• L’Etat doit mettre en place un fonds de garantie des crédits bancaires octroyés aux entreprises offshores, outre le lobbying et la prospection
• L’exonération ou l’allègement des charges sociales est la demande la plus récurrente des constructeurs tunisiens
La Tunisian Automotive Association (« TAA ») a profité de la tenue de sa 4ème Assemblée Générale Ordinaire qui s’est tenue à Tunis pour organiser un événement plus large regroupant ses membres (entreprises nationales et internationales actives dans le secteur automobile installées en Tunisie) ainsi que ses partenaires parmi les institutions gouvernementales et organisations non gouvernementales.
L’accent a été mis sur le rôle joué par la TAA tout au long de cette crise pour fédérer, fixer et plaider les besoins du secteur auprès des institutions de tutelle qu’il s’agisse de faire valider un protocole sanitaire, de faciliter l’octroi d’autorisations de travail ou la mise en place d’un fonds de soutien au secteur.
La TAA a également validé la mise à jour du Pacte pour la Compétitivité de l’Industrie Automobile en Tunisie dans la perspective de se procurer de potentielles opportunités d’investissement en se positionnant en tant que destination d’investissement privilégiée.
L’effort doit être proportionnel à la gravité de la situation
Fatma Kolsi, consultante d’EY, a fait savoir que face à cette crise, nous devons faire preuve de coopération, de créativité et l’effort doit être proportionnel à la gravité de la situation actuelle.
« Plus que jamais, nous avons besoin de solidarité et de volonté politique pour surmonter cette crise terrible », a-t-elle insisté.
Mme Kolsi a indiqué que la TAA a mené une réflexion pour faire progresser le secteur vers horizons meilleurs et ce, en initiant un pacte pour la compétitivité du secteur. Et d’ajouter : « Il est important de valoriser l’apport du secteur à l’économie nationale et de mettre en avant sa valeur réelle, la nécessité d’avoir une visibilité à moyen et long termes, travailler sur la stabilité sociale et mener à bien les réformes.
C’est pour cette raison que le pacte négocié a été mis à jour. Les priorités des engagements sont la sauvegarde des emplois et la reconversion des charges patronales pour maintenir la trésorerie à court terme ».
Vers une représentation de 26% du PIB et 12,6 milliards de dinars d’exportation d’ici 2025
Ce pacte comporte sept objectifs stratégiques à savoir le développement d’exportation et le développement d’intégration, d’investissement et de nouvelles implémentations. Fatma Kolsi a déclaré que les scénarios les plus sceptiques supputent un retour de la demande de 2019 à partir de 2026. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, il y avait un réel besoin commun de se remettre autour de la table et de se questionner sur l’avenir du secteur et la pertinence des objectifs qui ont été fixés en amant ainsi que les mesures.
L’objectif du pacte post-Covid à l’horizon de 2025 est de permettre au secteur de générer 12,6 milliards de dinars d’exportation et une représentation de 26% du PIB ».
Un réel enjeu de trésorerie
La consultante d’EY insiste sur la nécessité de faciliter l’accès à la trésorerie par la mise en place par l’Etat d’un fonds de garantie des crédits bancaires octroyés aux entreprises offshores pour les rendre « bancable » à court terme avec un accès au crédit local, outre le lobbying et la prospection, tous deux nécessaires à la survie du secteur. Elle a souligné qu’il incombe à l’Etat de bien préparer la relance.
Et ce, par l’incitation à l’investissement, l’assouplissement des démarches douanières, l’élimination de la domiciliation des factures ralentissant les exportations et de favoriser le recyclage des effectifs.
Pas de nouvelles charges sur le C.A des entreprises du secteur
Parmi les recommandations figure l’accélération du déblocage du versement de toutes les subventions aux entreprises. Outre, la demande de geler toutes les charges en particulier, pas de nouvelles charges sur le chiffre d’affaires au moins pour les mois ou pour l’année à venir.
Selon une étude menée par le cabinet EY auprès de 109 industriels employant 70.000 personnes, dont 29 entreprises de plus de 500 salariés, révèle que 32,6% de l’effectif du secteur étaient mobilisés sur la période totale du confinement et 75,4% des employés furent mobilisés à la reprise. Seulement 26 entreprises ont repris à 100% au 15 juin,
La définition de nouveaux objectifs avec les partenaires du secteur public au plus tard au second semestre de 2020
En termes de mesures et soutien de l’Etat, seulement 35,8% des industriels ont bénéficié des mesures mises en place dont 14 grandes entreprises, 17 moyennes entreprises et 8 très petites et petites entreprises.
Il est à souligner que l’exonération ou l’allègement des charges sociales est la demande la plus récurrente des constructeurs tunisiens. Pour ce qui est de la réduction des effectifs, redoutée, le cabinet EY suppute une perte de 17.500 emplois d’ici la fin de 2020 dont 85% provenant des grandes entreprises. Dans la meilleure des hypothèses, seuls 7919 employés risquent le licenciement. Près de 50% des entreprises s’attendent à une baisse des commandes de 25% à 50%.
Pour le moment, l’idée se focalise sur la concertation avec les partenaires du secteur public afin de fixer de nouveaux objectifs, afin de dégager un consensus dont les objectifs verraient le jour au plus tard au second semestre de 2020.