L’agence de notation » Fitch Ratings » vient de réviser la perspective de la Tunisie de « stable » à « négative », tout en maintenant la notation souveraine de la Tunisie à «B».
« Les perspectives négatives reflètent une aggravation des risques de liquidité budgétaire due à une forte détérioration des finances publiques, suite à la crise de la pandémie de coronavirus », a souligné l’agence de notation, dans son communiqué.
Et d’ajouter que le déficit budgétaire se creusera pour atteindre 10,5 % du PIB en 2020, contre 3,3 % en 2019.
« Cela reflète une hausse des dépenses salariales en raison des augmentations de salaires accordées dans le cadre d’un accord avec les syndicats en 2019, ainsi que des dépenses plus élevées pour lutter contre la pandémie, face à une baisse des recettes budgétaires due à un ralentissement économique sans précédent ».
« L’aggravation du déficit reflète également l’augmentation des dépenses visant à apurer les arriérés de l’État envers les fournisseurs privés et les entreprises publiques », lesquels s’élèvent à 8 milliards de dinars.
L’agence de notation a souligné que la conclusion d’un nouvel accord avec le FMI permettra de « soutenir la flexibilité du financement extérieur de la Tunisie », mais tout retard supplémentaire, à ce niveau, « pourrait compromettre le plan de financement du gouvernement pour 2021, qui repose sur un emprunt extérieur net record de 8 % du PIB, dont 3,5 milliards de dollars (8 % du PIB) sont des émissions d’euro-obligations ».
Et de rappeler que « la Banque Centrale reste déterminée à préserver la stabilité des prix et la stabilité financière et a conditionné son soutien au gouvernement à une approbation parlementaire explicite et à des mécanismes de sauvegarde adéquats ».
Pour l’année 2021, Fitch prévoit un retour de la croissance à 4% et qui sera soutenue par la diversification de l’économie tunisienne, la forte production agricole, de riches ressources touristiques et la reprise de l’activité minière. Quant à l’inflation, les prévisions de Fitch tablent sur une inflation moyenne de 5,6% en 2020-2021.
En vue d’une éventuelle amélioration des perspectives, Fitch recommande un assouplissement progressif des conditions de financement budgétaire à travers la réduction des besoins de financement, une stabilisation des perspectives de la dette extérieure ainsi qu’une reprise de la croissance à des niveaux positifs.
Toutefois, une détérioration des conditions de liquidité extérieure ou un affaiblissement du cadre politique résultant d’un financement monétaire important et réitéré du déficit budgétaire affectant négativement la stabilité macroéconomique, pourraient, selon l’agence, conduire à une dégradation de la notation souveraine.