La croissance a sensiblement ralenti au premier semestre du fait d’une forte contraction des exportations et d’une contre-performance de l’investissement en biens d’équipement. Elle continuerait de ralentir en 2019 en raison du moindre dynamisme de la demande interne. D’une part, les incertitudes politiques et la hausse des taux de crédit aux entreprises pénaliseraient l’investissement. Après une croissance très dynamique (8 % en 2017), l’investissement en biens d’équipement se normaliserait. D’autre part, la consommation des ménages resterait atone. En effet, le plan de relance du gouvernement italien, largement revu à la baisse par rapport aux annonces de campagne, n’aurait qu’un impact marginal. Il comportera néanmoins des mesures en faveur du revenu des ménages (baisses d’impôts et revenu minimum universel notamment).
Les grandes lignes du budget seront publiées fin septembre et le résultat des négociations reste très incertain. La nécessité de fusionner les programmes de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles tout en respectant les règles budgétaires européennes conduit à une équation difficile à résoudre. Deux voix discordantes se font aujourd’hui entendre : le ministre des finances Giovanni Tria prône un étalement dans le temps du plan de relance et l’introduction de mesures budgétaires compensatoires afin de contenir le déficit. Exemple : la réforme fiscale (passage de cinq à deux tranches de 15 et 20 % pour les ménages et PMEs) serait financée par la suppression d’exonérations fiscales (en particulier le bonus de 80€ introduit par Matteo Renzi). A l’inverse, Matteo Salvini et Luigi Di Maio insistent sur la nécessité de mettre en oeuvre rapidement l’ensemble des mesures annoncées dans leurs programmes respectifs (réforme fiscale, revenu universel, démantèlement de la réforme des retraites, report de la hausse de TVA, dépenses d’infrastructures, plan pour le « Sud », suppression de l’Irep – taxe régionale sur la valeur ajoutée, etc.).
Avec un plan de relance compris entre 15 et 20Mds€, ce qui semble une hypothèse raisonnable, l’impulsion budgétaire représenterait près d’un point de PIB. Le déficit public se creuserait à 3 % du PIB. Somme toute, les incertitudes autour de la trajectoire des finances publiques restent élevées, dans un contexte de faible croissance. Le risque bancaire reste présent en Italie, avec les difficultés de la banque Carige et une répercussion éventuelle de la crise turque sur les banques les plus exposées. Par ailleurs, le risque d’élections anticipées avant la fin de la mandature reste non négligeable, étant donné les difficultés à réconcilier les positions des forces politiques au pouvoir. Enfin, une dégradation de la note de l’Italie par les agences pourrait créer un nouvel épisode de stress financier.