Le FMI a présenté lundi son rapport sur les perspectives économiques pour la région Moyen-Orient et en Asie Centrale. Selon ses prévisions, le PIB réel de la région devrait se contracter de 4,1% en 2020, soit un repli de 1,3 point de pourcentage supplémentaire par rapport aux prévisions d’avril 2020. Les perspectives risquent encore d’être révisées à la baisse sur fond de reprise mondiale timide. Les pays importateurs de pétrole dont la Tunisie feront face à deux principaux défis : les pressions budgétaires et la hausse du service de la dette. Les institutions de Bretton Woods, qu’il soit le FMI ou la Banque Mondiale ne sont pas optimistes quant à la capacité de résilience de l’économie nationale face à la crise sanitaire.
Les deux rapports du FMI et de la Banque Mondiale ont mis l’accent sur l’espace budgétaire érodé pour l’économie nationale outre les risques élevés liés à l’accès au financement extérieur et à la charge de la dette à moyen terme. Ainsi et sur la base de son dispositif d’évaluation de l’espace budgétaire, qui n’est autre que la marge dont disposent les pays pour mener une politique budgétaire discrétionnaire sans compromettre leur accès aux marchés et la viabilité de leur dette, la Tunisie figure parmi les pays à hauts risques.
« Au début de la pandémie, plusieurs pays n’avaient pratiquement aucune marge de manœuvre budgétaire, notamment l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Pakistan et la Tunisie », souligne le rapport du FMI.
La crise sanitaire n’a fait qu’aggraver la situation notamment pour l’économie tunisienne qui sombrait déjà dans une crise économique sans précédent. Le creusement du déficit budgétaire qui atteindrait les 13,8% du PIB en 2020 se traduira par une hausse des besoins de financement et par une explosion de la dette. « Une hausse de la dette et des déficits réduira l’espace budgétaire et créera une dynamique insoutenable de la dette dans certains pays », précise le rapport.
« En 2021, la région devra rembourser environ 45 milliards de dollars de dette extérieure, pour l’essentiel au titre du service des dettes souveraines. Les montants arrivant à échéance représenteront plus de 7 % du PIB en Tunisie », ajoute la même source. Il sera ainsi difficile de préserver la viabilité de la dette en prenant de nouvelles mesures de relance budgétaire pour stimuler la croissance.
Suppression progressive des subventions aux carburants
Pour les pays de la région ayant des marges de manœuvre réduites, le FMI appelle les autorités à atténuer les risques budgétaires en élaborant des cadres budgétaires à moyen terme, en adoptant des règles budgétaires et en renforçant la gestion de la dette. « Ils doivent s’efforcer d’accroître leur espace budgétaire, par exemple en renforçant le contrôle fiscal, en accroissant la progressivité des systèmes fiscaux et en rendant les dépenses plus efficientes, notamment par une amélioration de la gouvernance et une suppression progressive des subventions aux carburants ».
« Au cours des mois à venir, les gouvernements et les dirigeants devront continuer d’agir résolument pour préserver l’emploi, fournir des liquidités aux entreprises et aux ménages, protéger les populations pauvres, et mettre en œuvre une feuille de route économique conçue avec soin, ouvrant la voie à la reprise. Les pays qui disposent d’un espace budgétaire réduit devront prendre des mesures additionnelles pour remédier aux vulnérabilités urgentes, afin d’assurer une reprise en douceur, tout en préservant la viabilité macroéconomique », conclut le FMI.
A la lecture des deux rapports de la BM et du FMI, principaux bailleurs de fonds et partenaires financiers de la Tunisie, il semble que l’étau se resserre sur l’économie nationale et que les institutions de Bretton Woods pourraient tourner le dos et fermer les vannes à leur ancien « bon élève » ou encore à leur « élève prodige ».
Les institutions de Bretton Woods lâcheront-elles leur «élève prodige» ?