Les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les pressions inflationnistes freinent la reprise de l’économie mondiale, a déclaré mardi le Fonds monétaire international (FMI), qui a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis et la Chine entre autres.
Dans ses nouvelles perspectives économiques, présentées à l’occasion de ses réunions d’automne, l’organisation internationale dit tabler désormais sur une croissance mondiale de 5,9% cette année, contre 6,0% prévu en juillet. Il maintient sa prévision 2022 à 4,9%.
« Cette révision modeste masque toutefois d’importantes dégradations pour certains pays », souligne le FMI. « Les perspectives du groupe des pays en développement à bas revenus se sont considérablement assombries en raison de l’aggravation de la dynamique de la pandémie. La dégradation reflète aussi une détérioration des perspectives à court terme pour le groupe des économies avancées, en partie à cause des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. »
L’activité industrielle mondiale souffre depuis plusieurs mois de pénuries de composants tels que les semi-conducteurs, de l’engorgement des installations portuaires, d’une pénurie de porte-conteneurs ou encore d’un manque de main-d’oeuvre dans certains pays. Et cette situation nourrit la hausse des prix dans les pays les plus riches.
Le FMI estime que l’inflation devrait retrouver dès l’an prochain son niveau d’avant la pandémie mais il met en garde contre le risque de voir les perturbations des chaînes d’approvisionnement favoriser un désancrage des anticipations d’inflation.
La révision à la baisse de ses prévisions concerne en premier lieu les Etats-Unis, pour lesquels il ne table plus que sur 6% de croissance cette année, contre 7% en juillet.
Et la reprise de la première économie pourrait être encore freinée, souligne le FMI, car ses prévisions supposent que le Congrès approuve avant la fin de l’année les projets de dépenses budgétaires de 4.000 milliards de dollars (3.460 milliards d’euros) sur dix ans de l’administration Biden.
Or républicains et démocrates tentent actuellement de s’accorder sur une diminution de cette enveloppe, ce qui pourrait freiner la croissance des Etats-Unis comme de leurs principaux partenaires commerciaux.
ALERTE SUR LE « GRAND FOSSÉ DES VACCINS »
Pour l’Allemagne, le Fonds table désormais sur une croissance de 3,1% cette année, soit un demi-point de moins qu’en juillet, et pour le Japon, il ne prévoit plus qu’une expansion de 2,4% contre 2,8%.
En France, la croissance devrait atteindre 6,3% en 2021, un demi-point de plus qu’attendu il y a trois mois, une prévision très proche de celle – revue à la hausse lundi – du gouvernement (6,25%).
La prévision pour la Chine, deuxième économie mondiale, n’a été réduite que de 0,1 point à 8%, le FMI évoquant un déploiement plus rapide qu’anticipé des investissements publics.
Le FMI met par ailleurs en garde contre la divergence des trajectoires économiques, amplifiée par ce qu’il appelle « le grand fossé des vaccins », les pays à bas revenus, dont 96% de la population ne sont pas encore vaccinés, s’exposant à une période prolongée de croissance plus faible, et donc à une aggravation de la pauvreté.
« Quelque 65 à 75 millions de personnes supplémentaires devraient se trouver en situation d’extrême pauvreté en 2021 par rapport aux prévisions d’avant la pandémie », explique-t-il, ajoutant que les pays à bas revenus ont besoin de 250 milliards de dollars supplémentaires de dépenses pour combattre le COVID-19 et renouer avec la trajectoire de croissance d’avant-crise.
L’activité économique dans ces pays devrait être l’an prochain inférieure de 6,7% à son niveau d’avant la pandémie, alors que celle des pays avancés serait supérieure de près de 1%, estime le FMI.