La Réserve fédérale américaine (Fed) a déclaré mercredi qu’elle pourrait « bientôt » réduire ses achats d’obligations sur les marchés et elle envisage une première hausse de taux plus tôt que prévu, neuf de ses 18 principaux responsables jugeant que le coût du crédit pourrait devoir augmenter en 2022.
Cette inflexion du discours de la banque centrale des Etats-Unis s’explique notamment par l’évolution de ses prévisions en matière d’inflation: elle s’attend désormais à ce que la hausse des prix à la consommation culmine à 4,2% cette année, contre 3,4% prévu en juin, un niveau plus de deux fois supérieur à son objectif.
La hausse des taux d’intérêt devrait toutefois être relativement lente puisque le taux des fonds fédéraux (« fed funds »), qui reste pour l’instant fixé entre zéro et 0,25%, ne devrait atteindre que 1% en 2023 puis 1,8% en 2024, un niveau qui resterait considéré comme accommodant.
Durant cette période, la Fed laisserait l’inflation dépasser légèrement son objectif de 2%, conformément à la nouvelle stratégie adoptée l’an dernier. Le taux de chômage, lui, reviendrait progressivement vers son plus bas d’avant la pandémie, soit 3,5%.
Les membres du Federal Open Market Committee (FOMC) ont aussi revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour cette année: la médiane de leurs estimations de progression du produit intérieur brut (PIB) est revenue à 5,9%, contre 7,0% en juin.
« Les secteurs les plus fortement affectés par la pandémie se sont redressés ces derniers mois mais l’augmentation des cas de COVID-19 a freiné la reprise », constate le communiqué du FOMC.
Ce dernier n’a pour l’instant pris aucune décision sur le rythme et le calendrier de la réduction des achats d’actifs, mais le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré qu’il serait « approprié » que ce processus débute « bientôt » pour s’achever d’ici la mi-2022.
« Les participants estiment dans leur ensemble qu’aussi longtemps que la reprise restera bien engagée, un processus de réduction graduelle qui s’achèvera autour du milieu de l’année prochaine serait probablement approprié », a-t-il dit lors dune conférence de presse.
UNE DÉCISION POSSIBLE DÈS NOVEMBRE
Jerome Powell a ajouté que les conditions financières resteraient accommodantes même après l’arrêt des achats de la Fed et il a souligné que les décisions en matière d’achats d’actifs étaient distinctes de celles concernant les taux.
« C’est probablement un peu plus ‘faucon’ que beaucoup ne s’y attendaient; ils reconnaissent globalement que si l’économie continue de croître comme on l’a vu, cela justifiera un tapering », a commenté Sam Stovall, responsable de la stratégie d’investissement de CFRA Research. « On pourrait dire qu’il s’agit d’une quasi-annonce de tapering alors qu’ils ont abaissé leur prévision de PIB 2021. »
Tout en prenant acte du fait que la résurgence récente de l’épidémie de COVID-19 a freiné la reprise de certains secteurs de l’économie, la Fed note dans son communiqué – adopté à l’unanimité – que les indicateurs dans leur ensemble « ont continué de se renforcer ».
Lors de sa conférence de presse, Jerome Powell a précisé que le FOMC pourrait conclure dès la prochaine réunion, début novembre, que l’évolution de l’emploi et celle de l’inflation correspondent aux conditions fixées comme préalables à une diminution des achats.
Ces achats d’obligations du Trésor et de prêts immobilisés titrisés représentent pour l’instant 120 milliards de dollars (102 milliards d’euros) par mois.
Le détail des nouvelles prévisions de la banque centrale montre aussi que deux membres du FOMC ont modifié leurs estimations en matière de taux et prévoient désormais une hausse dès 2022 au lieu de 2023.
Sur les marchés, le dollar s’appréciait face aux autres grandes devises (+0,22%) après la conférence de presse de Jerome Powell alors que le rendement des bons du Trésor à dix ans reculait légèrement, à 1,3074%.
À Wall Street, l’indice large Standard & Poor’s 500 gagnait 1,05% à quelques minutes de la clôture, grâce principalement à la hausse des valeurs financières et des technologiques.