«Le bloc de la Ligne nationale souveraine, au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a déposé un projet de loi relatif à l’amendement de la loi portant fixation du statut de la Banque centrale de Tunisie», a indiqué le vice-président dudit bloc, Abderrazek Aouidet.
Lors de la rencontre « 90 minutes avec L’IACE », organisée, mercredi, sur le thème « Qu’entend-on par l’indépendance de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) ? », Aouidette a précisé que le projet d’amendement portera, essentiellement, sur le 4e paragraphe de l’article 25 du statut de la BCT, afin d’autoriser à l’Etat à obtenir directement des crédits auprès de la BCT, sans passer par les banques commerciales.
« En fait, au lieu de rembourser ces crédits, moyennant un taux d’intérêt de 7% (4% au profit de la BCT, et 3% au profit des banques commerciales), l’Etat sera appelé à payer des intérêts de l’ordre de 4% uniquement », a expliqué le député, notant que l’enveloppe ainsi épargnée pourrait atteindre les 240 millions de dinars, un montant qui servirait à la construction de 12 établissements scolaires (écoles ou lycées).
Et d’ajouter que le projet d’amendement prévoit que les crédits à octroyer à l’Etat par la BCT ne doivent pas dépasser les seuils de 5% du PIB ou de 20% des recettes fiscales collectées durant l’année écoulée. Par ailleurs, ils doivent être remboursés dans un délai ne dépassant pas les 12 mois de la date de réception.
D’après Aouidette, son bloc propose, aussi, d’apporter un amendement à l’article 46 du statut de la BCT pour qu’il soit adapté à la Constitution de l’année 2022, laquelle stipule que le gouverneur de la BCT doit être désigné par le président de la République et non par le Chef du Gouvernement.
Critiquant ce projet d’amendement, Mohamed Saleh Souilem, ancien directeur général des politiques monétaires à la BCT, a affirmé que l’Institut d’émission tunisien doit se concentrer sur son rôle primordial, qui consiste à assurer la stabilité des prix, pour maîtriser l’inflation de manière à ne pas augmenter le taux directeur, et non sur l’octroi des crédits à l’Etat.
« Si on apporte un amendement au paragraphe 4 de l’article 25, la BCT ne pourra plus jouer convenablement l’un de ses rôles, à savoir assurer l’équilibre de la masse monétaire, puisqu’elle veille à ce que les liquidités disponibles sur le marché s’adaptent au développement de la production nationale ».
D’après Souilem, « il serait plus judicieux pour le gouvernement d’identifier des solutions adéquates et de concevoir de nouveaux mécanismes permettant de créer de la richesse et de booster la croissance du pays, afin de surmonter cette phase délicate ».
De son côté, Ghazi Boulila, membre du Conseil d’Administration de la BCT et professeur spécialisé dans les domaines financier et économique, a recommandé d’assurer une meilleure coordination entre la banque des banques et le gouvernement, en matière de politiques monétaires et financières, afin de parvenir à accélérer la croissance, tout en maîtrisant l’inflation.
« La BCT ne doit pas se contenter uniquement de la mission de maîtrise de l’inflation, elle doit assumer d’autres responsabilités relatives notamment, à l’amélioration de la croissance et à la consolidation de l’emploi en Tunisie », a-t-il noté, considérant que « nous ne sommes pas aptes à réaliser des taux de croissance importants, même si nous essayons de maîtriser l’inflation ».