A l’origine de la perturbation de la production du phosphate dans le bassin minier de Gafsa, on peut citer les protestations sociales qui n’en finissent pas.
La Tunisie, qui était parmi les trois pays les plus grands exportateurs de phosphate, a connu, au cours de la dernière décennie, une dégradation à tel point que les autorités publiques ont été obligées d’importer des quantités de phosphate d’Algérie afin de pouvoir honorer leurs engagement avec les fournisseurs mondiaux. C’est dire à quel niveau nous sommes tombés dans un monde qui bouge et qui ne reconnaît que les performances. Après les décisions exceptionnelles prises par le Chef de l’Etat, la situation s’est améliorée dans le bassin minier de Gafsa et le rythme de production a repris son rythme normal, voire plus, et ce, pour rattraper le retard enregistré dans ce domaine.
A l’origine de la perturbation de la production du phosphate dans le bassin minier de Gafsa, on peut citer les protestations sociales qui n’en finissent pas. Ces mouvements de protestations ne sont pas souvent soutenus par les centrales syndicales ou les organisations professionnelles. Des jeunes ne trouvant pas de travail dans la Compagnie de phosphate de Gafsa, ne s’empêchent pas de s’attrouper autour du bassin minier, empêchant les ouvriers et les travailleurs de rejoindre leurs postes. Une telle situation s’est répercutée sur les activités du Groupe chimique tunisien qui approvisionne en engrais chimique plusieurs opérateurs à l’intérieur comme à l’extérieur.
Retour à la case départ
Rien ne sert de recourir à la violence et à la répression pour résoudre ces problèmes sociaux. L’expérience a montré que les négociations avec les protestataires constituent la meilleure solution en vue d’identifier les solutions qui ont trait souvent à l’emploi des jeunes, l’amélioration des conditions de travail et la révision des primes. Les autorités publiques basent leurs négociations en tenant compte de plusieurs paramètres dont ceux qui concernent les ressources financières disponibles à mettre en jeu pour assurer la paix sociale. C’est que les deux sociétés, à savoir la Compagnie de phosphate de Gafsa et le Groupe chimique tunisien, doivent bénéficier de la priorité dans les plans de développement mis en place par l’Etat pour assurer leur pérennité et leur fonctionnement sans arrêt. Mieux encore, à la faveur des mesures exceptionnelles présidentielles, il a été possible d’arrêter le transport du phosphate par camions au profit d’une société opérant dans le domaine et de recourir, de nouveau, à ligne ferroviaire de la Sncft, ce qui va permettre d’assurer des recettes de plus pour notre société nationale. Par le passé, des personnes perturbaient le transport par voie ferroviaire (en déposant des gravats sur les rails), et ce, pour recourir au transport du phosphate par camions. Il est nécessaire de préserver la ligne ferroviaire pour l’utiliser au lieu des camions qui coûtent une somme faramineuse à la société. Toutes les parties prenantes, y compris les citoyens, doivent contribuer à assurer cette dynamique dans le domaine de la production et le transport du phosphate pour permettre à la Tunisie d’avancer vers la voie du progrès.
Parallèlement, un travail devrait se faire à Gafsa et les zones environnantes en vue de développer le tissu industriel et de services qui reste, malgré tout, faible et ne répondant pas aux besoins des opérateurs économiques et des citoyens. Des investissements conséquents doivent être consentis à ce niveau pour faire de Gafsa un pôle de développement spécialisé, par exemple, dans la céramique, le verre et les matériaux de construction. C’est ainsi que l’on pourrait faire travailler, à moyen et long terme, des milliers de personnes qui n’auront pas besoin d’attendre l’ouverture d’un concours de la Compagnie de phosphate de Gafsa ou du Groupe chimique pour trouver un emploi. Moyennant des aides financières, les jeunes, bien formés, peuvent prendre l’initiative et se lancer dans des projets rentables et innovants et subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille, tout en stimulant la vie socioéconomique dans ces zones délaissées des années durant à cause d’un manque de projets de développement. Le temps est venu pour que l’Etat et les opérateurs économiques privés mettent la main à la pâte en contribuant aux progrès de ces régions.
C. GHARBI