustrent la plus forte contraction des exportations dans l’histoire économique récente de la Tunisie. Ces résultats sont dus, bien évidemment, à la pandémie de la Covid-19, qui a fortement impacté l’économie mondiale. Plusieurs magasins et grandes surfaces en Europe ont fermé leur porte dans le cadre du confinement général et même les consommateurs ont été invités à rester chez eux en chargeant des volontaires pour leur transporter les produits jusqu’à leur domicile. Les ménages se sont contentés du peu et ont renoncé à acheter des produits habituels dont certains sont fabriqués en Tunisie.
La valeur des exportations a atteint le niveau de 2006,3 MD contre 3929,9MD en avril 2019. Cette diminution, annonce l’INS, a touché principalement les secteurs off-shore, à savoir le secteur du textile, habillement et cuirs et le secteur des industries mécaniques et électriques dont les explorations ont chuté respectivement de 83,5%, et de 62,1%. De même, le secteur de l’agriculture et des industries agro-alimentaires accuse une baisse de 10,6%. Le secteur off-shore concerne essentiellement les entreprises non résidentes dont la mission est d’exporter des produits fabriqués en Tunisie en tant que site de production out-sourcing.
En dépit de cette crise, certains secteurs, comme celui de l’énergie, ont réalisé, quand même, de bons résultats. En effet, les exportations du secteur de l’énergie ont enregistré une forte augmentation (+152,4%) expliquée en partie par une régularisation des déclarations douanières retardataires relatives au mois de mars (environ 34% de la valeur) et ceux du secteur des mines, phosphates et dérivés augmentent seulement de 2,5%.
La France en baisse de 64%
Cependant, Tunisie préserve les exportations vers les pays européens, un marché classique. La part de la France, qui est l’un des partenaires les plus anciens et qui occupe une place de choix dans les échanges commerciaux, a régressé au niveau des produits exportés. Ainsi, la répartition par pays montre des baisses remarquables de nos ventes vers les principaux partenaires européens, essentiellement la France (-64%), l’Allemagne (-61%) et l’Italie (-47%). La même régression est observée vers certains pays arabes tels que l’Algérie (-79%), la Libye (-67%) et le Maroc (-62%).
La Tunisie est appelée, à travers ses entreprises exportatrices, à diversifier davantage les marchés pour ne pas subir des effets graves des chocs économiques qui ont lieu de temps à autre. Pour que les exportations retrouvent leur rythme normal, une nouvelle stratégie doit être élaborée et exécutée en ciblant des marchés potentiels dans des destinations nouvelles ou classiques.
Pour ce qui est des importations, la baisse, considérée comme exceptionnelle, est de 46,8% par rapport au même mois de l’année 2019 (-27,4% en mars). En valeur, elle a atteint 3345,2 MD contre 6293,5 MD au mois d’avril l’année dernière. Cette baisse est due essentiellement à la forte contraction observée au niveau de l’énergie (-67,8%), des biens d’équipement (-53,4%), des matières premières et demi produits (-42,3%), des biens de consommation (-48,9%) ainsi que des produits miniers et phosphatés (-37%).
Moins de produits importés
Selon la répartition géographique, la baisse des importations concerne la quasi-totalité de nos fournisseurs, soit nos principaux partenaires européens, tels que la France (-64%), l’Allemagne (-60%) et l’Italie (-55%), ainsi que d’autres pays comme la Russie (-38%), la Chine (-37%), l’Algérie (-97%) et l’Egypte (-26%). Cette baisse des importations a fait gagner à la Tunisie des ressources en devises, ce qui est un bon indicateur.