Le Festival International de Hammamet : un demi-siècle au service de l’Art et de la culture

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Conçu par Paul Chemetov au cœur du verger édénique de Dar Sebastian dans une architecture respectant les origines grecques du théâtre en plein air et ajoutant une pointe de style Elisabéthain,

le théâtre inauguré à Hammamet en 1964 par le premier président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, a été durant cinquante ans un des piliers incontournables de la vie artistique en Tunisie. Haut lieu de représentations de spectacles reconnus ou pépinière de talents en tous genres, il a vu défiler sur sa scène des artistes de divers horizons. Tous les arts de la scène se sont succédé avec, toujours, autant de succès.Cet espace était à l’origine destiné aux représentations théâtrales. Au fil des 49 dernières sessions, les orientations se sont multipliées, ce qui a engendré des programmations très variées. Il y a eu certes du théâtre, avec de grands noms de la scène tunisienne comme Aly Ben Ayed, Ezzedine Madani, Ezzedine Gannoun, Fadhel Jaïbi, Fadhel Jaziri, Raja Farhat, ou d’autres, venus d’ailleurs, comme Roger Planchon et Jean-Marie Serreau. Le ballet a également été à l’honneur avec Maurice Béjart, la troupe Inana et des ballets populaires de divers pays. La musique et le chant ont eu la part belle durant toutes les sessions. Des vedettes nationales et internationales ont illuminé des dizaines de soirées inondant leurs publics de sensations allant de la fascination à l’extase. Ainsi on a pu goûter aux prestations d’Enrico Masias, Ute Lemper, Mikis Theodorakis, Miriam Makeba, Sabeh Fakhri, Marcel Khalifa et, plus récemment, à celles de Cesaria Evora, Dee Dee Bridgewater, Victoria Abril, Emir Kusturica, Demis Roussos et Tina Arena. Les artistes africains ne sont pas en reste : Anouar Brahem, Saber Rebai, Sonia Mbarek, Slah Mosbah, Lotfi Bouchnak, Nes el Ghiwane, Idir, Cheb Khaled, Didier Awadi et Doudu Ndiaye Rose

Michel Giliberti, artiste peintre
Michel Giliberti« On ne fabrique pas un tableau, on le vit ».
Michel Giliberti est un artiste peintre, photographe et écrivain. Il a écrit plusieurs romans, un recueil de poésie et une pièce théâtrale .On le connaît moins comme chanteur dans les années 70 avec des tubes comme Monsieur Crack, Elle vivait pour l’amour, Je te regarde dormir, Il y a chez elle, et Si tu veux me connaître. .EFESTO-Salon des Artistes a accueilli le travail de Michel qui n’avait plus exposé en Tunisie depuis 2005 et dont l’univers si particulier, si puissant enrichit les collections du monde entier.cet artiste généreux et discret reste difficile à cerner en quelques mots et quand vous lui demandez ce qui pourrait le définir le mieux, il répond par une boutade « Je suis un poète pacifiste en guerre ».À n’en pas douter…

Voulez-vous nous évoquer votre style Quelle est votre technique picturale?
Ma technique est celle, classique, de la peinture à l’huile sur toile ou sur bois et de ses glacis superposés.

Vous essayez d’emprunter à la pensée extrême-orientale le concept de la complémentarité des contraires : le yin et le yang, le positif et le négatif, l’ombre et la lumière ?
J’ai souvent peins des visages dont le double en fond de tableau donne l’expression contraire de celle affichée en premier plan, mais en dehors de montrer le yin ou le yang, comme l’avait écrit une journaliste française, c’est surtout un besoin de montrer notre complexité permanente qui oscille entre vérité et mensonge, courage et peur, lumière et ténèbres. C’est un thème récurant chez moi. J’essaie toujours de mettre en lumière la psychologie des êtres fragiles que nous sommes.


*Comment qualifieriez-vous vos œuvres ?

C’est très difficile de qualifier un travail qui, bien que très attaché au message que je viens de décrire est en permanente mutation… mais pour tenter de le faire je dirais que je m’attache à faire en sorte qu’une toile ne parle pas à tout le monde, mais à chacun. Depuis des décennies, j’entends toujours, lors de mes vernissages, les confessions de ceux qui me livrent leur émotion face à mes tableaux. Ils me parlent du malaise qu’ils leur procurent parfois, du voyage personnel qu’ils déclenchent. Leur interprétation est souvent très émouvante et tous s’approprient le message de mes toiles. C’est très gratifiant pour un artiste de créer l’émotion plutôt que la simple et souvent convenue satisfaction devant un travail d’artiste. Je détesterai entendre dire « Comme c’est beau, quelles magnifiques couleurs ! »… tout cela est si facile. Non, les gens me parlent d’eux, se confient, m’émeuvent terriblement, car je suis à leur écoute depuis toujours. C’est une passion chez moi. J’aurais peu avoir un cabinet de psy. Rien n’est plus passionnant que le voyage humain.

Qu’aimeriez-vous transmettre à ceux qui admirent vos œuvres?
Cette question est directement liée à ce que je viens de vous dire, j’aime que mes tableaux parlent à ceux qui les regardent et réveillent en eux la complexité enfouie de tous leurs mécanismes émotionnels au point de s’approprier une version toute personnelle de mon travail.

*Une toile, est-ce un morceau de votre vie ?
C’est à la fois un peu plus simple et plus compliqué que cela… Comme je peins en permanence, c’est la peinture dans son ensemble qui est ma vie, mais pendant les deux ans à peu près nécessaires à chaque nouvelle expo, il est évident que le thème qui s’impose à moi, cette recherche si particulière de la création s’inscrit dans ma mémoire et ainsi, chaque tableau de ces périodes me replace dans ces temps de création.

*Comment interpréteriez-vous la célèbre phrase de Picasso, « Je ne cherche pas, je trouve » ?
Je l’ai faite mienne depuis toujours ignorant même, au départ, qu’elle était de lui… c’est dire. Aucune phrase ne me semble plus appropriée à ma pensée. Je ne me suis jamais tracassé à chercher ce que je dois faire, créer, vivre… arrive le moment où, comme dans un livre ouvert tout est clair, lisible, évident. J’ai trouvé ! C’est ainsi depuis l’enfance. Je ne me tracasse pas en matière de création, jamais ! ça vient tout seul quand il le faut et jusqu’à présent l’inspiration, capricieuse pourtant, ne se défile pas… idem pour mes romans, la page blanche ne m’inquiète jamais.

L’influence de la Tunisie se ressent toujours, aussi bien dans son écriture poétique que dans certaines de ses toiles. Qu’en pensez-vous ?
On ne peut absolument pas se détacher des lieux où vos yeux se sont ouverts, même si l’on s’accorde la liberté de se projeter ailleurs. Comment rejeter en bloc des souvenirs si tendres et si heureux de l’enfance quand on sait que ces derniers sont nés aussi, en dehors de l’amour de vos parents d’un environnement qui a participé de votre éducation ? D’ailleurs je viens tout juste de publier un livre qui parle de toutes ces années bénies et qui s’appelle «Maintenant je suis p’tit » aux éditions Arabesques. C’est mon dixième roman.

Lorsque vous commencez une toile, avez-vous une idée précise de l’aboutissement souhaité?
J’ai une vague idée de l’impression que j’aimerais lui voir projeter sur moi. Je n’y réussis pas forcément, mais toujours par instinct je sais donner à ma toile de quoi me livrer quelque chose qui d’ailleurs se révèle à moi, parfois des années après son exécution…et quand une toile me livre quelque chose, elle le livre au public. On ne fabrique pas un tableau, on le vit.

Qu’aimeriez vous que les gens ressentent en regardant vos œuvres?
Tout ce que je vous ai plus ou moins décrit et qui tourne essentiellement autour du ressenti. J’aime que devant mes tableaux on se pose des questions directement liées à l’émotion et pour cela, la première approche que je livre est volontairement esthétique avant qu’elle délivre dans un deuxième temps l’égratignure, la fêlure… la réflexion.

Quels sont les artistes qui vous inspirent?
Aujourd’hui aucun, même si j’en admire beaucoup d’entre eux. Cependant, ceux qui ont déclenché ma passion pour la peinture, et ce, dès l’âge de onze ans, sont essentiellement les peintres de la Renaissance italienne.

A votre avis, les artistes ont-ils un rôle spécifique dans la société d’aujourd’hui?
Ils sont les témoins d’une société. De tout temps, ce qui reste d’une culture, d’un peuple, se trouve dans les musées, les bibliothèques. J’ajoute qu’ils sont souvent de véritables guerriers et des humanistes à la fois. Moi, du reste je me suis toujours considéré comme tel et mes sujets picturaux portent souvent la marque de mes opinions politiques, de mes valeurs morales et de mon goût pour la justice et la paix dans ce monde qui devrait réunir nos énergies plutôt que de les diviser.

Michel où pouvons-nous vous découvrir prochainement?
Ecoutez, je n’en sais rien du tout, en dehors de mon souhait de continuer à travailler avec Michela de la galerie Efesto avec qui le fluide passe bien ainsi que l’énergie nécessaire pour se battre et durer dans un pays fragilisé par sa révolution dont il faudrait cesser d’en minimiser la portée. On ne réduit pas un phare qui a éclairé le monde arabe et stupéfié le reste de la planète, à une simple veilleuse à cause de quelques mauvais électriciens. En tout cas, moi je me battrai pour que cela ne se produise pas. Donnez moi le pouvoir d’une chronique par semaine et vous verrez… Ecrire est ma plus grande passion, avant même celle de la peinture et croyez-moi, sur la Tunisie, il y a matière à écrire. Personnellement elle est le terreau de ma poésie et la poésie est ma seule arme.

Kamel Bouaouina

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