Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie à 1,3% pour l’année 2023, contre 2,5% en 2022 et table sur une hausse à 1,9% en 2024, selon la dernière édition des Perspectives de l’économie mondiale du Fonds.
Le taux de croissance de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a été également revue à la baisse et devrait s’établir à 3,1% en 2023 et 3,4% en 2024, contre une prévision annoncée, en janvier 2023, de 3,2% en 2023 et un taux de croissance enregistré de 5,3%, en 2022.
Le FMI a maintenu ses projections inchangées pour le taux d’inflation de la région MENA à 14,8%, en 2023 et prévoit une baisse à 11,1%, en 2024.
Pour le Maroc, le taux de croissance devrait atteindra 3% en 2023 et 3,1% en 2024, contre 1,1% en 2022.
Le FMI prévoit un taux de croissance de 2,6% en 2023 et 2024 pour l’Algérie, contre 2,9%, en 2022.
S’agissant de la croissance mondiale, elle touchera son niveau le plus bas à 2,8 % en 2023, avant de se redresser légèrement à 3 %, en 2024, contre 3,4, en 2022, selon le même rapport.
Dans un autre scénario plausible avec une amplification des tensions sur le secteur financier, la croissance mondiale chute aux alentours de 2,5 % en 2023 et celle des pays avancés passe sous la barre de 1 %.
L’inflation mondiale va diminuer, mais plus lentement qu’attendu initialement, passant de 8,7 % en 2022 à 7 % en 2023, puis à 4,9 % en 2024, sous l’effet de la baisse des prix des produits de base.
Intervenant au cours de la conférence de presse consacrée à la présentation du rapport, le conseiller économique du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas a précisé que l’inflation sous-jacente devrait diminuer plus lentement. Dans la plupart des pays, l’inflation ne devrait pas revenir à son niveau cible avant 2025, a-t-il ajouté.
Les risques de dégradation des perspectives demeurent élevés
Les risques de dégradation des perspectives restent élevés en raison de l’incertitude accrue provoquée par la récente tourmente qui touche le secteur financier.
Les tensions du secteur financier pourraient s’amplifier et créer un phénomène de contagion, ce qui affaiblirait l’économie réelle à cause d’une forte détérioration des conditions de financement et obligerait les banques centrales à revoir leurs orientations.
L’instabilité financière provoquée par le marché des obligations d’État britanniques (gilts) l’automne dernier et les récentes perturbations du secteur bancaire aux États-Unis, matérialisées par la faillite de quelques banques régionales, révèlent la présence de vulnérabilités de taille chez les banques et les institutions financières non bancaires.
Plus que jamais, les décideurs devront se montrer fermes à la barre et clairs dans leur communication, selon le FMI.
Une fois l’instabilité financière maîtrisée, les autorités monétaires devraient maintenir le cap sur la réduction de l’inflation, mais être prêtes à réagir rapidement à l’évolution de la situation financière, selon le document. Les perturbations du secteur bancaire auront cela de bon qu’elles contribueront à freiner l’activité globale, puisque les banques octroient moins de prêts.
Les réunions de printemps 2023 du Groupe de la Banque mondiale (GBM) et du Fonds monétaire international (FMI) se déroulent, du 10 au 16 avril, à Washington, avec la participation d’une délégation tunisienne.
Les réunions de printemps constituent une occasion importante pour discuter des défis économiques auxquels sont confrontés les pays membres.
La participation de la Tunisie demeure nécessaire pour œuvrer à convaincre les partenaires internationaux de la nécessité de s’engager à résoudre les problèmes économiques du pays et permettre au pays de bénéficier des partenariats avec les acteurs économiques internationaux.
Le Fonds monétaire international avait retiré le dossier de la Tunisie de l’ordre du jour des réunions de son conseil d’administration prévues le 14 décembre 2022, ce qui a retardé son obtention des fonds nécessaires au financement de son budget, malgré un accord au niveau des services du FMI avec la Tunisie pour bénéficier d’un mécanisme élargi de crédit de près de 1,9 milliard de dollars.
Le FMI fixera une nouvelle date pour étudier le dossier de la Tunisie par son conseil d’administration et ce, en concertation avec les autorités tunisiennes, avait déclaré, le 10 avril, la porte-parole du FMI, Wafa Amr à l’Agence TAP.