L’Institut National de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives vient de rendre public son étude d’impact du Covid 19 sur l’économie nationale élaborée en partenariat avec L’International Food Policy Research Institute(IFPRI). Des chiffres et des estimations qui donnent le vertige. Selon le rapport conjoint, la crise du Covid devra entraîner une baisse de 46,6% du PIB au cours du 2ème trimestre 2020. Une perte allant de 4 milliards à 12,2 milliards de dinars est dès lors prévues selon les scénarios. Les effets croisés de la crise sanitaire pèseront lourdement sur les équilibres macroéconomiques du pays, notamment au niveau du commerce extérieur et de la production tout secteur confondu. Cette récession économique est accompagnée par une perte énorme d’emplois, soit 143000 postes d’emploi de perdu mensuellement et par une baisse spectaculaire de 32% des revenus des ménages allant de 176 dinars à 439 dinars.
Selon le rapport de l’IFPRI, la chute du commerce extérieur, la baisse de la demande nationale et la perturbation dans les chaines d’approvisionnement auront un impact implacable sur la production nationale. Le secteur industriel sera le plus durement touché par la crise et les mesures de confinement général, soit 52,7% suivi par les services -49% et l’agriculture -16,2%.
Baisse de 30% des exportations en mars
Après la fermeture des frontières, le commerce extérieur a fortement diminué en particulier. Nos échanges avec la France, l’Italie, l’Allemagne et la Chine. Les exportations et les importations globales ont diminué respectivement de de 30% en mars et de 27%. Une baisse généralisée touchant à tous les secteurs dont principalement le textile-habillement avec un repli de 45% et les industries mécaniques et électroniques enregistrant un fléchissement de 34%. Les autres secteurs manufacturiers, le secteur de l’énergie et l’industrie des mines phosphates et énergie ont vu leurs échanges s’incliner de 30% ,12% et 17,5%.
Une perte de 13,3 millions sur les exportations des poissons
« Pour le commerce agricole, la restriction imposée aux importations de produits frais par l’Union européenne, qui absorbe près de 80 pour cent des produits frais (y compris le poisson) exportés par les producteurs tunisiens, se traduit par une baisse sensible des exportations. Par exemple, les pertes sur les exportations de poisson en mars étaient estimées à 652 tonnes métriques, pour une valeur de 13,3 millions TND », note le rapport.
Le confinement général et l’arrêt d’activité d’un mois coûte à l’économie nationale une perte de 3,8% du PIB, soit 4 milliards TND. Toujours selon les estimations des auteurs de l’étude empirique, une prolongation de deux à trois mois de la crise se matérialisera par une perte respective de 7,7% et de 11,6% du PIB annuel soit 8,1 milliard TND et 12,2 milliards TND en valeur.
Le secteur touristique est le secteur le plus affecté par la crise sanitaire. Les recettes ont chuté de près de 30%. Toutes les réservations ont été annulé sur fond du confinement général décrété le mois d’avril. La baisse du secteur est estimée à 80%. Idem pour le secteur du transport dont la chute est évaluée à 60%.
L’arrêt partiel ou total de l’activité a été accompagné par une perte sèche d’emplois. Les pertes d’emplois sont estimées à 143 000 emplois pour une crise d’un mois et 430 000 pour une crise de trois mois. La variation annuelle de l’emploi total sera de 12,2% inférieure à celle de 2019.
Le revenu des ménages diminuera en moyenne de 2,9% pour une crise d’un mois et de 8,6% pour une crise de trois mois. Des pertes absolues de revenus plus importantes sont observées pour les ménages habitants dans les zones urbaines.
Face à l’ampleur des effets du COVID-19 et les mesures de confinement mises en place par le gouvernement tunisien dans le contexte d’une situation macroéconomique fragile et avec la baisse des recettes fiscales liée au blocage de l’activité, les autorités devront mobiliser des ressources supplémentaires pour y faire face.
« Compte tenu de l’ampleur mondiale de la crise sanitaire et de l’ampleur de ses effets économiques, le monde doit travailler ensemble pour rouvrir le commerce, le tourisme et aider ces pays, comme la Tunisie, qui ont besoin de soutien pour traverser cette crise sans précédent », souligne l’étude.