Les dirigeants et experts fonciers participant à la 5éme Conférence sur la politique foncière en Afrique (CLPA) (21 au 24 novembre 2023), à Addis-Abeba en Éthiopie ont affirmé que la bonne gouvernance foncière est cruciale pour la réalisation de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
La gouvernance foncière et la réglementation de l’accès et de l’utilisation des terres permettent d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf à travers la contribution à la production de biens, la libération du potentiel agricole et le renforcement de l’égalité des sexes, ainsi que le développement territorial équilibré, selon ses responsables.
Des systèmes de gouvernance foncière solides sont essentiels pour faciliter l’engagement des jeunes, des femmes, des communautés et du secteur privé afin de tirer profit de la ZLECAf et de la numérisation, a noté le chef de la section de l’énergie des infrastructures et des services, de la Division du développement du secteur privé et des finances à la CEA, Robert Lisinge.
D’autres intervenants ont laissé entendre qu’une bonne gouvernance foncière favorise un accès sécurisé à la terre et crée un environnement propice aux investissements, lesquels sont essentiels pour libérer les capacités productives de l’Afrique.
Les gouvernements africains doivent respecter les politiques et la bonne gouvernance foncière pour soutenir les infrastructures, les énergies renouvelables, et tous les facteurs nécessaires à l’industrialisation et au commerce dans le continent africain.
Plusieurs responsables africains s’accordent à dire que la mise en œuvre effective de la Zlecaf d’ici 2045, nécessitera des investissements supplémentaires dans les usines, les routes et les infrastructures, afin d’accroître le commerce et partant stimuler le développement durable et inclusif et la gestion de l’environnement en Afrique.
Par ailleurs, les conférenciers ont précisé que les technologies numériques inclusives peuvent soutenir les processus d’élaboration des politiques foncières et commerciales grâce à une prise de décision fondée sur des données concrètes. Ces technologies aident à identifier, également, les opportunités de réforme, de création d’emplois, d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, et les besoins alimentaires.
La ZLECAf a le potentiel de sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté, d’augmenter les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars, tout en connectant 1,3 milliard de personnes, d’après ces experts.
Il s’agit également, d’un grand potentiel de numérisation que les jeunes du continent pourraient exploiter dans les secteurs de l’agriculture et de l’agro-industrie. Ce potentiel est estimé à 1 000 milliards de dollars d’ici 2030. Il s’agit d’un rendement immédiat à réaliser, étant donné que la plupart des jeunes africains, (40 à 60 % d’entre eux) sont déjà engagés dans l’agriculture et l’agroalimentaire.
L’intégration des droits fonciers des femmes dans la ZLECAf, essentielle pour le développement durable en Afrique
Pour certains experts l’intégration des droits fonciers des femmes dans la ZLECAf représente une opportunité importante de promouvoir l’égalité des sexes, de réaliser l’autonomisation économique des femmes et de favoriser le développement durable en Afrique.
Ils ont affirmé, dans ce contexte, que la ZLECAf peut créer un environnement favorable aux femmes entrepreneurs, faciliter leur participation au commerce transfrontalier et contribuer à la réduction de la pauvreté et à une croissance inclusive pour résoudre les défis uniques auxquels sont confrontées les femmes pour accéder à la terre et en posséder.
Selon la chargée de cours au Département de sociologie de l’Université de Zimbabwe, Sandra Bharasar, les efforts devront être axés sur l’intégration de la dimension genre dans tous les aspects relatifs à la mise en œuvre de la ZLECAf.
Assurer l’équilibre entre les sexes dans les négociations commerciales, établir des mécanismes de suivi et d’évaluation sensible au genre et mener des évaluations de l’impact des politiques commerciales sur le genre afin d’identifier les risques et opportunités potentiels pour les femmes comptent parmi les principales questions de préoccupation dans ce domaine, d’après Bharsar.
A noter que l’Agenda 2063 de l’Afrique a appelé les gouvernements à autonomiser pleinement les femmes dans tous les domaines en leur accordant des droits sociaux, politiques et économiques égaux à ceux des hommes, y compris le droit de posséder et d’hériter de biens, de signer des contrats et d’enregistrer et de gérer des entreprises.
En 2016, l’Union Africaine(UA) avait lancé une campagne visant à allouer 30 % des terres aux femmes africaines d’ici 2025 pour la transformation économique de l’Afrique.
Organisée par le consortium tripartite composé de la Commission de l’Union africaine (CUA), de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la Conférence sur la politique foncière a pour thème « Promouvoir une gouvernance foncière durable pour la mise en œuvre accélérée de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ».
Elle constitue une plateforme pour un dialogue solide et constructif entre les experts des gouvernements, des milieux universitaires et de la recherche et des représentants du secteur privé. Elle vise notamment à améliorer le réseautage, les partenariats et les ressources en matière de gouvernance et de politique foncière en Afrique.