La BCT prévoit en 2017 une croissance de 3,5% pour une inflation de 4,2%
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a publié, ce mercredi 4 mai 2016, l’analyse de l’évolution de la conjoncture économique nationale et internationale.
Il en ressort, concernant la croissance attendue au cours du premier trimestre 2016, que compte tenu de ces évolutions sectorielles, l’activité économique pourrait connaitre au 1er trimestre de l’année en cours, une progression en variation trimestrielle comprise entre +0,3% et +0,5% (aux prix constants de 2010), contre 0,8% enregistré au trimestre précédent. En glissement annuel, le rythme d’évolution de l’activité serait compris entre +0,9% et +1,1%.
En effet, les indicateurs conjoncturels laissent apparaître une évolution plutôt positive de l’activité dans le secteur réel national, au premier trimestre de l’année 2016, et ce, malgré quelques difficultés observées dans certains secteurs.
Les principaux secteurs manufacturiers exportateurs auraient tiré à la hausse la croissance globale, en relation avec le redressement de l’activité industrielle européenne (+0,9%1 en T1-2016 contre +0,4% en T4-2015). Les acquis de croissance trimestrielle au mois de février 2016 pour les indices de production dans les industries mécaniques et électriques (IME) et les industries du textile, habillement et cuir (THC) s’élèvent à +1,7% et +0,6% respectivement.
Les secteurs du tourisme et du transport afficheraient aussi une reprise relative par rapport au trimestre précédent sans pour autant atteindre leurs niveaux d’avant les attaques terroristes de mars, juin et novembre 2015. Le nombre de vols et celui des passagers aériens ont augmenté en T1-2016 respectivement de 3,8% et 15,6% par rapport au trimestre précédent.
En revanche, les troubles sociaux au niveau des sites de production minière et d’extraction de gaz naturel continueraient à impacter négativement la croissance au 1er trimestre de l’année en cours. Les productions des industries minières et de celles d’extraction de gaz (acquis de croissance au mois de février) affichent une évolution négative de 18% et 8,4% respectivement par rapport au trimestre précédent. Ceci aurait des conséquences négatives certaines sur la performance des industries chimiques. Dans le même sillage, l’activité agricole ne serait pas au rendez-vous, en 2016. Au premier trimestre, la valeur ajoutée de ce secteur souffrirait de la nette régression de la production oléicole estimée à près de -60% par rapport à celle de la saison précédente.
Au-delà du premier trimestre 2016, le rythme de croissance trimestrielle du PIB, aux prix constants de 2010, devrait se maintenir dans la fourchette 0,6%- 1,2%, jusqu’au dernier trimestre 2017. La croissance annuelle serait de 2,0% en 2016 et 3,5% en 2017. Hors agriculture, la croissance du PIB pourrait atteindre 2,6% en 2016 et 3,4% l’an d’après, contre seulement 0,3% en 2015.
Le scénario central de prévision privilégie un retour graduel vers le rythme de croissance d’avant-2015. Ce retour serait soutenu par le redressement de la production des industries exportatrices (IME et THC), en ligne avec la hausse attendue de la demande des principaux partenaires, en particulier la Zone Euro. Egalement, on s’attend à une contribution positive et significative du rétablissement progressif de la production dans certains secteurs, qui ont connu des perturbations voire un quasi-arrêt de production, en 2015, en particulier les industries chimiques, mines, phosphates et énergie.
Par ailleurs, le rythme de redressement de l’activité touristique devrait être très lent, ce qui impliquerait une contribution négative à la croissance économique en 2016, et légèrement positive en 2017. Quant au secteur agricole, il devrait pâtir des retombées du déficit de pluviométrie, en contribuant négativement à la croissance du PIB en 2016, avant de renouer avec la croissance l’an d’après. Le maintien de la croissance sur une trajectoire ascendante et supérieure à la croissance potentielle, favoriserait une fermeture graduelle de l’écart de production, à l’horizon de 2017.
Les perspectives pour l’économie tunisienne devraient s’améliorer sur l’horizon de prévisions. Toutefois, elles restent sujettes à des aléas illustrés dans le graphique en éventail (Fan chart). Des risques spécifiques qui pèseraient sur la croissance peuvent aussi être identifiés. Ils pourraient se matérialiser au plan international en cas de ralentissement de la demande étrangère, de remontée significative du prix du pétrole et de l’intensification des crises géopolitiques. En particulier, une trajectoire plus ascendante que prévue du prix de pétrole affecterait les prévisions.
Au plan interne, une meilleure transmission de la dernière baisse de 50 points de base du taux directeur de la BCT, vers l’économie réelle pourrait renforcer davantage la reprise de l’investissement. Aussi, si les ménages choisissent d’orienter la hausse de leur revenu de salaires vers plus d’épargne que de consommation, le sentier de croissance pourrait être affaibli. Par ailleurs, si des contraintes de production se manifestaient, la croissance des importations pourrait être plus élevée et dégrader la contribution des exportations nettes à la croissance attendue.
Concernant les perspectives de l’inflation et de l’inflation sous-jacente au deuxième trimestre de 2016, la BCT estime que l’inflation moyenne serait de 3,5% en T2-2016 contre 3,4% en T1-2016.
En effet, les pressions sur les prix auraient tendance à augmenter au cours des prochains moins et leur hausse pourrait provenir du risque de rebond des prix des produits alimentaires frais, au cours du mois de Ramadhan et à l’approche de la saison estivale. Selon l’exercice de prévision du mois d’avril 2016, l’inflation devrait atteindre 3,7% au terme du deuxième trimestre en raison d’une progression mensuelle moyenne de l’IPC de 0,5% durant la même période.
Par ailleurs, et selon ses prévisions, le rythme de progression de l’inflation serait en légère hausse à partir du troisième trimestre 2016, pour atteindre une moyenne de 3,6% sur l’ensemble de l’année 2016 et 4,2% en 2017.
Par principales composantes, et à la faveur d’une hausse quasi-généralisée de la production locale et le renforcement du contrôle des circuits de distribution, l’inflation des produits alimentaires frais devrait se maintenir sur une tendance haussière, quoiqu’à un rythme plus faible. Quant à l’inflation des produits administrés, l’absence de tensions importantes sur les cours mondiaux des produits alimentaires de base et de l’énergie favoriserait la détente du rythme de progression des prix de cette catégorie de produits. L’entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement automatique des prix à la pompe aux prix internationaux, début juillet prochain, et l’annonce d’une nouvelle baisse des prix, à la même date, devrait contribuer à maintenir l’inflation des produits administrés à un niveau relativement bas, en 2016.
S’agissant de l’inflation sous-jacente (hors produits frais et administrés), elle devrait se maintenir sur une tendance baissière, quoiqu’à un rythme modéré, pour se situer sur l’ensemble de 2016 légèrement au dessus de 5%, avant de baisser de nouveau à 4,6%, à l’horizon de 2017. Cette orientation à la baisse serait soutenue par l’absence de fortes pressions sur les prix mondiaux des matières premières, des effets de second tour émanant de l’ajustement à la baisse des prix de l’énergie et de l’apaisement des pressions provenant de la demande. Les risques entachant l’inflation semblent globalement équilibrés. D’une part, une trajectoire plus ascendante du prix du pétrole et une transmission plus marquée des hausses des coûts salariaux pourraient favoriser une accélération des prix. D’autre part, la persistance de la faiblesse de la demande de consommation devrait plaider en faveur de plus de détente de l’inflation.
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