La Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH) a souligné que les mesures annoncées au profit du secteur constituent une bouffée d’oxygène pour de nombreuses entreprises hôtelières « au bord de l’asphyxie », estimant toutefois qu’elles (meures) vont aggraver l’endettement, notamment avec l’absence de visibilité quant à la reprise de leur activité.
Le fond de garantie de 500 Millions de Dinars (MD), le maintien de l’emploi au sein de ces entreprises, l’inclusion des sociétés de gestion hôtelière, la bonification de 2 points sur le taux d’intérêt, la durée du crédit avec les deux années de grâce, sont autant de mesures saluées par la Fédération, néanmoins ces crédits à contracter vont aggraver l’endettement déjà très élevé du secteur et fragiliser des entreprises.
Des interrogations et des réserves concernant les modalités d’application des mesures
En effet, la FTH a souligné que ces mesures soulèvent des interrogations et des réserves concernant les modalités pratiques et mécanismes de mise en œuvre, s’interrogeant notamment sur l’arsenal juridique qui oblige les banques à accorder des crédits dans des délais courts.
Elle a fait savoir que la condition restrictive en matière du chiffre d’affaires élimine une catégorie d’unités hôtelières et leurs employés, ajoutant que les hôtels qui ont une activité balnéaire saisonnière, sont contraints de fermer en hiver.
» Si l’objectif est de conserver l’emploi, on ne devrait pas éliminer des dizaines d’hôtels en fonction de leur chiffre d’affaires « , a avancé la FTH.
La FTH exprime son compréhension de ne pas avoir été désignée membre de la commission de litiges
La fédération s’est interrogée également sur la forme sous laquelle seront versés les salaires jusqu’au mois d’avril 2021 et si un autre mécanisme de financement plus équilibré pouvait être envisagé tel qu’un crédit direct aux employés, à travers les organismes sociaux par exemple, à des conditions avantageuses.
Et d’ajouter que les entreprises hôtelières sont toutes concernées par le pouvoir d’achat de leurs employés, cependant elles ne peuvent pas se substituer au rôle social de l’Etat dans une période de grande incertitude.
Il est à rappeler que le ministre du Tourisme et de l’Artisanat Mohamed Ali Toumi avait annoncé, le 20 mai 2020, la mise en place d’une ligne de crédit de 500 MD pour permettre aux établissements hôteliers touchés par la pandémie du covid- 19 de payer les salaires de leurs fonctionnaires.
Les entreprises qui vont bénéficier de ces crédits sont celles, dont le chiffre d’affaires a enregistré une baisse de 25% au mois de mars 2020 par rapport à 2019, et un recul de 40% au mois d’avril 2020.
En plus, cette mesure concerne uniquement les établissements hôteliers classés de 1 à 3 étoiles. Pour les hôtels 4 étoiles, le ministère va examiner leur situations cas par cas, excepté les hôtels 5 étoiles.
D’autre part, la FTH exprime son incompréhension de ne pas avoir été désignée membre de la commission de litiges prévue, ajoutant que la Fédération, ainsi que d’autres syndicats professionnels, est représentative de la profession et qu’elle a toujours siégé dans diverses commissions.
Pour rappel le ministre du Tourisme avait précisé qu’une commission composée de représentants du ministère des Finances, de la BCT et de la Société tunisienne de garantie (SOTUGAR) va assurer le suivi de la ligne de crédit.
Elle a cité à titre d’exemple la Commission de Classement des Unités Hôtelières, la commission de Mise à Niveau des Unités Hôtelières, le Comité de Gestion du FODEC, le Conseil National de la Fiscalité, le Conseil National du Dialogue Social, la Commission de bonification d’intérêt et des avantages sociaux et la Commission chargée d’approuver les programmes de restructuration financière des hôtels, instaurée par le décret gouvernemental 732 du 06 Août 2019.
La FTH a exprimé son étonnement de ne pas faire participer les syndicats professionnels les plus représentatifs du secteur au sein de cette commission, soulignant l’importance de l’implication de la profession dès le départ pour éviter les blocages et garantir la bonne application des mesures.
A noter la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien avait également annoncé, le 23 mai 2020, que les mesures prises par le gouvernement tunisien à ce jour sont insuffisantes pour sauver ce secteur crucial pour l’économie nationale, précisant que le secteur touristique mérite des mesures de soutien exceptionnelles. La Fédération avait appelé ses adhérents à se préparer pour l’organisation d’un sit-in.