L’agence de notation Fitch Ratings a relevé la note de défaut émetteur (IDR) à long terme en devises de la Tunisie de ‘CCC’ à ‘CCC+’. Elle a annoncé qu’elle a retiré la note de défaut émetteur de la Tunisie à long terme de la catégorie « Under Criteria Observation » (UCO) ou (Sous observation de critères).
Ce relèvement de la note à « CCC+ » reflète, selon un communiqué de Fitch, rendu public jeudi, 1er décembre 2022, son opinion « selon laquelle l’accord conclu avec le FMI au niveau des services du FMI pour un nouveau mécanisme élargi de crédit (MEDC) de 48 mois d’un montant de 1,9 milliard USD permettra de débloquer des montants importants de financement officiel des créanciers et de soutenir la consolidation budgétaire, malgré l’incertitude quant à l’adhésion continue au programme ».
« Le programme du FMI vise à remédier aux principales faiblesses structurelles de la Tunisie (par la mobilisation des recettes, le contrôle de la masse salariale publique, les subventions et les réformes des entreprises du secteur public (EOS) et ne nécessitera pas de restructuration de la dette », ajoute la même source.
L’approbation du programme par le conseil d’administration du FMI et les indications d’une forte conformité pourraient soutenir davantage le profil de crédit de la Tunisie, estime FR.
Les besoins de financement du gouvernement sont probablement couverts, selon FR qui prévoit que les besoins de financement du gouvernement atteindront 16,4 % du PIB et 16,8 % du PIB en 2022 et 2023, respectivement, poussés à la hausse par les importantes dépenses supplémentaires pour absorber le choc de la guerre en Ukraine et les échéances de la dette extérieure de 1,4 milliard de dollars et 2,0 milliards de dollars, respectivement.
Selon FR, des négociations sont actuellement en stade finale entre les autorités tunisiennes et l’Arabie saoudite, Abu Dhabi et Afreximbank pour un financement d’environ 1,3 milliard USD, qui avec la première tranche du FMI, comblerait le déficit de financement pour 2022.
La Tunisie est en train de négocier un autre financement de 1,8 milliard USD, principalement auprès du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG), qui, ajouté aux décaissements prévus du FMI, des créanciers multilatéraux et bilatéraux occidentaux (environ 2,4 milliards USD), débloqués avec l’accord du FMI , et au financement du marché intérieur, couvrirait les besoins de financement budgétaire et extérieur en 2023.
Fitch Ratings prévient, toutefois, que « Si le plan de financement offre une certaine visibilité sur la capacité de la Tunisie à faire face aux obligations du service de la dette extérieure à venir, des pressions financières pourraient réapparaître si la Tunisie s’écarte des objectifs du programme du FMI, mettant en péril de nouveaux décaissements, ou si les prix des matières premières restent supérieurs à nos prévisions, d’autant plus que la Tunisie sera confrontée à un pic d’échéances de la dette extérieure en 2024 (environ 2,6 milliards de dollars, dont 850 millions d’euro-obligations) ».
Contatcté par l’agence TAP, l’économiste Ezzeddine Saidane a expliqué que « la notation souveraine vise essentiellement à évaluer la capacité d’un pays à rembourser normalement sa dette extérieure. La note souveraine de la Tunisie a été revue à la baisse 9 fois consécutive depuis 2011 ».
« L’intérêt cette fois-ci, bien que le pays soit arrivé trop bas en termes de notation, c’est que pour la première fois depuis 2011, que sa notation a été relevée, même d’un tout petit cran. On est toujours à triple C mais à CCC+, et on n’est plus sous observation »
Et d’ajouter « la décision de Fitch Ratings intervient suite à la signature d’un accord au niveau des experts avec le FMI. Reste à voir, maintenant si la Tunisie arrivera à signer l’accord définitif ou pas. Le risque existe vu la position de l’UGTT et les discours contradictoire entre la présidence de la République et le gouvernement qui risquent d’entamer la crédibilité du discours de la Tunisie à ce niveau ».
Saidane souligne par ailleurs que « des précédents il y en a, à l’instar du Liban qui a signé l’accord au niveau des experts avec le FMI mais qui n’a pas encore réussi à signer l’accord définitif ».
Et de conclure « Si la Tunisie arrive à signer l’accord définitif, il y a des chances que sa notation soit encore remontée d’un cran. A défaut, on risque de tomber de nouveau à CCC voire à CCC- « .
Pour mémoire, la note de défaut émetteur à long terme en devises de la Tunisie a été abaissée par Fitch Rating, le 18 mars 2022, de ‘B-‘ avec perspectives négatives à CCC. L’agence a expliqué cette décision par les retards accusés dans la conclusion d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).