La Tunisie connaît une dégradation de son autonomie énergétique. Selon le dernier rapport de l’Observatoire national de l’énergie et des mines, le taux d’indépendance énergétique du pays a chuté à 41% à fin octobre 2024, contre 49% un an plus tôt. Ce chiffre, qui mesure le rapport entre les ressources énergétiques produites localement et la consommation totale, révèle une dépendance croissante vis-à-vis des importations.
Une baisse significative des ressources énergétiques nationales
Cette détérioration est principalement due à une diminution de 16% des ressources d’énergie primaire par rapport à 2023. Cette baisse s’explique par un recul de la production nationale de pétrole brut et de gaz naturel, qui représentent pourtant 70% des ressources énergétiques du pays. Malgré une baisse de 11% de la redevance sur le transit du gaz algérien, le déficit énergétique s’est creusé de 14% en un an, atteignant 4,5 Mtep à fin octobre 2024.
Une demande en légère baisse, mais des importations en hausse
Paradoxalement, la demande d’énergie primaire a légèrement diminué de 1% sur la même période. Cette baisse est principalement due à une réduction de 4% de la consommation de gaz naturel, conséquence directe de la limitation des achats de gaz algérien. Pour compenser ce déficit et satisfaire la demande nationale en électricité, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) a dû recourir massivement aux importations.
Une structure énergétique qui évolue lentement
La structure de la demande énergétique tunisienne évolue lentement. Si la part des produits pétroliers a légèrement augmenté, passant de 48% à 49%, celle du gaz naturel a diminué de manière équivalente. Cette évolution reflète une légère tendance à la diversification des sources d’énergie, mais reste insuffisante pour inverser la tendance à la dépendance énergétique.
Les énergies renouvelables, un potentiel encore sous-exploité
Il est à noter que la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique tunisien reste marginale, ne représentant que 2% des ressources primaires. Malgré un potentiel solaire important, le développement des énergies renouvelables peine à décoller, freinant ainsi la transition énergétique du pays.
En conclusion, la Tunisie fait face à un défi énergétique majeur. La baisse de son taux d’indépendance énergétique, couplée à une dépendance accrue aux importations, fragilise sa sécurité énergétique et met en péril sa croissance économique. Pour inverser cette tendance, le pays devra accélérer le développement des énergies renouvelables, renforcer l’efficacité énergétique et diversifier ses sources d’approvisionnement.