La Question Energétique en Tunisie: Entre l’urgence des défis et la démission des tutelles…

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Dans un monde où la course à l’énergie s’avère décisive dans le développement des nations, l’adoption d’une stratégie énergétique nouvelle, plus en phase avec les capacités du secteur énergétique tunisien, ses opportunités et ses limites, doit constituer l’une des priorités absolues de la Tunisie aujourd’hui.

Il est vrai que la Tunisie n’est pas un pays producteur de pétrole comme le sont ses voisins, mais la question énergétique a toujours constitué un paramètre majeur, qui a beaucoup influencé ses performances économiques.

Beaucoup de pays ayant une balance énergétique déficitaire, dont la Tunisie, ont pu enfin respirer après la chute des prix du pétrole accusée depuis le début de l’année. Mais il ne faut pas se leurrer que cette crise pétrolière, telle furent d’autres précédentes, durerait éperdument. Il est envisageable que les prix reprendront bientôt leur croissance et cibleront probablement de nouveaux sommets.

Tout étant soumis à la loi de l’offre et de la demande ; si les cours du brut avaient baissé cette année, c’est parce que, d’un côté, la production fut abondante – effet de la hausse des prix en 2009-2014 et qui avait boosté le développement et l’exploration des hydrocarbures à travers le monde, notamment avec les hydrocarbures non-conventionnels(gaz et huile de schiste). Et puis, ceci fut associé à une baisse relative de la demande dans des gros consommateurs comme la chine, l’inde et le Brésil; et l’effet de l’augmentation des stocks en chine et aux USA.

Mais au-delà des contextes temporels, il existe sur le long terme une tendance aussi sûre qu’inévitable : l’augmentation continue de la demande/consommation, contre des réserves de plus en plus difficiles à produire, et ainsi une offre potentielle qui se résorbe.

Avec la mondialisation et la libéralisation des échanges commerciales, ainsi que le progrès scientifique marque par une assise de partage du savoir et des technologies, l’énergie représente l’un des enjeux majeurs pour le futur. La course au développement, traduite par une surenchère de la consommation d’énergie –facteur direct de la propulsion de la productivité- est marquée par une autre course pour le contrôle des « réservoirs » des ressources énergétiques dans le monde. D’après les prévisions des IEA(1) , laconsommation énergétique mondialeaugment à raison de 1,4% par an.

La question énergétique constituera alors un enjeu majeur pour toute nation, peu importe qu’elle soit productrice ou non, et peu importe la taille de ses besoins.

Ainsi, et en perspective, les plans de chaque pays pour assurer son équilibre énergétique seront plus que cruciaux pour sa pérennité. Et si l’on s’était permis en Tunisie de gérer au jour-au-jour, sans vision stratégique réelle durant les dernières années, cela doit impérativement changer et notre pays doit entamer rapidement ses réformes, planifier sa transition énergétique, apporter plus d’équilibre a sa balance énergétique, définir ses alternatives et diversifier ses besoins, et puis se préparer -dès aujourd’hui- pour un avenir moins généreux -en matière d’énergie- que l’avaient été les premières 50 ans d’après l’indépendance.

Ceci passerait, tout d’abord, par une évaluation des choix adoptées dans la politique énergétique tunisienne durant les dernières décennies, identifier les succès, et les faiblesses, et en tirer les leçons pour aborder les défis à venir avec de meilleurs arguments et une vision stratégique claire.

Contexte Tunisien

De par sa production ou ses réserves en produits pétroliers, la Tunisie ne peut pas être considérée en pays producteur. Mais avoir peu de ressources, ou même ne pas en avoir du tout, n’exclut pas que la stratégie énergétique soit essentielle dans toute démarche de développement d’un pays.

Tout au contraire, moins le pays est doté de ressources, plus ses autorités doivent assurer les moyens pour couvrir le déficit et surtout anticiper sur les tendances futures (sur les plans local et international) pour prévenir les crises, et atténuer les contre-effets exogènes.

En termes plus simple, et pour le cas tunisien, la « Réforme énergétique tunisienne »,tant discutée, revient à travailler sur 2 grands axes:

Développer et diversifier davantage les ressources énergétiques; à savoir l’intensification des activités de prospection, exploration et développement, à la recherche de nouvelles réserves non-pistées, de toute nature, que ce soient dans les énergies conventionnelles, non conventionnelles ou renouvelables
Maitriser la facture énergétique, afin d’optimiser les frais, travailler sur les synergies, renforcer la compétitivité du produit local et alléger les charges et dépendances, et ce, que ce soit au niveau financier, économique ou géostratégique.
A ces deux grands titres, vient s’ajouter un autre vecteur qu’est la promotion du développement régional, et les approches à suivre pour faire du secteur énergétique un élément moteur pour le développement régional dans des zones initialement déshéritées et reposant sur la majorité des ressources énergétiques et minières.Ce vecteur tire sa raison d’être de la spécificité du contexte tunisien, et notamment au nouveau paysage socio-économique post révolutionnaire.

Crise du secteur pétrolier et crises de la balance énergétique tunisienne

La question énergétique pèse énormément sur le budget national. En 2013, la caisse de compensation dut couvrir plus de 3 Milliards de dinars rien que pour combler la différence accusée entre les prix d’achats internationaux, et les prix de vente locaux des hydrocarbures. Ceci représentait environ 7% du budget de l’état, et ces dépenses furent aux dépends des plans de développement régionaux ou d’investissements publics, et assurées par un recours aux dettes extérieures.Ce fardeau fut plutôt « gérable » en 2013, malgré les 110$ de moyenne de prix du brut, mais il nous a coûté deux points sur la croissance économique, pour finir l’année au niveau de 2,4%.

Si l’on considère les résultats économiques actuels (autour de 0%de croissance annoncée pour 2015) et que l’on se rend compte que les prix de brut pour cette année furent autour d’une moyenne de 50$, il n’est pas exagéré de dire que, si les prix du brut avaient été aux mêmes seuils qu’il y a deux ans, aucun gouvernement ne serait capable d’équilibrer les chiffres et éviter la faillite!

Ainsi, les fluctuations des cours internationaux d’énergie primaire ont bel et bien un impact direct, et des plus conséquents, sur le niveau de vie du tunisien, et même si cet effet est camouflé ou différé. C’est pour cela qu’il faut bien avoir une meilleure maitrise de notre balance énergétique, et tacher de la préserver au maximum des influences extérieures.

Les années 70 ont vu le démarrage des grands champs pétroliers (Borma&Ashtart). Le pétrole coulait alors à flot et ramenaient aux caisses de l’état des entrées considérables qui ont permis de lancer de grands projets et infrastructures.Cet excédent sur la balance énergétique a été érodé d’une année à l’autre pour se neutraliser en l’an 2000. Depuis, les tendances n’ont pas changé, la production a continué à se dégrader et la consommation à croître, et s’installa alors un déficit énergétique qui s’alourdit d’une année à une autre.

Si l’augmentation de la consommation est une conséquence aussi directe que naturelle de croissance économique enregistrée ; la régression de la production interne de sources d’énergie a plusieurs raisons, mais elle surtout justifiée par la déplétion naturelle des gisements historiques de pétrole, et par le manque de développement nécessaire pour compenser cette baisse.

Il est sans doute que la planification stratégique en matière d’énergie en Tunisie a fait défaut, et cela se manifeste par un nombre de choix qui étaient en écart de phase, d’opportunités manquées, ou de retards accumulés sur la transition énergétique par l’identification et le développement de source d’énergies alternatives.

Cela fait que, et pour l’avenir proche, nous ne disposons pas d’une multitude de choix. Alors que la transition énergétique doit être pensée et que les stratégies doivent être décidées, il faut bien assurer, entre temps, notre équilibre énergétique pour les années à venir.

Il faut aussi se préparer pour de probables reprises des cours du pétrole, faute de quoi, on risque bien de se retrouver en «panne sèche»!

On parle beaucoup des énergies renouvelables en Tunisie, mais on ne fait justement pas grand-chose dans ce domaine autre que de « parler ». La Tunisie a pris un retard considérable par rapport à son voisin marocain par exemple, et le reste du Monde en général.Il est peu réaliste de considérer les énergies renouvelables pour une transition énergétique proche, faute d’avoir mis en place toutesles assises scientifique, technique, et industrielle nécessaires.

Ainsi, notre système énergétique est, et restera pour un bon moment, basé sur le pétrole et le gaz, extraits localement, sinon importés. La Tunisiedispose d’un potentiel pétrolier très modeste, mais les efforts d’exploration et de développement n’aident pas àaméliorerla situation.

Alors que tous les champs pétroliers sont en déclin et la majorité est en fin de vie, les découvertes se fonttrès rares (une seule petite découverte fut enregistréeen 2014), faute d’investissements dans la recherche pétrolière et –surtout- de volonté politique pour soutenir le secteur.

La chute vertigineuse de la production des hydrocarbures est littéralement effrayante ; elle est de l’ordre de 10% par an (chiffres de 2013 et 2014), et elle ne fait que s’aggraver!
Sans renouvellement de réserves, c’est le secteur pétrolier entier qui se retrouve menacé dans sa pérennité. Il est très important de rappeler que le poids de ce secteur est des plus conséquents dans l’économie tunisienne, dépassant par exemple ceux du tourisme ou du phosphate, pourtant très présents dans la conscience collective des tunisiens.

Lorsque l’incompétence coûte même plus cher que la corruption!Sans doute, la chute des prix du pétrole avait relégué l’intérêt pour le secteur à un niveau d’urgence moindre, mais cela ne doit pas nous leurrer des difficultés existentielles que vit ce secteur aujourd’hui.

Si la balance budgétaire nationale avait pu prendre son souffle avec la baisse du prix du baril de 100 à 48 dollars, les sociétés productrices s’étaient vu dépossédées de l’entière marge de revenu dont elles disposaient, et pour plusieurs d’entre elles, elles avaient carrément viré au rouge (pertes), surtout pour les champs offshore ou de production marginale.

Le coût d’exploitation par baril est particulièrement élevé en Tunisie, abordant les 35$/bbl en moyenne (certains dépassant déjà les 50 $ !). Si l’on inclut les amortissements et la fiscalité (redevance impôts sur bénéfice, rabais Marche local est autres taxes), le prix de revient par baril dépasse souventles 50 dollars!

On n’a pas besoin d’expliquer davantage pour comprendre que la plupart des opérateurs qui investissent sur le marché tunisien sont dans une phase de pertes nettes.

Ce peut être classé dans le cadre des « risques du business », certes, mais ce qui est grave, c’est qu’au moment où tous les intervenants souffrent de cette situation, les autorités poursuivent leur laxisme et leur gestion archaïque et incroyablement passive du secteur, et ce, malgré les efforts de la petite équipe de la direction générale de l’énergie.
Certains champs offshore ont atteint leur limite économique (Ashtart, Didon) et ne peuvent pas continuer à être exploités économiquement à cause des coûts d’exploitation élevés : surplus de personnel, charges élevées, production faible, la fiscalité très élevée (pour Ashtart)…

Le Gouvernement et le parlement doivent avoir le courage de revoir les termes fiscaux élevés d Ashtart pour permettre la poursuite de l’exploitation de champ (où des investissements énormes ont été réalisés),sinon il sera bientôt abandonné, faute de rentabilité.

Les champs terrestres souffrent également d’un déclin de leur potentiel et du coût élevé de l’exploitation, mais aussi du manque d’infrastructure (pipelines…),et des mouvements sociaux qui rendent le quotidien des opérations parfois impossibles.

Bien que l’état soit partenaire à travers l’ETAP d’au moins 50% quote-part pour la majorité des champs pétroliers en Tunisie, ces problèmes semblent être traités comme étant ceux des « opérateurs », et non un problème« national ». Les autorités réagissent toujours en retard, et après que les pertes se chiffrent en millions de dinars, et donnent souvent l’impression qu’ils ne se soucient pas trop des défis et problèmes auxquels fait face le secteur.

Alors que notre pays a été pendant longtemps une plateforme de services pour les pays voisins, la baisse de l’activité, surtout dans l’exploration pétrolière, est en train de forcer les sociétés de services à réduire leur personnel ou à fermer et quitter le pays. D’ici peu, ce sont les opérateurs tunisiens qui auront recours à des services venant d’Algérie ou d’ailleurs avec un coût nettement plus chers. Lorsque on parle de services, cela va de l’ingénierie aux techniques d’exploration au génie civil, en passant par ceux de la maintenance ou d’assistance technique spécialisée. Ces sociétés représentent en effet près de 80% des emplois travaillant pour le secteur pétrolier !

Le cercle vicieux se resserre ainsi et, avec le départ des sociétés d’ingénierie de services, un puits de recherche ou une acquisition sismique nous coûtera alors plusieurs fois soncoûtactuel, ce qui baissera davantage l’attractivité de notre pays pour les investisseurs. Les découvertes potentielles en Tunisie étant de petite taille et présentant un risque de l’exploration élevé, si les coûts d’investissements deviendront encore plus élevés,plus aucun investisseur ne jugera rentable de risquer ses fonds dans notre pays.

La crise est bel et bien mondiale, mais les autres pays ont rapidement réagi pour minimiser son impact et sauver des milliers d’emplois. A titre d’exemple, la Grande Bretagne et la Norvège ont pris des mesures fiscales exceptionnelles afin d’aider les sociétés pétrolières à poursuivre leurs activités, conscients que –s’ils ne faisaient pas quelque chose pour redresser quelque peu les chiffres- ces sociétés ne pourront pas survivre, et qu’en conséquence, des milliers de personnes qualifiés se retrouveront rapidement au chômage.
Nos autorités, elles, se comportent avec les défis et difficultés que vit le secteur avec une approche bureaucratique insensible qui touche à l’insouciance.

Depuis la promulgation de la Constitution, l’article 13 avait suscité des lectures différentes et il y a eu comme une unanimité à ce que le code des hydrocarbures devait être amendé pour qu’il soit conforme à l’article 13…Les pouvoirs publics n’ont pourtant rien fait à ce sujet ; tout le monde attend encore le nouveau code des hydrocarbures amendé, et – entre-temps – on a dû cesser d’accorder des permis d’exploration !

Ce fut « un choix de facilité » entrepris par certains responsables fuyant leurs responsabilités et évitant de prendre des décisions. Il suffisait pourtant de faire passer par loi toute convention pétrolière nouvelle, garantissant ainsi qu’elle soit conforme à la Constitution, article 13 inclus.

Un secteur à la dérive

Le nombre de blocs libres à la recherche pétrolière s’est multiplié durant les dernières années, jusqu’à couvrir presque la totalité de la carte du pays ; presque 50 blocs libres en fin 2015!

Des compagnies pétrolière ont dû quitter la Tunisie et ont abandonné des Permis faute de visibilité ; sinon comment expliquer la présence d’une société avec des dizaines d’ingénieurs et des départements complets d’exploration, d’ingénierie et de développement, dans un pays qui n’accorde pas de permis de recherche, et où personne ne peut deviner quand est ce que serait la délivrance!

La question n’est pas uniquement politique, le volet administratif est bien pire, et peut être que c’est lui qui génère le plus de frustrations chez les professionnels. L’incapacité des autorités à gérer, et à prendre des résolutions par rapport aux problèmes sociaux.Faute de voir les ‘responsables’ prendre enfin leurs ‘responsabilités’, ces opérateurs se retrouvent souvent au centre de débats qu’ils ne comprennent pas et qui n’ont absolument rien à voir avec eux, et ce, malgré des efforts considérables qu’ils consentent pour s’investir dans des projets sociaux et communautaires.

Plus grave encore, les délais de réaction des pouvoirs publics très longs, mettant parfois des semaines (voire des mois) pour avoir des réponses a un email ou une correspondance, alors que c’est un secteur où tout se loue cher, et à la journée, et que les attentes –aussi inutiles et injustifiées soient-elles- coutent aussi cher que les opérations! Des extensions de Permis mettent une année ou plus pour être publiés au

Journal officiel ! Alors que, entretemps, des équipements, du personnel et des fonds sont mobilisés ; attendent la fameuse parution!

Aucun Permis de recherche n’a été octroyé depuis 2012, où un seul Permis a été accordé à une petite société. L’activité de recherche est à son plus bas niveau historique ; 2 à 3 puits de recherches sont fores par an alors que le pays a besoin d’un moins de 15 puits par an pour découvrir des Hydrocarbures et parler d’un possible renouvellement des réserves pétrolières et atténuer le déclin de la production nationale.

A cause de la chute des prix du pétrole, l’année 2015 a été marquée par une nette régression des investissements dans le développement du secteur pétrolier dans la monde.
Pourtant, dans cette conjoncture difficile, et alors que les investisseurs prêts à s’engager dans la recherche se font de plus en plus rares dans le monde- que dire d’un pays au faible potentiel d’exploration tel que le nôtre- nous nous sommes quand même « offerts le luxe » de refuser des demandes de Permis de recherche, pourtant présentées par certains compagnies sérieuses, sous prétexte que le Code des hydrocarbures n’a pas encore été amendé !
Si l’on voulait vraiment adopter une approche positive, et responsable, on pouvait bien amender un ou deux article du Code pour que l’octroi de ces permis soit possible tout dans le respect de la nouvelle constitution. Une telle passivité (à tous les niveaux) ne peut que susciter le découragement de tout professionnel à s’investir dans le secteur et à ne pas quitter le pays.

La majorité des champs abandonnés sont proie à la rouille et aux dégâts de la nature. Alors que beaucoup de concessions vont arriver à terme a partir de 2018, et personne ne sait si elles seront sujettes de renouvellement, d’extension au-delà de 2019 au non. Il est invraisemblable de demander à des investisseurs de travailler en Tunisie dans une pareille absence de visibilité !

Invraisemblable encore plus de se référer encore à des réglementations datant de 1953, obligeant les partenaires à demander une extension d’une concession avant dix ans du terme de la Concession, alors que nous sommes incapables de leur offrir la moindre visibilité, ne serait-ce que pour le très court terme !

Si l’on continue à négliger ce secteur, il ne tardera pas à s’effondrer. Il est désolant de voir les opérateurs étrangers se bousculer pour trouver des acheteurs pour leur revendre leurs avoirs en Tunisie et quitter le pays, alors que d’énormes efforts avaient été déployés pour les faire venir (Missions de promotion, Présentations techniques, visites de sociétés, modèles de contrats, études, conférences…).

Ceux qui ne comprennent rien au domaine n’y verront que des changements d’enseignes, un opérateur qui s’en va et un autre qui le remplace. Mais il y a une immense différence entre une multinationale qui ait une réputation à sauvegarder, une expérience et un savoir à mettre en œuvre, des fonds pour investir dans le développement… et de petits opérateurs inconnus qui viennent pour réaliser un gain rapide et maximisé, sans une capacité ni même la volonté de développement ou d’optimisation.

Devant l’urgence des défis, l’indifférence des tutelles

les députés, et les politiques en général, ne sont pas conscients de cette situation extrême. Les sociétés de services qui emploient directement et indirectement des milliers de Tunisiens sont très affectés, et des dizaines vont bientôt mettre la clef sous la porte. La chute de la production est une chute nette, conséquente, et directe dans les revenus de l’état en devises, et c’est en train de se chiffrer en centaines de millions de dollars par an!

Pourtant, chaque prêt « obtenu » de l’étranger leur coute beaucoup plus, en temps et en argent, que de se pencher sur la question de la gouvernance de nos propres ressources naturelles.

Le fameux projet d’amendement du code des hydrocarbures a pourtant été soumis au Conseil des ministres. Sa réponse du conseil a été qu’il fallait élaborer des lois pour toutes les ressources naturelles. Inutile d’expliquer qu’il faudrait attendre des années pour faire sortir l’ensemble de ces lois. Inutile d’expliquer que ce n’est probablement qu’une « excuse » pour fuir un sujet épineux, sujet de surenchères politiques, d’intérêts financiers, et dont personne ne veut prendre la responsabilité.

Le monde ne nous attendra pas entre-temps… ni les investissements, ni la chute de la production, ni la dégradation de la balance énergétique et économique.

Pour conclure, peut-être que la question énergétique suscite moins d’intérêt chez les Tunisiens aujourd’hui, citoyens et gouvernements, en considérant le niveau actuel des prix. Mais ceci ne peut pas être une excuse pour délaisser un secteur aussi stratégique et aussi important que celui de la production pétrolière.

Mais Dans un futur très proche, lorsque le prix du pétrole flambera à nouveau, on recevra de plein fouet l’impact des négligences commises durant ces dernières années. Et l’on réalisera alors –et ce sera malheureusement trop tard- que notre situation est bien pire que celle de 2012 et 2013. Notre économie s’est entretemps beaucoup fragilisée, devenant incapable de faire face à de tels chocs, et là, sans jouer les prophètes du malheur,on assistera à un effondrement total et brusque du système économique tunisien.

Le débat sur le pétrole et la gouvernance des ressources énergétiques, pétrolières et gazières en Tunisie, avait fait couler beaucoup d’encre et généré beaucoup de tensions. Mais une chose est sûre. Si on ne rectifie pas le tir le plus viter possible, il n’y aura pas grand-chose à espérer, ni à récupérer de ces ressources, et ce sera alors l’un des plus grands –et les plus coûteux- gâchis de l’histoire de ce pays.

Hamed EL Matri
SOLIDAR Tunisie – Commission Energie
International Energy Agency

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