Habib Ayeb : La crise alimentaire actuelle ; Ou quand la guerre en Ukraine rappelle la dépendance alimentaire structurelle de la Tunisie

Date:

Face aux risques de la dépendance alimentaire mis en avant par la guerre russo-ukrainienne, Habib Ayeb, géographe, chercheur et membre fondateur de l’Observatoire de la Souveraineté Alimentaire et de l’Environnement (OSAE), souligne, dans un article publié récemment, par l’observatoire, la nécessité de mettre en place une politique de souveraineté alimentaire, reposant sur un changement radical de paradigme.

Pour réussir la mise en place de cette politique, Ayeb, propose, à titre de mesures urgentes, de déclarer immédiatement, l’état d’urgence alimentaire, d’inciter, dès aujourd’hui et par tous les moyens possibles, l’ensemble des producteurs agricoles du pays à s’orienter vers la production de céréales et de suspendre pendant un certain temps, toutes les importations de produits agricoles non alimentaires, afin de réserver les ressources financières disponibles à l’acquisition des produits alimentaires indispensables, dont les céréales.

Mesures à moyen et long termes

À moyen et long termes, l’auteur de l’article propose de réduire drastiquement, les exportations des produits agricoles issus de l’agriculture irriguée, afin de préserver les ressources hydrauliques au profit des productions alimentaires « nationales ». Pour cela, plusieurs outils peuvent/doivent être mobilisés : incitations et compensations, taxes douanières, infrastructures de stockage et de transport.

Il préconise également, de transférer les budgets réservés actuellement, à l’aide aux exportations agricoles, au profit des petits paysans dans le cadre d’accords individuels (familles paysannes), en liant les financements à la qualité et au volume de production des produits alimentaires destinés au marché local et aux pratiques de protection des ressources naturelles (la terre et l’eau) et de la biodiversité.

Ayeb appelle, par ailleurs, à réduire les élevages intensifs, grands consommateurs d’intrants et de céréales, souvent importés et à interdire les élevages en stabulations fixes ; ainsi qu’à mettre en place une réforme agraire qui fixe une taille minimale et un plafond des propriétés agricoles en fonction de la qualité des sols, de la pluviométrie moyenne locale et de la disponibilité d’eaux souterraines mobilisables. Une telle réforme peut être mise en place, après études et débats, sur une période de cinq à dix ans.

Etablir l’égalité de l’héritage foncier entre les hommes et les femmes

Parmi les propositions formulées par le chercheur figurent aussi, celles d’établir l’égalité de l’héritage foncier entre les hommes et les femmes dans le respect de la taille minimale des propriétés ; de redistribuer rapidement, les terres agricoles de l’Etat au profit des petits paysans, des enfants de paysans, des chômeurs avec obligation de formation préalable, des jeunes ayant une formation agricole et de favoriser les pratiques de l’agro-écologie : engrais et pesticides non chimiques, semences locales, diversification des cultures, élevages extensifs et pastoralisme, méthodes traditionnelles de stockage… et circuits courts.

Le chercheur plaide, en outre, pour l’adoption rapide de la règle du « pollueur-payeur » dans l’agriculture, la limitation des subventions des produits alimentaires exclusivement aux productions nationales, l’amélioration radicale des conditions du travail agricole salarié (contrats, salaires minimums garantis, temps de travail, transports, sécurité sociale,…), l’annulation, dans un délai raisonnable, de tous les accords de libre échange avec l’Europe et les autres puissances économiques et exiger des renégociations, en fixant aux négociateurs tunisiens des lignes rouges infranchissables et le développement d’échanges égaux avec des partenaires du grand Sud, en commençant par les pays nord-africains et sub-sahariens.

Et de conclure « il a fallu une guerre (Russie-Ukraine) pour qu’une conscience collective des risques de la dépendance alimentaire commence à se développe en Tunisie. Soyons à la hauteur et n’attendons pas une prochaine grande crise d’envergure mondiale pour agir. Il en va de notre souveraineté politique et des droits de l’ensemble de la population et des générations futures à une vie digne ».

Partager l'article:

Articles Recents

S'abonner

VIDÉOS SPONSORISÉES
VIDÉOS SPONSORISÉES

00:00:30

OPPO Reno12 : L’Alliance Parfaite entre Design, Intelligence Artificielle et Performance

Les séries Reno12 d'OPPO marquent une avancée significative dans le domaine de la photographie mobile grâce à l'intégration poussée de l'intelligence artificielle.
00:02:15

Abdelaziz Makhloufi, PDG de Cho Group, met en lumière l’excellence de l’huile d’olive tunisienne sur BFM Business

Fort de son expertise reconnue dans le secteur oléicole, Abdelaziz Makhloufi, Président-directeur général du groupe Cho, a saisi l'opportunité de l'émission BFM Business pour promouvoir l'huile d'olive tunisienne à l'échelle internationale.
00:00:32

Lancement du nouveau Huawei Nova Y61

Huawei Consumer Business Group annonce le lancement du HUAWEI nova Y61, le plus récent smartphone de la série HUAWEI nova Y.

CONTENUS SPONSORISÉS
CONTENUS SPONSORISÉS

Ramadan : Un Mois Propice pour rompre avec la cigarette

Le mois sacré de Ramadan offre une opportunité unique pour ceux qui désirent se libérer de l'emprise de la cigarette.

OPPO A78, le nouveau smartphone bientôt en Tunisie

OPPO, la marque leader sur le marché mondial des appareils connectés, vient d’annoncer l’arrivée sur le marché tunisien de son dernier smartphone A78, à partir du 1er septembre 2023.
00:03:27

OPPO Tunisie lance les nouveaux smartphones Reno8 T 4G, Reno8 T 5G, un design élégant et une fluidité totale

OPPO vient d’annoncer le lancement, en Tunisie, de ses derniers modèles de smartphones de la série Reno, les nouveaux Reno8 T et Reno8 T 5G, avec une offre spéciale durant tout le mois de mars 2023.

Oppo consolide sa position et met en avant la nouvelle technologie de son Reno7

OPPO, la marque internationale leader dans l’industrie des smartphones et des objets connectés, a développé ces dernières années sa position et ses activités en Tunisie, dans le cadre d’une extension sur les marchés de la région Moyen Orient et Afrique.

A lire également
A lire également

Loi de finances 2025 : un coup de pouce pour le pouvoir d’achat des Tunisiens ?

La loi de finances 2025 en Tunisie : mesures sociales clés pour améliorer le pouvoir d'achat, soutenir les personnes handicapées, les retraités et les familles à faible revenu. Détails et chiffres clés

Fondation Orange Tunisie et Daffini : ensemble pour un avenir meilleur pour les enfants

La Fondation Orange Tunisie poursuit son action « Daffini » pour la 14ème année, offrant des vêtements d'hiver aux enfants de Jendouba. Un engagement solidaire pour lutter contre le décrochage scolaire

La Loi de Finances 2025 en Tunisie : un frein pour les entreprises exportatrices ?

La loi de finances 2025 en Tunisie pénalise les exportateurs avec une hausse de l'impôt sur les sociétés. L'OCET alerte sur les risques pour l'investissement et la compétitivité

Tunisie : La BAD finance la modernisation des infrastructures routières pour un développement durable

La BAD finance à hauteur de 80 M€ la modernisation des routes en Tunisie. Un projet majeur pour améliorer le réseau routier et stimuler le développement économique

Finances publiques : Un allègement du déficit malgré des dépenses en hausse de 7,2%

Tunisie : nette amélioration des finances publiques avec une baisse de 30% du déficit budgétaire à fin septembre 2024. Analyse des chiffres clés.

Chute de la production pétrolière tunisienne : un recul de 14% en octobre 2024

La Tunisie fait face à une baisse significative de...

La Tunisie face à un défi énergétique

La Tunisie fait face à une crise énergétique. Le taux d'indépendance énergétique a chuté, révélant une dépendance croissante aux importations. Découvrez les causes et les conséquences de cette situation.

Hausse de 17% du déficit de la balance commerciale énergétique en Tunisie

Crise énergétique en Tunisie : le déficit de la balance commerciale s'aggrave de 17% en 2024. Les importations explosent, mettant sous pression l'économie tunisienne.