La situation économique de la Tunisie est marquée par une détérioration notable de son équilibre extérieur au cours des deux premiers mois de l’année 2025. Selon les données récentes publiées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) dans sa dernière note de conjoncture, le déficit courant du pays a connu une augmentation considérable, atteignant 1 654 millions de dinars (MD) à fin février 2025. Ce chiffre contraste fortement avec le déficit de seulement 113 MD enregistré durant la même période de l’année précédente, soulignant une dynamique préoccupante pour l’économie tunisienne.
En examinant la balance courante hors secteur énergétique, un indicateur souvent scruté pour sa capacité à refléter la performance économique fondamentale, la situation demeure alarmante. Alors qu’à fin février 2024, cette balance affichait un excédent confortable de 1 710 MD, elle ne présente plus qu’un excédent de 191 MD à la même période en 2025. Ce recul substantiel met en évidence un affaiblissement général de la position économique extérieure de la Tunisie, et ce, même en excluant la volatilité inhérente au secteur énergétique. Cette évolution suggère des fragilités structurelles plus profondes affectant la capacité du pays à générer des excédents commerciaux et de services.
L’une des causes principales de cette aggravation du compte courant réside dans l’élargissement significatif du déficit commercial. En effet, ce dernier a bondi de 3 803 MD à fin février 2024 pour atteindre 5 415 MD à la même période en 2025. Cette augmentation de 1 612 MD sur un an témoigne d’un déséquilibre croissant entre les importations et les exportations de la Tunisie. Cette situation peut résulter soit d’une augmentation des dépenses en biens et services importés, soit d’une performance moins dynamique des exportations tunisiennes sur les marchés internationaux, soit d’une combinaison des deux. Quelle qu’en soit la cause, cet élargissement du déficit commercial exerce une pression accrue sur la balance des paiements du pays.
Parallèlement à la détérioration de la balance commerciale, la balance des services, traditionnellement un point fort de l’économie tunisienne grâce notamment aux revenus du tourisme, a également montré des signes de contraction. L’excédent de cette balance s’est établi à +3 023 MD à fin février 2025, contre +3 177 MD un an auparavant. Bien que l’excédent demeure positif, ce léger recul de 154 MD vient atténuer les effets bénéfiques des recettes générées par le tourisme et les autres services exportés. Cette tendance pourrait indiquer une compétitivité accrue des destinations concurrentes ou des facteurs conjoncturels affectant les secteurs clés des services tunisiens.
En conclusion, les données de la Banque Centrale de Tunisie pour les deux premiers mois de 2025 révèlent une pression grandissante sur les équilibres extérieurs du pays. La progression rapide et significative du déficit courant, conjuguée à une performance moins robuste de la balance des services et à un creusement du déficit commercial, soulève des préoccupations légitimes quant à la capacité de la Tunisie à financer ses besoins en devises. Cette situation pourrait nécessiter des mesures économiques urgentes visant à stimuler les exportations, à rationaliser les importations et à renforcer la compétitivité des secteurs clés afin d’éviter un recours excessif à l’endettement extérieur ou à une dépendance accrue à l’aide internationale. L’évolution de ces indicateurs au cours des prochains mois sera cruciale pour évaluer la trajectoire économique de la Tunisie en 2025