La Tunisie vient de franchir une nouvelle étape dans le remboursement de sa dette extérieure en honorant un emprunt contracté auprès du Japon. Cette opération, bien que conforme aux engagements du pays, a eu un impact direct sur ses réserves de devises, suscitant des interrogations sur la soutenabilité de sa politique financière.
Le poids du remboursement sur les réserves de devises
Selon Ridha Chekondali, professeur d’économie à l’Université Tunisienne, le remboursement de 50 milliards de yens, soit environ 1,032 milliard de dinars, a entraîné une baisse significative des avoirs en devises de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Cette diminution est passée de 116 à 111 jours d’importation, mettant en évidence la sensibilité des réserves à de telles opérations financières.
Un équilibre délicat entre remboursement de la dette et préservation des réserves
Si Chekondali se veut rassurant quant à la situation actuelle, il souligne néanmoins la nécessité de maintenir un niveau de réserves suffisant pour répondre aux exigences des agences de notation et garantir la stabilité financière du pays. Fitch Ratings, par exemple, recommande que les réserves de devises dépassent 90 jours d’exportation.
Les enjeux d’une politique d’austérité
Le professeur d’économie met en garde contre les risques d’une politique d’austérité trop restrictive. Il souligne l’importance de préserver les secteurs productifs et de ne pas compromettre les capacités d’exportation du pays. En effet, une réduction excessive des importations pourrait entraver la production nationale et réduire les recettes fiscales.
Les défis à venir
Outre le remboursement de l’emprunt japonais, la Tunisie doit faire face à d’autres échéances, notamment celles liées aux prêts contractés auprès du Fonds monétaire international (FMI). Ces remboursements successifs mettent en évidence la fragilité de la situation financière du pays et la nécessité de mettre en œuvre des réformes structurelles pour assurer la soutenabilité de sa dette.
Le remboursement de l’emprunt japonais vient rappeler la pression qui s’exerce sur les finances publiques tunisiennes. Si le pays parvient à honorer ses engagements, il doit néanmoins trouver un équilibre délicat entre le remboursement de sa dette et la préservation de ses réserves de devises. La réussite de cette équation est essentielle pour assurer la stabilité économique et financière de la Tunisie à moyen et long terme.