L’économiste et ex-ministre des Finances, Houcine Dimassi, a estimé que la dernière augmentation des prix du carburant, décidée, lundi, est expliquée par la hausse excessive des prix du pétrole à l’échelle mondiale, qui a dépassé le seuil des 100 dollars/baril, surtout avec les derniers évènements en rapport avec le conflit russo-ukrainien. «Aujourd’hui, le gouvernement est obligé de réviser les prix du carburant à la hausse, afin d’alléger le fardeau de la compensation des hydrocarbures, qui représente environ 40% de l’enveloppe globale allouée à la subvention », a-t-il précisé dans une déclaration à l’agence Tap.
Et de rappeler que toute augmentation de 1 dollar/baril engendre des besoins supplémentaires de financement de l’ordre de 140 millions de dinars (MD) annuellement. « Si le prix moyen du baril, pour l’année 2022, se maintient au niveau de 100 dollars, nous risquons d’avoir des charges supplémentaires dans notre budget dépassant les 4 milliards de dinars, étant donné que notre budget d’Etat 2022 a été basé sur l’hypothèse d’un prix moyen du baril de l’ordre de 70 dollars », a expliqué l’économiste. Et d’avertir « bien que cette augmentation se présente comme « une obligation », elle aura des répercussions négatives sur les aspects économique et social, d’autant plus qu’on s’attend à des augmentations des prix des hydrocarbures successives 4 ou 5 fois cette année ».
Sur le volet économique, » toute hausse des prix du carburant entraînera, obligatoirement, un renchérissement des coûts de production pour les entreprises, ce qui impose une augmentation des prix des produits. Cette situation affectera, éventuellement, leur compétitivité surtout pour les sociétés exportatrices ».
Au niveau macro-économique, « ces conditions peuvent être l’origine d’une baisse des exportations, ce qui freinera, par conséquence, la relance économique ». Sur le volet social, « cette augmentation entrainera de nouvelles charges pour le citoyen, dont le pouvoir d’achat ne cesse de se détériorer, d’autant plus que tous les moyens de transport (taxis, louages, taxis collectifs…), y compris les sociétés de transport public, se retrouveront dans l’obligation d’augmenter leurs tarifs ».
Pour rappel, les ministères de l’Industrie, des mines et de l’Energie, et du Commerce et du Développement des exportations, avaient annoncé, lundi soir, un ajustement partiel aux prix de vente au public de certains produits pétroliers, à partir du 1er mars 2022. Ces ajustements concernent l’essence sans plomb (augmentation de 65 millimes à 2220 millimes/litre), le Gasoil sans soufre (hausse de 55 millimes/litre à 1915 millimes/litre), le Gasoil ordinaire (augmentation de 50 millimes à 1705 millimes/litre), l’Essence sans plomb “EXTRA” (accroissement de 110 millimes à 2360 millimes/litre) et le Gasoil sans soufre “EXTRA” (hausse de 100 millimes/litre à 2100 millimes/litre).