La crise sanitaire n’a cessé de peser lourdement sur les finances publiques. La baisse d’activité économique et commerciale et la récession économique autant de menaces qui guette l’économie nationale ont un impact direct sur les ressources budgétaires dont notamment les recettes fiscales. Selon l’état d’exécution du budget de l’Etat au terme des quatre premiers mois de l’année, le solde budgétaire s’est nettement détérioré enregistrant un déficit alarmant de 2719.8 MD à fin avril 2020 contre 1400.6 MD en mois de mars dernier, soit un écart de 1319.2 MD en un seul mois et un déficit de 1445,6 MD une année auparavant. Le bilan sera beaucoup plus lourd au cours du premier semestre et d’ici la fin de l’année 2020.
Le Chef du gouvernement s’est montré audacieux pour affirmer et se rabattre que l’Etat ne va compter sur les ressources d’emprunt extérieur pour clôturer le budget fatidique de l’exercice actuel, une gageure fort délicate à relever. Pour lui de s’adosser sur le taux d’endettement extérieur ne dépassera pas le seuil de 60% du PIB quelles que soient les conjonctures.
Or certains experts contredisent les propos d’Elyes Fakhfakh en affirmant que le taux d’endettement extérieur se situe d’ores et déjà à 71% et qu’il atteindra selon les prévisions 75% du PIB en 2020. L’agence de notation Moody’s a déjà met en garde récemment contre l’envolée du niveau d’endettement en Tunisie qui devra se rapprocher des 80% d’ici 2023 exacerbé par la pandémie du Covid 19.
Du fait et par les temps qui courent, la Tunisie ne peut plus se permettre de sortir sur le marché extérieur pour boucler son budget. Le gouvernement n’a pas de solution et n’a pas vraiment d’autre choix que de s’adosser sur le marché local et reposer sur l’endettement public, lequel dépasserait les 2,4 milliards dinars cette année. Face aux disettes des ressources propres et la frénésie des dépenses, l’équation devient de plus en plus insoluble.
Baisse de 12,6% des recettes fiscales Toujours selon l’état d’exécution du budget, les recettes fiscales sont en baisse de 12,6% au terme des quatre premiers mois 2020 à 8 286,1 MD contre 9 476,6 MD une année auparavant. Les impôts sur le revenu des personnes physiques a augmenté de 3,5% contre une baisse de 41,7% des impôts sur les sociétés creusant ainsi l’écart en matière de pression fiscale entre les contribuables réelles et les contribuables finales. Les impôts indirects ont également enregistré un repli de 13,2%.
Fléchissement de 51% des dépenses de développement
Une hausse des dépenses a été toutefois enregistrée au cours de la même période de référence atteignant 14 928,1 MD contre 10 757,9 MD en avril 2019 dont 8 592,0 MD de dépenses de gestion. Par contre un fléchissement de 51% a été enregistré dans les dépenses de développement.
La nette baisse des ressources fiscales fait que l’Etat s’orient’ vers les ressources d’emprunt notamment intérieur qui s’est soldé par un montant de 2 279,9 MD à fin avril contre 922,0 MD de ressources extérieures. Les artères se rétrécissent telle une peau de chagrin et le gouvernement Fakhfakh, sur le qui-vive aura toutes les peines du monde à colmater les brèches.