La crise sanitaire due au Covid-19 aurait causé beaucoup de dégât à nos entreprises dont certaines ne sont même pas en mesure de payer les salaires du mois de mai. D’où le rôle dévolu aux banques qui doivent faire de plus de souplesse pour contribuer à résoudre un problème qui a trop duré.
Les indicateurs à propos des entreprises privées tunisiennes sont plutôt inquiétants en cette période de crise due au coronavirus. Malgré les mesures prises par le gouvernement pour alléger les charges de ces entreprises, leur situation reste fragile et manque de liquidité pour acheter les matières premières, payer les charges et surtout les salaires du mois de mai. L’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) vient de publier les résultats de son enquête menée auprès de 600 entreprises privées tunisiennes. L’objectif recherché à travers ladite enquête est de mesurer l’impact du Covid-19 sur la situation des employés et de déterminer les moyens de paiement des salaires du mois de mars et avril 2020.
Souci de paiement des salaires
Il s’est avéré que 47% des entreprises enquêtées, tous secteurs confondus, ont fermé leurs portes suite à la propagation de la pandémie. Pour le mois de mars, 81% des chefs d’entreprise ont déclaré que leur situation leur a permis d’honorer les salaires de leurs employés du mois de mars. Selon l’enquête, 57% des chefs d’entreprise ont déclaré avoir payé le salaire intégral de leurs employés pour le mois de mars 2020. Pour pouvoir retenir leurs employés, les chefs d’entreprise doivent absolument payer les salaires d’autant plus que la crise a coïncidé avec l’avènement du mois de Ramadan qui exige plusieurs dépenses. Pour le mois d’avril, 54% des chefs d’entreprise déclarent qu’ils sont en mesure de payer la totalité des salaires de leurs employés du mois d’avril. Pour pouvoir payer les salaires, les chefs d’entreprise ont puisé dans leurs réserves car, au cours de cette période, ils n’ont pas réalisé de bénéfices suite au confinement général qui immobilisé les employés sauf pour les secteurs stratégiques, comme celui des industries alimentaires.
Un rythme soutenu de la production
Pire, presque la moitié des entreprises interrogées ont fermé leurs portes. Ainsi, seulement 34,3% des entreprises en situation de fermeture totale peuvent payer les salaires de leurs employés avec ou sans recours au décret-loi promulgué par le gouvernement. Après le déconfinement progressif, ces entreprises pourraient sans doute reprendre leurs activités et produire à un rythme soutenu pour rattraper le retard enregistré, notamment au niveau des ventes aussi bien au marché local qu’au marché extérieur. Une autre question importante posée par l’Iace aux chefs d’entreprise afin de connaître leur perception vis-à-vis de l’évolution des postes d’emploi dans leurs entreprises. Et la réponse formulée par les chefs d’entreprise est plutôt étonnante car 42% de ces derniers pensent diminuer leur effectif; diminution prévue par presque 42% des chefs d’entreprise interrogés. A noter que 57% des entreprises qui ont prévu une baisse des postes d’emploi sont des entreprises en situation de fermeture totale.
Une diminution de 35% en moyenne a été annoncée par ces derniers au cours des prochains mois. Cet allégement des effectifs va augmenter le nombre de chômeurs à moins que les personnes mises au chômage technique trouveront rapidement un autre emploi dans une autre entreprise, ce qui un défi difficile à réaliser. L’évolution de l’activité des entreprises dans les trois prochains mois a été également abordée par l’enquête, qui a montré qu’en moyenne une diminution de 21% est prévue par les chefs d’entreprise au niveau du carnet de commandes, alors qu’une baisse de 12,6% est prévue au niveau de la production et de 24,6% au niveau du chiffre d’affaires. C’est dire que plusieurs entreprises vont connaître un important manque à gagner suite aux effets de cette crise qui a touché presque tous les secteurs économiques.