La monnaie tunisienne mérite mieux !
Selon une source anonyme, et plusieurs journalistes et éditorialistes des irrégularités autour du contrat attribué à l’entreprise américaine Crane Currency pour la conception et l’impression des dinars ont récemment fait écho.
Les informations relayées par ces médias sont partiellement exactes, mais elles n’évoquent pas tous les aspects du problème.
Selon cette source anonyme l’entreprise Crane Currency s’est effectivement engagée contractuellement à produire nos dinars dans son usine suédoise de Tumba. En amont de ce contrat, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a demandé à disposer de la possibilité de visiter les sites de fabrication, pour exercer son droit de regard et de contrôle à toutes les étapes de la production.
Crane Currency n’a autorisé les visites à Tumba que lors de la phase finale de numérotation des billets, injonction à laquelle la BCT a finalement cédé. Or, à cette étape de la fabrication, rien ne vient prouver que les billets ont bien été imprimés en Suède : ils peuvent très bien avoir été acheminés sur place après avoir été imprimés dans une autre usine, sachant que Crane Currency dispose de nombreux partenariats et sous-traitants, aussi bien au Maroc qu’en Europe de l’Est.
Depuis, en dépit les dénégations de Crane Currency, la BCT a bien été informée officieusement de la production partielle des dinars hors de Suède, un journaliste américain évoquant même explicitement le Maroc.
Pour Crane Currency, la raison est simple : les coûts de production chez les sous-traitants sont bien moins élevés qu’en Suède. La qualité du produit fini n’est pas, en cause, indépendamment des lieux de fabrication. Mais devant ce qui représente une entorse sévère aux engagements contractuels de Crane Currency, le silence du gouverneur de la BCT et de son directeur exécutif est assourdissant.
En imaginant le pire, quel impact sur l’économie tunisienne pourrait par exemple avoir la perte ou le vol d’une cargaison de dinars, lors de l’étape du transport vers la Suède, pour ne pas mentionner le comportement indélicat d’un sous-traitant, tenté par la fabrication de fausse monnaie ?
Crane Currency, pour des raisons purement financières, fait courir un risque injustifié à la Tunisie, sans réaction de la part des autorités de la BCT.
L’impression de la monnaie n’est pas une affaire qui peut être traitée avec autant de légèreté ; les autorités de la BCT ne peuvent décemment continuer d’ignorer où sont réellement fabriqués nos billets et par où ils transitent. Elles doivent exiger la transparence de Crane Currency sur ce sujet. La monnaie tunisienne est un élément constitutif de la souveraineté et le socle de l’économie ; ce n’est pas une question qui peut laisser place aux doutes et aux interrogations.